Chapitre 8
Nicolas avait passé un week-end simple mais agréable avec son fils. Ils avaient partagé des moments complices, entre une partie de foot improvisée au parc et une soirée pizza-dessin animé. Mais comme à chaque fois, arriva le moment de le ramener chez Astride. L’échange fut bref, presque froid, comme d’habitude. Il déposa son fils sans s’attarder et reprit la route, laissant derrière lui ce mélange de nostalgie et de solitude.
Pour échapper à ce sentiment pesant, il se dirigea machinalement vers son bar habituel. Ce soir-là, le bar était plus bruyant que d’ordinaire, rempli d’une foule de jeunes venus profiter de la soirée. Nicolas s’installa au comptoir, commandant sa première bière de la soirée.
Le liquide froid glissa doucement dans sa gorge, et il s’efforça de chasser ses pensées. C’est alors qu’il l’aperçut, Clara. Elle était là, à l’autre bout du bar, entourée d’un groupe d’amis. Elle riait, sa chevelure bougeant au rythme de ses éclats de rire, insouciante et pleine de vie.
Il l’observa un moment, espérant capter son attention, échanger au moins un regard. Mais Clara semblait totalement absorbée par ses amis et l’ambiance de la fête. Elle riait, buvait, dansait un peu à côté de sa chaise, ne jetant même pas un coup d’œil autour d’elle. Nicolas attendit un moment, son regard toujours tourné vers elle, espérant qu’à un moment ou un autre, elle le verrait.
Mais rien.
Il finit sa bière et en commanda une autre, cherchant à masquer la déception qui montait en lui. Le souvenir de leur nuit ensemble lui revenait en tête, ces moments partagés où il avait senti une complicité naissante. Mais ce soir, elle n’était plus la même. Elle paraissait si loin de ce qu’il avait imaginé d’elle, comme si tout ce qu’ils avaient partagé n’avait été qu’un moment éphémère, vite oublié.
Nicolas soupira et détourna enfin les yeux. Il se sentait ridicule. Pourquoi s’était-il attendu à autre chose ? Après tout, ils n’étaient que deux étrangers qui avaient partagé une nuit. Peut-être que pour Clara, cela ne représentait rien de plus qu’une aventure sans lendemain, un moment plaisant mais sans attache.
Il termina son verre, l’alcool ne parvenant pas à chasser totalement cette amertume qui s’installait. Finalement, il décida qu’il était temps de partir. Il paya sa note et sortit du bar, l’air frais de la nuit le frappant alors qu’il tentait de rassembler ses pensées. C’est juste comme ça que ça marche maintenant, non ? pensa-t-il en rentrant les mains dans ses poches.
Mais alors qu’il commençait à s’éloigner du bar, une voix familière l’arrêta net.
— Hé, Nicolas !
Il se retourna pour voir Clara s’avancer vers lui d’un pas rapide, un sourire amusé aux lèvres.
— Pourquoi tu n’es pas venu me parler ? demanda-t-elle, un peu essoufflée.
Nicolas, surpris, haussa les épaules maladroitement.
— T’étais avec tes potes… je me suis dit que tu ne voulais pas être dérangée.
Elle leva les yeux au ciel, visiblement peu convaincue.
— Bah voyons. Et depuis quand on doit se poser ce genre de questions ? Si t’avais voulu me parler, tu l’aurais fait.
Nicolas sentit un léger malaise monter en lui. Il se gratta nerveusement l’arrière de la tête, cherchant ses mots.
— Je sais pas… je t’ai vue t’amuser, j’avais l’impression que t’étais dans ton truc.
Clara croisa les bras, un sourire malicieux sur les lèvres.
— Tu pensais que je t’ignorais ?
— Un peu, ouais.
Elle rit doucement et lui donna une tape légère sur le bras.
— C’est pas parce que je fais la fête que je t’oublie. Tu fais partie de la soirée maintenant.
Nicolas esquissa un sourire, se sentant à la fois soulagé et un peu stupide. Clara était plus accessible qu’il ne l’avait imaginé, et une part de lui regrettait d’avoir fait autant d’hypothèses.
Il s’apprêtait à lui proposer de prendre un verre ensemble, mais Clara, comme toujours plus directe, le devança.
— J’ai une meilleure idée, dit-elle en fouillant dans son sac à main. Après quelques secondes, elle en sortit un petit sachet contenant de l’herbe. Ça te dit de fumer un petit joint pour se détendre un peu ?
Nicolas hésita. Il n’était pas vraiment du genre à fumer, mais la perspective de passer plus de temps avec elle l’emportait sur ses réticences.
— Pourquoi pas, répondit-il avec un sourire incertain.
Clara hocha la tête, visiblement ravie, et lui fit signe de la suivre. Ils s’éloignèrent du bar et se retrouvèrent dans une petite ruelle plus calme. Là, elle roula rapidement un joint avec une aisance qui montrait qu’elle n’en était pas à son premier coup d’essai. Elle alluma le joint et prit une longue bouffée avant de le tendre à Nicolas.
— À nous, dit-elle en lui adressant un clin d’œil.
Nicolas prit une petite taffe, le goût âpre envahissant sa gorge. Ce n’était pas désagréable, mais l’effet fut immédiat, une sensation de détente s’installant lentement en lui. Clara, elle, était déjà plus détendue, comme si tout dans sa vie était sous contrôle.
Ils restèrent là, dans la rue, à échanger quelques banalités, à rire de choses sans importance, le joint circulant de l’un à l’autre. L’atmosphère devenait de plus en plus légère, le monde extérieur s’effaçant doucement.
— Tu penses souvent à moi ? demanda soudain Clara, rompant le silence qui s’était installé.
Nicolas, pris de court, la regarda un moment avant de répondre.
— Ouais, un peu. Et toi ?
Clara esquissa un sourire mystérieux, prenant une dernière taffe avant d’écraser le joint sous son pied.
— Je t’avoue que je t’avais un peu oublié, mais là… tu viens de me rappeler pourquoi j’avais envie de te revoir.
Nicolas se sentit à la fois flatté et légèrement confus. Clara avait ce don pour le déstabiliser, tout en le captivant.
— Qu’est-ce que tu dirais d’aller faire un tour ? Juste marcher un peu ? proposa-t-elle ensuite, changeant de sujet avec une désinvolture qui lui était propre.
Nicolas acquiesça. Cette soirée prenait une tournure inattendue, et même s’il ne savait pas où elle les mènerait, il se laissa porter par l’instant, profitant de la compagnie de Clara, aussi imprévisible que séduisante.
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