Qu’est-ce qui lui avait pris, à Matthias, d’accepter ce… truc ? Sinon que ‘’c’est cadeau’’, avait assuré le coiffeur de sa mère, lorsqu’il était passé à son âââtelier d'ââârtiste, chercher le toy qu’elle avait acheté lors de la démonstration qu’il avait organisée la semaine précédente, et qu’il avait été chargé de récupérer.

— Béatrice… Béatriiiiice… Où est-il ? Aaah ! Voici l’artefact du plaisir… sans les ronflements qui suivent. Les mecs, mooon dieeeu ! Pas un pour rattraper les autres’’ avait gémi Jeff. ‘’Ton copain ronfle, Matthias ?’’

— Je… n’en ai pas, mentit le garçon, avec un reproche muet envers sa mère, qui – par fierté, et soutien indéfectible, disait-elle - avait répercuté son coming-out maladroit à tout son premier cercle, qui incluait décidément le Figaro local, aussi intrusif que bavard.

— Un garçon aussi joli, je ne comprends pâââs, gémit l’artiste capillaire.

— Enfin, il y a bien… [Théo... ne prononce surtout pas son prénom !]… il y a bien… un garçon, mais on n’en est pas là, on a un peu peur de… la première fois, voilà.

— Vous avez têêêllement raison ! Je me souviens encore de mon first. Oh. My. Goooood ! J’ai presque eu envie de devenir to-ta-le-ment hétéro ! clama-t-il, théâtral, avant d’ajouter en minaudant ‘’Mais juste presque, hein. Après, je comprends tes réticences, crois-moi. Oh ! Mais peut-être pourrais-je…’’

Non, mais non ! Il ne va pas se proposer, quand même ! pensa Matthias.

— Une autre cliente, venue à la démo, dont je ne citerai pas le nom, sinon qu’il rime avec César, avait persiflé le capilliculteur, a également acheté un toy, en surprise pour son mari, juste pour découvrir cette semaine qu’il pratique la méthode naturelle dans des parcs et sur des aires d’autoroute, depuis, qui sait ? probablement avant leur mariage...

Connaissant vaguement la clientèle de Jeff, Matthias s’étonna. Monsieur Balthazar est gay ? Ou du moins bi ?

— … et si je conçois son désarroi, elle m’a suggéré en termes vraiment très crus d’en faire moi-même bon usage. N’était que rien ne vaut… the real thing… encore à découvrir pour toi, mais en attendant, si tu veux le toy…

(…)

Aaa-ïeuh ! Ça fait mal, ce truc ! se dit Matthias au premier essai, avant de penser naïvement à l’huile d’olive, puis au beurre frigotartinable, et enfin – idée de génie - à la crème émolliente dont sa mère se tartinait.

‘Floutch’ avait fait le truc en entrant.

Trop impatient pour lire le mode d’emploi détaillé, il tâta et finit par en trouver le switch, l’artefact se mit à vibrer doucement, pour s’arrêter trop vite. C’est juste ça ? se dit-il. Une vibration et c’est tout ? ‘’Aaaah, c’est quoi, ça ?’’ glapit-il lorsqu’elles reprirent. Au bout de son lit, il vit ses orteils s’écarter et se dresser, quoique toujours plus que son sexe qui ne trépidait encore que faiblement.

Ouf ! se dit-il, alors que les tremblements diminuaient, pour gémir ‘’C’est abusé, ce… Oooh… ce tru-u-uuc !’’ lorsqu’elles recommencèrent.

En tâtonnant vainement pour trouver l’interrupteur, la dernière chose qu’il vit fut ce filet de fluide translucide qui s’écoulait de son corps, avant qu’il s’abandonne à un plaisir plus intense que ce que sa main, ou même celle, si timide et douce, de Théo, ne lui ait jamais accordé.

(…)

— Merci, mon chéri, dit sa mère ‘’J’espère que ça ne t’a pas trop embarrassé d’aller récupérer mon… achat. Jeff peut parfois être… tendancieux, disons. Et tu es tellement innocent…’’

— Non, il a juste évoqué son copain qui ronfle.

— Ah ! Jérémy, oui… On est quelques-unes à regretter qu’il soit gay, lui, belle bête !

— Si tu le dis, maman, admit Matthias, la tête ailleurs.

(…)

Le timide et doux Théo, agité par le plaisir, verse une larme, mais pas lacrymale ! Il avait hésité, pourtant, à l’insertion du jouet, mais son regard maintenant confiant se porte sur Matthias.

— Wow ! C’est efficace, mais tu crois que toi et moi, on pourrait s’en passer… ?

— Je ne veux rien d’autre, Théo…