Le Rendez-vous du Notaire
L’aigle, haut perché – et dont les ailes effleuraient presque la lueur de la lune –, surveillait le manoir perdu au cœur de la campagne française. L’horloge de la tour sonnait, lente et solennelle – chaque coup résonnant comme une accusation – les douze coups de minuit, l’heure des ombres et des secrets non avoués. L’intérieur, éclairé parcimonieusement par des chandelles – dont la lueur vacillante faisait danser les ombres sur les murs –, respirait une mondanité discrète : tableaux d’ancêtres, tapis venus de contrées lointaines, meubles en bois sombre – richement ornés. La pièce principale, grande et si accueillante d’ordinaire, était désormais le théâtre d’un drame – au beau milieu du sol carrelé, la preuve, une flaque sombre et étincelante.
Un homme y gisait, dans un éclat macabre, son visage, autrefois serein, désormais déformé par une expression de terreur. Sur la table voisine, un ragout – dont l’arôme autrefois alléchant se mêlait maintenant à une odeur métallique – témoignait d’une soirée interrompue brusquement.
À l’entrée, un autre homme – vêtu d’une robe de chambre d’une élégance discrète –, ses yeux cherchent des réponses dans cette scène chaotique – se pandiculait, tentant de calmer ses nerfs tendus. M. Delaunay, car c’était bien lui, le notaire respecté pour son intégrité, ressentit soudain – comme une distraction indésirable dans ce moment de crise – un prurit insistant à l’arrière de sa nuque. Il se gratta, tentant désespérément de se synchroniser avec la réalité tragique qui se déroulait devant lui.
— Que s’est-il donc passé ici ? murmura-t-il, ses yeux, soudain alertes, captant quelques grains de pollen éparpillés, victimes collatérales d’une lutte.
La victime, ce riche industriel au passé mystérieux, devait, ce soir-là – dans le secret de ces murs –, rencontrer le notaire pour une transaction confidentielle. Mais le destin en avait décidé autrement. Autour du cadavre, des documents étaient éparpillés – souillés par d’étranges marques d’encre.
Pris d’une soudaine intuition, Delaunay – revivant le moment où il avait franchi le seuil – se souvint : il avait aperçu, à travers la fenêtre ouverte, une silhouette, furtive, avec la démarche précise et silencieuse d’un aigle chassant dans la nuit.
Minuit avait sonné. Et avec elle, une enquête, aux ramifications insoupçonnées, était sur le point de commencer. Le notaire, homme de loi et de devoir, était déterminé à découvrir la vérité.
Annotations
Versions