52. Une possession orageuse

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Einar


Après avoir bien avancé ce matin sur les travaux de l’habitation que je suis en train de me construire, je rentre dans le domicile familial en me disant que si je continue comme ça, je pourrai bientôt emménager. Et finalement, contrairement à tout ce que j’imaginais, je ne serai pas seul car Clothilde m’accompagnera. La jolie brune m’accueille d’ailleurs avec un sourire qui me réchauffe le cœur mais la température redescend vite quand je croise le regard de ma mère, froid et distant, et celui de mon frère, peu amène. Marguerite, comme à son habitude, reste discrète et finit de préparer la soupe du jour tandis que mes proches sont assis en silence à table.

Je pense que mon frère a expliqué ce que j’ai fait hier soir à notre mère et que l’ambiance ne va pas être très chaleureuse. Il faut bien que ça arrive, de toute façon. J’aurais cru que ça se serait passé dès hier soir, mais Bjorn est juste parti, sans un mot. J’avoue avoir hésité à inviter Clothilde dans ma couche dès le soir même, mais je me suis dit qu’après ces émotions, il valait mieux patienter. Pour être honnête, la savoir mienne désormais m’excite un peu mais je préfère prendre mon temps pour ne pas trop la brusquer.

Je m’installe à table, comme si de rien n’était, malgré les regards assassins de ma mère. Je fais un signe à Clothilde qui comprend qu’elle doit m’apporter ma gamelle et mon gobelet, ce qu’elle fait de manière efficace mais tendue. Tout cela se passe dans un silence lourd et pesant que je finis par briser.

— J’ai finalisé la pièce principale dans ma nouvelle maison. Plus aucune fuite, je suis content, énoncé-je en espérant que cela va détendre un peu l’atmosphère. Encore quelques journées de travail et l’ensemble sera habitable.

Je surprends un échange de regards entre Bjorn et ma mère alors que Clothilde vient aider Marguerite et remplit nos gamelles de ce potage qui a le mérite de sentir divinement bon. J’ai l’impression que la simple présence de la jolie brune les exaspère. Comme ils restent toujours silencieux, je reprends à nouveau la parole.

— Merci Marguerite, ça sent bon. Je pense qu’on va se régaler. Ta cuisine va me manquer quand je vais partir. J’espère que tu transmets tes petits secrets à Clothilde parce que les ingrédients qu’on trouve ici sont certainement différents de ceux de Normandie.

Je sais que je provoque un peu ma mère en présentant ainsi le fait que la jolie Normande m’est désormais attachée, mais cela m’amuse de la voir aussi courroucée alors que ça ne devrait rien changer pour elle de savoir que notre invitée est la propriété d’un de ses fils plutôt que de l’autre.

— Bien sûr, mon grand, me répond Marguerite en me souriant. Tu auras droit à de bons plats qui réchauffent de l’intérieur et à une maison toujours bien chauffée, parce qu’elle a du mal à se faire au vent ici, la petite.

Elle a en effet l’air de porter à la fois un châle en laine et une pelisse en peau de mouton au-dessus de sa robe, et je crois qu’elle a du mal à s’adapter à nos demeures qui sont parfois assez mal isolées.

— Je fais le maximum pour colmater tous les trous dans ma nouvelle maison, pour éviter tous ces courants d’air comme ici.

Heureusement qu’elle est là et qu’elle m’a adressé la parole, sinon, j’aurais l’impression d’être presque seul ici. Nous commençons à manger en silence quand tout à coup, ma mère prend la parole de façon assez cinglante.

— Il va falloir que la petite princesse s’y fasse. Quant à ce que tu as fait, Einar, c’est intolérable.

— J’ai fait ce que j’avais à faire, Maman. Rien de plus. Et j’ai respecté la loi de nos Dieux, tu ne peux rien me reprocher à ce sujet-là.

— Tu n’as pas respecté la famille, et ça, c’est inacceptable !

