Josselin ne travaillait pas ce jour-ci et ce fut sous le bruit assourdissant de la pluie contre la vitre qu'il se leva. Il décida de confirmer les propos de la vieille commère, décidé à rétablir la vérité. Il prit donc son petit déjeuner bien après sa femme afin de ne pas éveiller les soupçons puis sortit, emmitouflé dans un vieux manteau. Il suivit sa femme et sa bonne à travers de nombreux chemins en prenant soin de les suivre à distance. Elles se rendirent dans les bois à l'extérieur du petit village et tous les trois eurent du mal à se tirer de la boue accumulée depuis maintenant plusieurs semaines.

Les deux femmes s'arrêtèrent devant un petit tas de feuilles. Josselin les écouta.

-Avez-vous pris le bouquet ? Demanda la bonne.

-Oui.

Olivia tira le petit bouquet de fleurs et le déposa sur le tas de feuilles. Rosa lui tendit une lettre qu'elle lut à voix haute.

-Mon cher enfant, j'ai réussi à t'écrire malgré le chagrin qui m'accable. Voilà ce que j'ai à te dire. Je ne voulais pas de toi.

Sa voix se brisa. Elle continua. Josselin sentit son coeur se serrer, les larmes lui brûler les yeux.

-J'ai menti à tous mes proches, j'ai menti à l'homme que je considère comme un allié, un époux remarquable. Tu dois me trouver ridicule, Ô mon petit enfant, mais j'aime tellement ton père. Il est le plus doux et le plus généreux, pourvu d'un cœur immense. Je voulais cacher cette honteuse grossesse, je n'avais pas le courage de m'occuper de toi. Nous aurions pu être des parents formidables, admirables ! Je t'ai caché aux yeux de tout le monde, moi seule...

Olivia fondit en larmes. La bonne la soutint avant qu'elle ne s'effondre. Fou de rage et de chagrin, Josselin se précipita vers elles. Il repoussa Rosa qui bascula en arrière et prit sa femme par les épaules. Au lieu d'extérioriser sa colère, il la prit dans ses bras. Surprise mais aussi soulagée, Olivia se laissa aller à ce corps dont elle accordait toute sa confiance. Ils hurlaient tous les deux, accablés, détruits, fous.