Chapitre 34

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“Marc, dans une tentative désespérée d’échapper à la réalité, s’était réfugié dans un vieux fast-food pour accomplir ce que son esprit en détresse lui dictait. Assis dans l’ombre, il tapotait fébrilement sur son ordinateur portable, cherchant à usurper l’identité de Sophie sur ce vieux MSN où elle discutait régulièrement avec Thomas. Sa logique s’effondrait sous la pression des antidépresseurs qu’il avait pris la veille. Il écrivait des phrases incohérentes, un mélange de confession maladroite et d’accusations voilées : il avait perdu le contrôle, mais elle l’avait aussi poussé à bout, justifiant son départ précipité avec la voiture.

Épuisé par cette lutte interne, Marc sombra dans un état second, ses forces abandonnant son corps et son esprit. Il voulait fuir à nouveau. Il voulait s'éloigner de tout. Comprenant qu'il n'arrivait plus à donner un sens à son délire influencé par la drogue, il reprit le volant précipitemment, avec l'idée qu'il était probablement recherché. Une fois au volant, prenant des routes qu'il ne reconnaissait pas, la pression en lui était devenu trop forte, le plongeant dans un black-out total.

Ce n’est que bien plus tard qu’il reprit conscience, étourdi et confus. Le téléphone sonnait, vibrant dans la poche de son manteau. C’était ses parents, anxieux, demandant où il se trouvait. En ouvrant les yeux, Marc réalisa qu’il était assis dans sa voiture, ayant visiblement fait un accident. Les souvenirs de l’impact étaient flous, noyés dans le brouillard des médicaments et du stress.

Soudain, les sirènes retentirent. La police arriva rapidement sur les lieux. Marc, éreinté physiquement et mentalement, se laissa embarquer sans résistance. Au poste, ses larmes coulèrent, lentement d’abord, puis plus violemment, alors que la réalité de sa situation le rattrapait.

C’était fini.

Du moins, Marc pensait que tout allait s’arrêter là, mais le cauchemar continuait. Alors qu’il se laissait emporter par la police, une voiture du SAMU arriva en urgence. Ils l’embarquèrent sans lui donner d’explication, le ramenant à l’hôpital qu’il avait quitté plus tôt dans la matinée. Les événements s’enchaînèrent à une vitesse qu’il ne contrôlait plus.

De retour dans la même chambre, Marc constata cette fois qu’on verrouillait la porte. Il n’y aurait plus d’échappatoire. Que faire ? Sa panique lui fit perdre toute logique. Dans une pensée désespérée, il vida une armoire pleine de serviettes, pensant pouvoir se cacher à l’intérieur. Peut-être que personne ne le trouverait ici. Alors qu’il se préparait à s’y glisser, une psychologue ouvrit la porte. Elle le surprit au moment même où il s’apprêtait à entrer dans ce qu’il croyait être une cachette parfaite. Son plan s’effondrait. Dans sa confusion mentale, il se sentait à nouveau piégé, sans issue.

Les souvenirs se brouillèrent ensuite. Des bribes de conversations avec la psychologue flottaient dans son esprit. Elle parlait calmement, mais ses mots ne faisaient que peu de sens pour lui, à travers le brouillard des médicaments et de son épuisement. Une autre ambulance le prit en charge, il ne savait plus où il allait. Il se laissa porter, vidé de toute énergie, de toute résistance.

Le véhicule s’arrêta finalement. On le fit descendre dans un grand couloir à l’allure impersonnelle. Sur sa droite, une porte vitrée menait à un sas où un membre du personnel lui tendit un étrange pyjama en papier bleu. Marc ne comprenait toujours pas tout ce qui se passait autour de lui, mais il obéit mécaniquement, se déshabillant et se changeant.

La seconde porte du sas s’ouvrit, révélant une chambre… ou plutôt, une grande pièce. L’endroit était austère, presque froid. Un lit fixé au sol, un toilette en inox, et rien d’autre. À cet instant précis, Marc comprit avec effroi qu’il n’était pas dans une cellule de prison comme il l’avait un moment imaginé.

Non, il venait d’être interné dans un hôpital psychiatrique. ”

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