Surface et profondeur
Il pénétra dans le garage. A cet instant, il était seul : entre ombre et lumière, en apnée, l'odeur du ciment, seule, réussissant à passer ses défenses.
Son frère avait disparu comme par désenchantement du paysage de ses pensées. Il revoyait juste cet instant où il s'était laissé tomber dans le fauteuil de skaï marron, et s'était emparé d'une bd, simulant une profonde absorption.
- Bonjour madame ! Peut-être l'avait-il dit ( ou s'était-il contenté de la suivre ?)..., la tête rentrée dans les épaules.
Elle était là depuis quinze jours. A quel moment avait-il vu sa soeur ? Prostrée dans ce couloir, cette encoignure, lui tournant le dos : haute de ses vingt et un mois.
Elle faisait semblant de picorer quelques miettes de biscuit posées sur un tabouret. Je me souviens l'avoir soulevée de terre, dans mes bras de presque onze ans .
Nous étions en 1971, je crois . Né à la fin de l'année 1960, au mois de novembre, j'avais dix ans.
Âge de l'adoration de mon père, de la maison neuve, du gros ventre bientôt libéré de ma mère, et des courses folles dans la nouvelle campagne avec ma chienne, Gitane.
La rivière plus bas, la vigne et les arbres autour. Le moulin, au sommet du coteau.
Je ne grandirai plus ou si peu, d'ici mes dix-sept ans .
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