Chapitre 8
Je rentre chez moi, mon cartable sur le dos, et je m’empresse de faire un gros bisou à maman.
— Ça s’est bien passé l’école mon grand ?
— Comme d’habitude maman. Je suis fatigué, je vais me reposer un peu et faire mes devoirs.
Elle hoche la tête et me regarde grimper les marches qui mènent à ma chambre.
J’invite Ninja à mes côtés et je lui demande :
— Dis-moi, pourquoi Tony est tombé tout à l’heure ? Tu m’as protégé ?
Il se racle la gorge et baille un grand coup.
— Comme je te l’ai dit quand nous nous sommes rencontrés, seul toi est capable de me faire rentrer et sortir à ta guise. Le stylo t’a choisi. Donc, quiconque voudra l’utiliser recevra un coup de jus.
Je réfléchis. Un blanc règne entre mon ami et moi. Il reprend :
Tant que j’y suis, il te reste un dernier vœu. Choisis-le bien !
J’interromps toute réflexion, puis je réalise :
— Après, on se verra plus du coup ?
Il me contemple, attristé :
— Non, malheureusement. Mon pouvoir sera répercuté sur un nouveau stylo ordinaire afin de satisfaire un autre enfant.
Les larmes me montent aux yeux sans que je comprenne pourquoi. J’ai mal au cœur. Ma gorge se serre.
— Tu ne peux pas, dis-je d’une voix cassée. Je t’aime beaucoup !
— Les adieux sont toujours difficiles Bastien.
Adieux. Adieux. Ce mot résonne dans ma tête. J’ai une idée !
— Attends, je viens de penser à quelque chose Ninja, dis-je en reniflant. Je peux te demander ce que je souhaite c’est ça ?
Il acquiesce. Je continue :
— Alors, je veux que tu restes avec moi. C’est mon troisième vœu.
Il me dévisage d’un air étonné :
— Tu sacrifierais ton dernier souhait pour me rendre ma liberté ?
— Oui, c’est ce que je veux !
Il ouvre grand ses yeux :
— Dans ce cas, tu dois choisir entre un chien, un mouton et un chat. Je me transformerai en cet animal, mais je ne disposerai plus de mes pouvoirs et de la parole. Es-tu toujours d’accord ?
Je saute de partout.
— Oui ! Hmm… Est-ce que papa et maman seront d’accord pour que je t’adopte ? Comment faire… Je sais !
Intrigué, Ninja penche sa tête. Je poursuis :
— Hier, maman a parlé de chat dans la librairie de Christine. Je suis presque certain qu’elle en veut un. C’est décidé, je te veux en chat !
Il met un temps avant de réaliser.
— Es-tu sûr ?
— Archi sûr !
Un halo l’entoure soudainement, puis il disparaît. Où est-il ?
J’entends le parquet qui grince sous mon lit. J’examine. Un chat noir et gris est planté-là à me fixer. Mon ami !
La porte de ma chambre s’ouvre subitement.
— Bastien, à qui tu parles ? me demande maman.
Je me retourne, pris par surprise et je lui montre le chat en espérant qu’elle le prenne bien.
Maman pose ses mains sur ses hanches.
— Comment est-il arrivé ici ?
Je mens :
— Je n’en sais rien, mais regarde-le. Il est tellement mignon. On peut le garder s’il te plaît !
Elle soupire.
— C’est vrai qu’avec ton père on aimerait un animal de compagnie.
Elle marque une pause, puis reprend :
— Ton père dira oui je pense…
Maman distingue la tête du chat qui dépasse du lit avec des yeux pétillants.
— Aller, on peut le garder mon chéri, mais à condition que tu t’en occupes toi aussi, hein ? dit maman en me souriant.
— Oui, promis !
Je me jette dans les bras de maman et l’embrasse fort. Elle me demande :
— Et quel nom veux-tu lui donner ?
De nouveau, je balance un regard très rapide en direction de mon lit.
Le chat a disparu. Il aime bien se cacher celui-là, un vrai farceur !
— Je vais l’appeler Ninja !
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