Chapitre 6
Le lendemain était le septième jour de la semaine. Celui ou les chrétiens glorifient Dieu. Martin prit place à l'avant-dernier rang de l’église pour être à l'abri de la vue des gens qui se rendaient à la messe. “La belle fille viendrait sans doute” espérait-il, mais il ne la vit guère. La messe débuta, il pria, demanda au seigneur de l’aide et souffrait de penser que la fille ne reviendrait peut-être jamais à Saint-Laurent.
Le prêtre bénissait la foule, l’office prit fin. La coutume du garçon était de quitter l’endroit avant la fin du chant final afin de s'épargner les regards, les bonjours et les discussions hypocrites de tous ces gens à qui il n’avait rien à dire. Le parvis était encore vide. Il s’allumait une nouvelle cigarette avant de reprendre le chemin vers son petit appartement.
- Blanche
Martin n’avait pas oublié une seule des notes de cette si jolie voix. Il se retourna. C’était elle. Elle s’appelait donc ainsi
- Martin, se présente alors le garçon.
L’un comme l’autre rougissaient de timidité. Comme la veille, l’intensité du moment ôta de leur bouche tout son.
- Je craignais de ne plus vous voir à Saint-Laurent, osait Martin
- Alors vous m’attendiez ?
- Oui.
- Je me mets souvent au tout dernier rang, je n’aime pas trop me fondre dans cette foule répondit la jeune fille.
Elle semblait, en effet, partager la misanthropie de Martin.
- Ainsi, cela n’est-il pas raisonnable de se voir ainsi, on risquerait de devenir comme eux.
Dans la bouche de Martin “eux” signifiaient toujours ces gens odieux préoccupés par leur popularité, leur fiche de paye et leur mondanité. Banche semblait comprendre son langage
- Absolument, assurait-elle. Mais je ne parviens pas à lutter contre l'envie de prendre ce risque
- Moi non plus.
Le chant final terminait. Les deux amoureux n’avait, pour échappatoire, que le café d’en face, sans quoi il leur faudrait affronter la foule qui était venue prier le ciel. Il s’y installèrent pour 30 minutes, ils y restèrent toute leur vie.
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