2- Commencement de l'enfer (à l'école).
Il y a tellement de facteurs à la dépression: tous différents selon les gens. Chacun a sa façon de vivre la situation. Pour ma part, j'ai toujours nié, ignoré et minimisé l'importance de mes problèmes.
J'ai toujours été une personne stressée et anxieuse. Je cherchais toujours à bien faire, sans échecs, sinon je me dévalorisais sans vergogne. Cette intransigeante envers moi dû à ma sensibilité et mon empathie pour les autres, affaiblissait ma confiance en moi. J'étais une éponge à sentiments, sans cesse à refouler mon propre corps, à torts et à travers. Hypersensibilité détectée, avec le temps et grâce à des documentaires ainsi que la phobie scolaire, et en y réfléchissant, je comprends mieux certains de mes agissements passés.
Dès l'école primaire, les problèmes avaient commencé. Des problèmes qui pourraient passer comme enfantins mais qui en réalité marquent, parce qu'il n'y a pas plus méchants que les enfants entre eux, tout laisse des traces. À cette époque, il y avait déjà la mode des groupes d'amis, il y avait ce groupe de filles avec un chef à la tête du groupe. Il fallait répondre aux critères de cette cheffe pour faire partie de sa meute, je me battais pour être avec elles. Pourquoi ? Pour me sentir aimée, même si je me faisais piétiner, il fallait que je me sente aimée. Illusions. Un jour je pouvais faire partie du groupe parce que j'avais de jolies bottes et le jour d'après je pouvais n'être qu'une merde parce que je n'avais jamais été jolie à leur goût, ou trop grosse alors qu’à cette époque je n’avais pas encore de rondeurs. Ce fut un de mes premiers traumatismes, et ma mère se battait déjà pour que je cesse de vouloir être aussi stupide que ces filles, me réconfortant en disant j'étais belle et que je ne méritais pas de souffrir. À cette époque, et sûrement à cause de cette histoire, je me dévalorisais déjà, je me détestais déjà. Mais je n'avais pas conscience que ça allait me fragiliser au point de me souvenir de tous les détails de ces années.
Puis j'ai perdu mon grand-père paternel en fin d'école primaire. Je n'avais jamais pensé au fait que j'allais pleurer pour lui. Après tout, je n'avais jamais été très proche de lui. Mais je pense que je n'avais pas le même rapport à la mort et à la maladie que maintenant. Pendant plus d'un an, j'allais le voir dans différents hôpitaux. Une année pendant pendant laquelle je l'ai vu se dégrader physiquement, dévoré par la maladie, qui se généralisait dans tout son corps. Ma dernière vision de lui reste ancrée dans ma mémoire parce qu'elle était déchirante. Il a été emporté par la maladie en 2011 après avoir énormément souffert sans vouloir l'admettre, j'étais en CM2 et toujours dans le combat de me faire accepter par les filles «populaires», toujours en combat avec moi-même.
Arrivée au collège, ce fut loin d'être une partie de plaisir. Je travaillais énormément, parce que j'ai toujours été très travailleuse. Malgré tous mes efforts, je n'étais pas parmi meilleurs élèves et par conséquent je me dévalorisais encore. Je me mettais toujours la pression alors qu'en vérité j'étais une bonne élève, sérieuse et agréable bien que beaucoup trop discrète par manque de confiance. Les collégiens étaient immatures, ils savaient frapper où ça faisait mal. Alors pendant les années de collège, j'ai eu le droit au harcèlement moral, mon physique ne plaisait pas, j'étais trop grosse et trop moche pour eux. Ensuite je n'étais qu'un pot de peinture, une trans aussi ou encore une suceuse, pardon du terme, parce que j'avais fini par n'être qu'avec des garçons en ayant trop marre de m'en prendre plein la gueule par les filles qui insultaient et faisaient des histoires sans cesse à mon sujet, alors que je ne demandais qu'à être tranquille et à être aimée parce que je le méritais.
Les relations dans mes deux lycées différents furent pareilles, des relations toxiques avec des gens toxiques et instables pour la plupart mais j'étais la gentille amie, le gentil toutou, la fille qui n'ouvrait pas sa gueule pour dire ce qu'elle pensait quand on l'écrasait alors qu'elle possède un gros caractère. Toujours pas confiante et de plus en plus complexée par ce corps si ingrat à mes yeux et cette capacité intellectuelle des plus normales, mais qui pour moi ne représentait qu'un ramassis de merde. Alors oui j'ai eu mon bac littéraire, au rattrapage, un échec pour moi parce que j'aurais été fière de moi si je l'avais eu dès la première fois, mais je suis une éternelle insatisfaite et vu tout le travail fourni, pour moi c'était un réel échec. Je n'ai pas voulu continuer les études après le bac, tout simplement parce que je ne me voyais plus dans les études et je ne savais plus ce que je voulais faire depuis le collège, alors il était inutile de faire payer quoique ce soit à mes parents pour au final ne rien faire. Et puis je me sentais déjà trop épuisée mentalement pour être capable de suivre des études.
Mais il n'y a pas que du négatif, j'ai néanmoins trouvé de vrais amis, et pour être honnête, c'est avec des personnes avec qui je n'aurais jamais pensé être amie qui sont à mes côtés encore aujourd'hui, les liens en sont d'autant plus forts parce que certaines personnes étaient là, indirectement, depuis longtemps sans que je m'en sois rendue compte avant.
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