Ma fille et moi nous partons.
Adieu Nantes, Adieu le béton.
Nous avons chargé nos affaires dans nos sacs à dos, que nous avons pesés pour qu'ils ne dépassent pas les 15 kilos.
Nos chaussures de marche aux pieds, nous partons.
Finis les réveils le matin à 7h20, maintenant nous nous lèverons quand nous le déciderons.
"Il n'y a que l'homme blanc pour avoir besoin de l'heure pour lui dire quand il a faim"
Les Indiens avaient raison.
Nous, les occidentaux, sommes des gros cons.
Ma fille et moi, nous partons vers d'autres horizons.
Armées de nos cartes et de nos guides papier, nous nous cassons.
Marre du béton
Marre de la circulation.
Armées de nos bâtons de pélérins, nous partons vers Compostelle.
Nous descendrons jusqu'en bas et suivrons la voie du Nord.
Nous longerons la mer, pour changer de décor.
Marre de voir tous les jours ce con de béton.
Nous continuerons par la campagne en floraison.
Nous marcherons, et nous lirons.
Encore et encore, comme Henry David Thoreau
Nous réfléchirons, nous penserons, nous nous amuserons.
Nous marcherons encore et encore.
Nous userons nos semelles, nous parlerons de ce qui ne nous manque pas.
Nous rirons de nos déconvenues et souriront aux inconnus.
Car demain, nous partons.
Quand nous auront fini Compostelle, nous remonterons.
Nous longerons les 2000 kilomètres de côte bretonne pour rentrer à la maison.
Et si on ne veut plus rentrer, alors nous continuerons.
Nous marcherons sur les 6500 kilomètres de la muraille de Chine.
Encore et encore nous marcherons sans courber l'échine
Fière de notre décision.
Nos pieds seront usés mais nous nous en ficherons.
Nous serons sans attache, sans pression.
Le monde sera doux et l'accueil des gens gentil.
Le monde sera bienveillant et nous serons bénies.
Ma fille et moi, nous partons.
Je la porterai à bout de bras si elle a trop mal aux pieds.
Je l'ai portée neuf mois dans mon ventre, elle ne m'a jamais quittée.
Depuis dix ans, je la porte et grâce à elle, je grandis.
Viens, ma fille, partons.
Allons marcher là où nous le désirons.
La vie n'a pas de sens alors qu'importe la direction,
car toi et moi, ensemble, nous marcherons...