41. Le dernier soir des amoureux

8 minutes de lecture

Clothilde


Je suis en pleine préparation du dîner avec Marguerite lorsque mon père entre dans la maison comme s’il avait le feu aux fesses. Autant dire que nous sursautons toutes les deux au point que je manque de renverser la marmite que je venais de prendre entre mes mains.

— Un groupe de Vikings arrive, Clothilde, il faut que tu te caches.

Mon cœur s’emballe un instant et mes mains tremblent lorsque je dépose notre repas sur la table. Sans un mot, je récupère une miche de pain, quelques fruits que j’emballe, et vais embrasser mon père, mes frères et ma sœur.

— Faites attention à vous. Isolde, ne t’énerve pas même si tu en as envie, sinon ils pourraient t’emmener, tu comprends ? On se revoit bientôt.

— Tu vas te cacher où ? me demande Runolf. Einar voudra savoir quand il va venir tout à l’heure.

— Einar est trop curieux, souris-je. Il y a un abri, quelque part dans la forêt. Il ne le trouverait pas même s’il le cherchait, je pense, et je n’ai pas le temps de t’expliquer où ça se trouve précisément. Prends soin d’eux, le Viking.

Je dépose un baiser sur sa joue avant de faire de même avec Marguerite, et file récupérer ma cape dans ma chambre. J’entends déjà les pas des chevaux approcher et choisis de sortir par la fenêtre qui donne sur l’arrière de la ferme plutôt que de prendre le risque d’être vue.

Je longe la maison et jette un coup d'œil à l’avant. Constatant que les hommes entrent déjà dans la cour, je me dépêche de partir, traversant l’une des prairies des vaches pour m’engouffrer dans la forêt qui jouxte l’un des côtés de la ferme. Je ne suis pas peureuse, mais me retrouver seule en forêt n’est pas ce que je préfère, et j’essaie de me repérer au mieux pour rejoindre la petite cabane construite il y a des années par un groupe de jeunes du village. Elle ne paie pas de mine, mais je serai au moins un peu à l’abri de la fraîcheur nocturne ou de la pluie, si jamais elle devait arriver.

Il me faut une grosse heure de marche à bonne cadence pour tomber dessus. Je passe outre les toiles d’araignée et l’odeur d’humidité, prends quelques secondes pour déblayer un peu la terre de ses cailloux et m’installe confortablement. Le temps risque d’être long ici, mais je compte bien rejoindre Einar d’ici peu malgré les risques. Si la cabane est plutôt éloignée de la maison, elle n’est pas très loin du lieu où nous nous donnons rendez-vous quotidiennement. Il y a peu de chance pour que je tombe sur le groupe qui me recherche tant la forêt est dense, ce qui me rassure quelque peu.

Lorsque j’arrive au point de rendez-vous, Einar n’est pas encore là et je m’installe à l’abri d’un arbre, attentive à tous les bruits qui m’entourent. J’essaie de maintenir ma concentration sur tout ceci, mais je ne suis pas du genre à rester sans rien faire et l’ennui me ronge déjà. La journée a été longue et je suis fatiguée, mais surtout persuadée que je pourrais m’endormir si je relâche mon attention quelques secondes. Chose qui n’a pas le temps de se produire puisque j’entends des branches craquer et une nuée d’oiseaux s’envoler.

Je me redresse et observe le coin d’où proviennent ces bruits malgré la pénombre, quand je reconnais la large et haute silhouette de mon Viking. La nuit n’est pas très éclairée, ce soir, et elle est vite tombée. Je sais que je vais peiner à retrouver mon chemin dans la forêt, mais je ne voulais pas manquer ce moment.

— Pas très discret, le Viking, ris-je en approchant. Je t’ai entendu arriver de loin.

— Pas très prudente, la Normande. Et si c’était les hommes de Bjorn qui arrivaient ? me répond-il en souriant avant d’ouvrir les bras pour m'y accueillir.

