Froid et Feu, le Chant des Cieux

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Silhouette éthérée dans la blancheur immaculée, Ayasha avançait. Ombre contrastée, elle se découpait sous un ciel figé. Sous ses pas, la neige chantait, craquait, fredonnait. Le vent grondait à son passage, tressait ses cheveux sombres de caresses glacées, fils de soie tissés par le froid. Les derniers éclats de soleil, capturés dans ses prunelles ambrées, s'éteignaient ; autour d’elle, tout se figeait. A travers les arbres dénudés, la nature dentelière tissait de délicats filigranes de givre, une œuvre éphémère entre les doigts glacés de l’hiver. Dans la transe hivernale et les flocons en suspens, le froid se fit mordant.

La montagne, impassible, s'étirait à perte de vue, labyrinthe de crêtes et de vallées. Les sommets couronnés de blanc, sculptés par les vents et les années, par des glaciers ayant rongé la pierre jusqu’à la faire saigner. La brume, complice, enlaçait la cime de ce monde pris dans un rêve glacé. Au loin, le ciel s’assombrit, alourdi par des nuages gris, promesses de tempête.

Elle, l’immortelle condamnée, errait sans fin, sans espoir, une âme maudite, perdue pour l’éternité. La solitude, son fardeau, martelait de mélancolie les battements d’un cœur brisé. Sans trace, sans destination, portée par l’infini dans une quête d’indéfini, un espoir perdu dans ses pérégrinations.

Dans l’Ether tourmenté, les gardiens de ces monts. Féroces dragons, aux écailles d’acier, leurs ailes déployées déchiraient les vents déchaînés. Leurs corps agiles serpentèrent avec grâce dans les nuages. Ils miroitaient sous les derniers rayons du soleil, scintillaient comme mille éclats de feu et d’argent. L’un d’eux plongea en piqué, fendit l’air avec vélocité. L’atmosphère crépitait, chargée d’électricité. Quand Fureur des Tempêtes, atterrit devant Ayasha, la terre en trembla. Il se dressa là, et lentement, Ayasha s’avança.

Elle tendit la main, effleura son nez. Instant suspendu entre le fracas du monde et le silence de l’éternité, le dragon, en réponse, ferma ses yeux incandescent. Puis, dans un souffle profond, il exhala une brume légère, une salutation, bénédiction venue des cieux. Elle sentit cette caresse jusqu’à son âme.

Le dragon redressa alors la tête, ses ailes se déployèrent avec la même majesté qu’à son arrivée. D’un bond puissant, il s’éleva de nouveau dans le firmament, se fondant dans la tempête qu’il avait amenée, ses écailles se dissipèrent dans la grisaille, comme si son passage n’avait été qu’un rêve. La montagne redevint silencieuse, mais Ayasha savait que ce moment de grâce resterait gravé en elle, à jamais.

Le murmure d’une rivière, le courant discret, presque invisible sous une fine couche de glace. L’eau, vive et claire, vestige d’un temps où la nature n’était pas encore soumise à l’hiver éternel.

Enfin, au détour d’un dernier arbre, son refuge apparut. Une petite cabane en bois sombre, presque invisible contre le manteau neigeux, se dressait au pied d’un rocher. Une légère fumée s’échappait de la cheminée, signe que le feu l’attendait, fidèle gardien de ses nuits solitaires. Elle poussa la porte en bois ; ses gonds crissèrent, et elle entra. Au centre de la pièce, une simple chaise de bois attendait, seule dans cet espace silencieux. Ayasha s’y installa, laissant ses paupières lourdes se fermer.

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