— J’aurais aimé voir la même réaction quand ton fils préféré s’est occupé de Rhadia, grommelé-je. D’ailleurs, je l’ai croisée ce matin, je ne sais pas ce que tu lui as fait, Bjorn, mais elle avait l’air ravie. Je n’ai pas l’impression que ça te pose un si gros problème que ça d’avoir perdu Clothilde.

— On fait avec ce qu’on a, bougonne mon frère. Et Rhadia ne t’appartenait pas.

— Eh bien, Clothilde ne t’appartient plus. Fin du débat, non ? m’agacé-je face à leur réaction.

— Tu lui as volé sous prétexte que tu lui as sauvé la vie, s’agace ma mère. Depuis quand doit-on quoi que ce soit à un frère qui nous sauve soi-disant la vie ?

— Je lui ai soi-disant sauvé la vie ? m’emporté-je. Mais c’est quoi, ça ? C’est toi qui t’es battue à ses côtés pour parler ainsi ? Et qui parle de voler quoi que ce soit ? Tu mets en doute l’honneur de ton propre fils ?

Dans la colère, je me suis levé et m’accroche à la table pour contrôler mon énervement. Ces reproches et leur attitude m’ont coupé toute envie de manger en leur compagnie et alors qu’aucun des deux ne réagit à mes propos, je me décide brusquement.

— Viens Clothilde, mets ton manteau, on va faire un tour. L’air ici est vraiment irrespirable.

Elle n’a pas fini de manger non plus mais devant mon air décidé, elle ne proteste pas et se lève précipitamment avant d’enfiler un manteau. Je sors à l’air libre avec elle sans vraiment savoir où aller mais je suis soulagé de constater que ma fureur retombe rapidement en m’éloignant de notre maison, aux côtés de la jolie femme qui est la cause de cette dispute familiale. C’est la première fois que je m’oppose vraiment ainsi à ma mère et à mon frère, et même si c’est un peu déstabilisant, je trouve ça jubilatoire de m’affirmer en famille comme j’arrive à le faire à l’extérieur. Mes pas me mènent inconsciemment vers la maison que je suis en train de finaliser et je fais signe à Clothilde de me suivre à l’intérieur.

Nous n’avons toujours pas échangé un mot et elle me regarde avec une certaine crainte. Je lui fais signe de fermer la porte afin de ne pas laisser entrer l’air dans la pièce qui est désormais terminée et je rallume le feu que j’ai lancé ce matin. Tout en m’affairant à faire démarrer la flamme, je l’observe du coin de l'œil faire le tour de la pièce et passer sa main sur les murs que j’ai montés avec le bois que j’ai coupé dans la forêt. Une fois le feu parti, je dépose une bûche au milieu du foyer et me relève pour regarder la fumée s’élever par l’ouverture dans le toit. Je finis par me tourner vers Clothilde qui s’est arrêtée et m’observe, en silence.

— Toi aussi, tu ne veux plus me parler ? demandé-je doucement. Tu aurais préféré que je te laisse à Bjorn, peut-être ?

— Je ne sais pas quoi te dire, Einar… Je suis désolée d’être la cause de ces tensions dans ta famille, je te suis reconnaissante de m’avoir protégée, aussi… mais… je quitte une position peu enviable pour une autre. Je t’appartiens ? Je ne suis pas une poule ou une brebis, une vache ou que sais-je, je suis un être humain doué de parole et de pensées. Tout ceci… Bon sang, vous m’avez volé ma vie, tu en as conscience ?

— Alors, pour toi aussi, je suis un voleur ? C'est donc si terrible que ça de devoir vivre avec moi ?

— Tu ne comprends rien, ou tu ne cherches pas à comprendre, s’agace-t-elle. Vivre avec toi ? Ou être ton esclave ? Parce que ce sont deux choses différentes ! Qu’est-ce que je vais faire de ma vie ? Te faire à manger, répondre au moindre de tes besoins ? Et dans quelques mois, quelques années, faire pareil avec la femme que tu feras tienne ? Élever tes enfants ? Et vivre toute ma vie seule comme Marguerite ? Ce n’est pas comme ça que j’imaginais mon existence, pardonne-moi de ne pas être très enthousiaste.