— J’aurais pu m’enfuir depuis un petit moment, tu sais ? Ils n’auraient même pas su que j’étais là, lui rétorqué-je en me lovant contre lui.

Je frissonne en sentant sa chaleur m’envelopper et savoure ce contact des plus agréables. J’ai à peine le temps de lever la tête dans sa direction que sa bouche capture la mienne. Ses grandes mains recouvrent mes reins avant de partir se promener dans mon dos, et un nouveau frisson me parcourt des pieds à la tête quand l’une d’elles s’accroche à ma nuque pour approfondir ce baiser chaud, humide et conquérant. Je suis d’ailleurs à bout de souffle lorsqu’Einar libère mes lèvres et son sourire appelle le mien.

— Sais-tu où ils en sont dans leurs recherches ?

— Oh, ils ne vont plus chercher bien longtemps, tu sais. Tu seras bientôt libre comme l’air, Clothilde, me répond-il un peu tristement.

— Le départ est annoncé ? C’est pour quand ?

Il hésite un instant à me donner l’information mais finit par s’y résoudre et je peux lire sur son visage toutes les émotions qui s’y inscrivent : colère, résignation, tristesse.

— Nous partons demain, en milieu de matinée, finit-il par me dire, détournant ses yeux, incapable d’affronter mon regard en cet instant qui semble le déchirer.

Mon coeur fait la même embardée que quelques heures plus tôt, mais pas pour les mêmes raisons. C’est donc notre dernière soirée ensemble et je comprends mieux son comportement. Je devrais me réjouir de savoir que les Vikings vont partir et nous laisser reprendre le cours de nos vies et, honnêtement, je le suis un peu. Ma famille va pouvoir de nouveau respirer, Maïeul va nous rejoindre, c’est une bonne nouvelle. Mais ce quotidien appelle un avenir qui ne me plaît pas du tout. Me marier avec Thibault… Ne plus revoir Einar… Je ne suis pas prête pour tout ça.

— Eh bien… c’est rapide, soufflé-je en nichant mon nez contre son torse. Tu dois être content de pouvoir retrouver ta mère et ton chez-toi…

— Je n’ai pas le choix, indique-t-il sobrement. Et… non, je ne suis pas content. Nos soirées ensemble vont me manquer. Tu vas me manquer, ajoute-t-il en caressant doucement mes cheveux.

Comment un homme à la carrure si imposante et virile peut-il être si doux et tendre ? On est bien loin de l’image d’un barbare, à cet instant.

— Passe la nuit avec moi, lui dis-je sans réfléchir. Viens là où je me cache, s’il te plaît… Profitons des dernières heures qu’il nous reste.

— Je ne crois pas que ce soit une bonne idée. Je… tu es trop belle pour que je puisse résister.

Je me mordille la lèvre, soudain nerveuse, et ferme les yeux en inspirant profondément. Je ne devrais pas, je le sais… mais être avec lui, c’est être moi, juste moi…

— Qui te dit que je veux que tu résistes ? Viens, Einar, s’il te plaît…

— Je te suis, susurre-t-il à mon oreille avant de m’embrasser à nouveau avec une force et une passion qui réveillent en moi tous mes désirs.

J’attrape sa main, un sourire niais sur le visage, et le guide dans la forêt. La nuit est vraiment sombre et rend le trajet plus long qu’à l’aller, mais nous arrivons finalement devant le cabanon. Einar est obligé de se pencher pour passer l’entrée et je ne peux m’empêcher de rire en le voyant se recroqueviller sur lui-même pour me suivre.

Je réinstalle la couverture que j’avais rangée pour éviter qu’elle prenne trop l’humidité et m’assieds, rapidement rejointe par mon Viking. Bizarrement, les lieux me semblent encore plus petits lorsqu’il s’y trouve, et j’imagine que c’est l’effet Montagne qui veut ça.

