Il m’aura fallu deux bonnes heures pour préparer mes bagages avec l’aide de ma sœur qui, soit dit en passant, a de très bons goûts en ce qui concerne la lingerie. Mes cheveux sont lissés, je suis maquillée et ma trousse de toilette a rejoint mes ensembles affriolants ainsi que mes tenues basiques. J’ai aussi sélectionné cinq paires d’escarpins aux couleurs de mes dentelles préférées et des accessoires qui feront de moi, la reine de la soirée. Maintenant, il ne me reste plus qu’une chose à faire : attendre patiemment que le taxi arrive.

Il est dix-huit heures et il me reste encore trente bonnes minutes à tuer. Je suis stressée, mais en même temps, très excitée et l’idée d’un défi supplémentaire me met l’eau à la bouche. Je ne me souviens plus exactement de Cédric et je ne sais pas s’il a beaucoup changé physiquement, mais à l’époque, le collègue avocat de ma sœur était déjà très appétissant.

Je suis certaine qu’Alizée est très inquiète pour son ami, car en temps normal, elle m’interdit tout contact avec son entourage professionnel, stipulant que mon univers lui fait honte. Pourtant, j’exerce un métier comme un autre ! Je ne trouve pas que mon mode de vie soit étrange. La seule chose que je fais, c’est d’exhiber mon corps à travers mes danses. J’aime beaucoup cette sensation lorsque les hommes me regardent avec des yeux ronds, leurs pupilles qui se posent sur mes formes généreuses et mon corps qui ondule gracieusement sur les barres ou simplement une piste de danse me donne énormément confiance en moi. Quoi qu’il en soit, je ferai de mon mieux pour aider ma sœur et peut-être qu’enfin, son regard sur mon travail changera ? Je peux toujours rêver, mais quand même, j’y crois !

L’interphone de mon appartement résonne et le chauffeur me demande si j’ai besoin d’un coup de main. J’accepte volontiers, car j’ai trois grosses valises à descendre et seule, je n’y arriverai jamais. Avant d’ouvrir la porte d’entrée, j’asperge mon cou d’une fragrance de vanille et suis prête à partir.

Pour le trajet, j’ai emmené dans mon sac à main, une romance érotique. J’ai commencé à lire ce roman avant-hier soir et je compte bien le terminer durant le trajet ! C’est l’histoire d’un avocat qui déteste les vacances et qui pourtant, va vivre les meilleures expériences de toute sa vie. C’est tellement bien écrit, que même lorsque la fatigue me gagne, il m’est impossible de refermer les pages du livre. Alors, installée confortablement sur le siège arrière du véhicule, une légère brise d’air secouant doucement mes cheveux, je me laisse aller à l’histoire qui m’emporte bien au-delà des mots de l’auteur. Au bout d’un moment, le chauffeur, Rémi, puisqu’il insiste pour que je l’appelle par son prénom, me propose de faire une pause pour me dégourdir les jambes, mais je refuse. J’ai tellement hâte d’arriver…

Sans que je m’en rende compte, la voiture se gare sur le parking de la salle des fêtes louée pour l’occasion. Je referme mon roman en pestant, car il ne me restait que quelques pages avant le mot « fin ». Mais je me dis que j’aurais l’occasion de le finir ce soir et, retrouvant le sourire, je sors du véhicule. À peine ais-je mis les pieds à terre que je reconnais Cindy et sa longue chevelure rousse en train de fumer sa clope devant la porte d’entrée avec l’un des vigiles. Non loin de là, derrière des barrières de sécurité, des journalistes sont déjà présents, attendant le moindre scoop. J’avance à petits pas vers mon amie pendant que les paparazzis me prennent en photo : demain, nous ferons la une !

— Alicia ! Je suis contente de te voir ! Tu vas bien ?

Je la serre dans mes bras puis réponds :

— Je vais super bien et toi ? J’avais tellement hâte de venir ! Tout le monde est là ?

— Il manque Alexandra et Sylvianna, je crois… Viens, je vais te montrer ton stand.

Cindy écrase sa clope dans le cendrier géant et me tire par la main à l’intérieur. Là, je suis époustouflée par la beauté des décors. Plusieurs stands sont déjà dressés avec parfois des barres de danse, d’autres sont beaucoup plus simples. Les murs préposés qui nous séparent son recouvert de drapés de couleurs différentes et sur les tables, des goodies sont disponibles. Au milieu de la salle se trouve une grande scène où chacune de nous fera un show en solo durant la soirée, il me tarde de faire le mien, cela fait plusieurs semaines que je l’organise et j’espère qu’il sera parfait !

— Putain Alicia ! Le spectacle c’est demain ! Qu’est-ce que tu fous à être aussi belle sans être à poil ?!

Je me retourne et découvre Camille. Son truc à elle : les strip-teases, mais son plus gros kiff est de couvrir ses tétons par des stickers toujours aussi hallucinants les uns que les autres. Le dernier en date était un héros des « Avengers » j’ai nommé : Thor. C’est sûr qu’avoir un demi-dieu sur les nichons, c’est carrément existant, elle m’en dira tant ! Je lui souris et la remercie pour son compliment, puis les deux filles m’emmènent découvrir mon espace de travail.

Aussitôt arrivée, je m’émerveille devant les tons rose pâle des voilages qui jonchent les murs, ce qui est assez bien, car je n’ai emporté aucune lingerie de la même couleur. À croire que je l’ai fait exprès !

— Tu viens ? On va se prendre un café.

Nous nous dirigeons vers la partie restauration quand mon amie me demande :

— Tu as vu ce monde dehors ? C’est dingue !

— Oui, ils sont bien plus que l’année dernière !

— C’est clair, il parait qu’il y aura énormément de personnalités demain ! Ils attendent plus de deux mille personnes ! Tu imagines l’ambiance ?!

— Ah ouais ! Putain, on va se faire un paquet ! dis-je sur le ton de l’amusement.

Chaque année, les fonds pleuvent lors de ce rassemblement. Et cette année ne fera pas exception ! J’en suis certaine. De plus, quand je vois toutes les préparations, je me dis que les organisateurs mettent la barre haute et c’est à nous d’assurer à présent.

Alors que nous buvons tranquillement nos boissons en discutant de tout et de rien, nos prénoms résonnent dans les haut-parleurs :

— Cindy, Alexandra, Stéphanie et Alicia sont attendues à l’accueil ! Monsieur Géraldini vous demande avec impatience !

Sans perdre une minute de plus, nous nous dirigeons vers le point de rencontre où nous attend le fondateur du salon de l’érotisme. Il nous salue toutes et nous donne à chacune, un badge de chambre d’hôtel. Impatiente de découvrir ma suite, je retourne dehors et attends l’arrivée de mon taxi.

— Alicia !

Je me retourne instinctivement, je reconnais cette voix !

— Alizée ! Tu es déjà là ?! Je ne t’attendais pas si tôt ! Tu as fait vite !

Tout sourire, ma sœur se précipite à mes côtés et ordonne :

— Suis-moi, on va prendre ma voiture, ce sera bien plus pratique que de te les geler en attendant le taxi !

Finalement, je pense que ce moment partagé avec ma sœur sera bien plus drôle et bien plus exceptionnel que tout ce qu’on a pu vivre à deux jusque-là !