— Je n'ai pas envie d'une autre femme. C'est toi que je veux, ajouté-je en m'approchant d'elle. Et si ce n'est pas à moi que tu appartiens, un autre prendra possession de toi et tu te retrouveras comme avec mon frère. Je ne supporterais pas qu'un autre que moi te touche, Clothilde. Donc, oui, tu es à moi, que ça te plaise ou non.

— Donc, c’est ça, ce ne sera pas très différent d’avec Bjorn, au final. Tu vas me baiser quand bon te semble alors que tu m’as respectée jusqu’à présent. Qui est le vrai Einar, dis-moi ? Celui que j’ai rencontré chez moi ou le Viking autoritaire qui pense avoir le droit de vie ou de mort sur moi, aujourd’hui ? Tu ne comprends donc rien ? Si tu ne veux pas voir un autre homme me toucher, je n’ai pas envie de passer ma vie à te voir avec une autre. Parce que c’est ce qui se passera, après tout, je ne suis que ton esclave !

— C'est toi qui ne comprends pas la situation. Ici, j'ai tous les droits sur toi, oui. C'est comme ça et pas autrement. Mais tu n'es pas que mon esclave ! Et ne me dis pas que tu n'apprécies pas quand je te fais ça.

Je l'ai saisie par les hanches et je me penche pour déposer mes lèvres sur les siennes. Elle cherche d'abord à résister en détournant le visage mais quand ma langue s'insère dans sa bouche, elle pousse un petit gémissement et se met à répondre à mon baiser, en pressant son corps contre le mien.

Je suis alors pris d'un désir incontrôlable et lui défais son manteau qui tombe à nos pieds, tout comme sa pelisse. Ce n'est que quand je m'attaque à sa robe, dernier rempart avant de pouvoir complètement la dénuder, qu'elle reprend un peu ses esprits et parvient à me repousser.

— Ne me résiste pas… Toi aussi, tu en as envie, annoncé-je en défaisant mes braies pour révéler à ses yeux ma virilité dressée.

— J’ai envie de l’homme de chez moi, pas du rustre d’ici, affirme-t-elle en reculant de quelques pas, ses bras autour de son corps.

— Nous ne sommes plus chez toi…

Je la suis et attrape ses mains que je bloque dans une des miennes avant de délacer sa robe que je lui ôte avec autorité. Je la plaque ensuite contre le mur en maintenant ses mains au-dessus de sa tête et me colle contre elle.

— Dis-moi d'arrêter si tu n'as pas envie de moi, chuchoté-je à son oreille en frottant mon sexe contre sa douce toison intime.

J’empaume un de ses seins que je caresse et patiente quelques secondes avant qu'elle abdique et reprenne avec fougue le baiser interrompu. Je relâche alors ses mains et la soulève en agrippant ses fesses avant de m'empaler sans plus attendre en elle. Elle pousse un petit cri et noue ses bras derrière ma nuque en ondulant contre moi. J'appuie mon torse contre sa poitrine et lui donne de grands coups de reins qui me permettent de la pénétrer de toute ma longueur. J'essaie de ne pas y aller trop fort pour ne pas que son dos frappe avec trop de vigueur contre le mur, mais c'est elle qui intensifie l'étreinte sans aucune retenue et cette étreinte brutale nous emmène rapidement à une jouissance d'une intensité folle. Difficile de dire si c'est elle qui s'offre entièrement à moi ou si au contraire c'est moi qui prends totalement possession d'elle, ce que je sais, c'est que notre orgasme a été d'une force encore jamais égalée. Mon sexe continue à vibrer en elle et elle ne cesse d’onduler comme un succube qui veut aspirer tout mon fluide vital.

Lorsqu’enfin je la repose au sol et me désengage d’elle, j'arbore un sourire victorieux et conquérant en admirant cette femme sublime qui vient de m'offrir tant de plaisir. Après une telle extase, je suis sûr qu’elle va vite se faire à son nouveau statut.

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