Ce soir, je n’ai pas envie de réfléchir. Je veux juste vivre, et c’est pourquoi je me retrouve rapidement à genoux entre ses jambes, mes bras autour de son cou, mes lèvres sur les siennes. Notre dernière soirée… Je ne veux pas perdre une seule seconde de lui, de ses caresses, ses attentions, ses soupirs et grondements. J’ai envie de me perdre contre lui, de ne rien regretter de ces moments passés ensemble. Einar s’est toujours montré respectueux avec moi et quand bien même je ne devrais pas aller aussi loin avec lui en vue de mon mariage, je crois que je ne voudrais vivre cet instant qu’avec lui.

Ses mains parcourent mon cuir chevelu, ma nuque, mon dos, et descendent sur mes hanches lorsqu’il me colle plus franchement contre lui. Sa tête est renversée en arrière tandis que nos bouches se dévorent avec envie et précipitation. Mon cœur bat à tout rompre dans ma poitrine, mes mains tremblent d’envie de le toucher, ma peau me brûle de sentir la sienne, mon souffle se fait plus irrégulier. C’est fou comme mon corps réagit à sa proximité, à chacun de ses gestes.

Il ne semble pas plus surpris que cela quand je m’écarte un peu pour lui ôter sa chemise et mes mains partent en exploration sur sa peau, redessinant de mémoire ses tatouages. Je regrette qu’il n’y ait pas beaucoup de luminosité, j’aimerais pouvoir l’admirer encore, m’imprégner de son image pour ne rien oublier, mais je chasse la tristesse qui cherche à m’étreindre pour profiter de l’instant présent. Je me lève avant de me perdre dans cette étreinte et me déshabille entièrement. Je vois l’ombre d’Einar se mouvoir et constate qu’il fait de même, et je me retrouve rapidement pressée contre son corps entièrement nu. Je sens la preuve concrète de son excitation contre mon ventre et pousse un gémissement lorsque je sens ses dents et sa langue s’allier pour titiller la peau fine de mon cou. J’ondule contre lui tandis que mes mains parcourent son dos, descendent timidement jusqu'à son fessier musclé que je ne peux m’empêcher de malmener quand ses doigts viennent titiller mes tétons. Il presse mes seins entre ses mains, les malaxe d’une façon délicieuse qui me pousse à être plus audacieuse, empaumant sa virilité pour la caresser. Il grogne contre mon oreille et m’enlace avec rudesse avant de m’entraîner sur le sol. Son corps recouvre le mien, m’inondant de sa chaleur, et un soupir m’échappe quand sa paume presse mon intimité. Je me liquéfie entre ses bras en sentant ses doigts jouer avec mon sexe, le cajolant délicieusement avant de l’envahir avec douceur, en contraste total avec sa bouche qui malmène la mienne.

Je sens cette boule devenue familière avec lui prendre naissance au creux de mon ventre tandis qu’il poursuit ses caresses entre mes jambes. J’essaie de garder le silence, je ne sais même pas comment je parviens à garder un minimum l’esprit tant les sensations sont puissantes et m’envahissent pleinement. Je ne peux cependant pas m’empêcher de gémir bruyamment lorsque mon plaisir atteint son paroxysme, et Einar recouvre mes lèvres des siennes pour avaler mon gémissement. Pantelante, essoufflée, mes hanches cessent d’onduler contre sa main et je soupire de bonheur quand il prend la mienne pour l’amener délicatement sur son sexe. Je me mets à l’ouvrage tandis qu’il se maintient au-dessus de moi d’une main, l’autre occupée à jouer avec mes seins. Je joue avec son excitation en changeant le rythme, la pression exercée par mes doigts, consciente de ce qu’il aime plus ou moins, mais me stoppe quand je le sens proche de la délivrance.

— Pas comme ça, Einar, s’il te plaît. Je te veux en moi…

Annotations

Vous aimez lire XiscaLB ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0