Chapitre 31 : Rendez-vous ce soir

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Quelques instants après ma demande non dissimulée, Daegan soupire et m’interroge :

— Tu fais quelque chose de spécial ce soir ?

À la fois excitée, mais aussi frustrée d’avoir cédé à mes propres désirs, je réplique d’une petite voix :

— Non, rien de prévu du tout, et toi ?

L’attente de sa prochaine phrase me semble interminable tant j’appréhende ce qu’il va me dire. J’ose espérer qu’il va m’inviter, ou s’inviter chez moi afin de glorifier avec bonheur toute l’attente de ce moment depuis tant d’années, mais encore une fois, ce silence macabre, insoutenable et déstabilisant.

Alors que je m’apprêtais à lui dire de laisser tomber, que c’était juste une mauvaise idée et que, de toute façon, quoiqu’il se passe, il n’y aura rien entre nous, Daegan se réveille et m’annonce :

— Je passe te chercher pour 19 heures, devant le lycée…

Un sourire fend mon visage de toutes parts tandis que je réponds :

— Génial, à ce soir alors.

Je prends l’initiative de raccrocher et scrute mon portable avec des yeux doux. Enfin ! J’ai réussi à décrocher un premier rendez-vous avec mon amour de jeunesse ! Je suis tellement heureuse que pour évacuer tout le stress accumulé durant ces dernières minutes, je me lève et pratique la danse de la joie. Heureusement pour moi, je suis seule à la maison, car pour le coup, j’ai vraiment l’air d’une grande nouille !

Durant les cent-quatre-vingts minutes qui me séparent de mon rendez-vous galant avec Daegan, je ne fais que penser à lui, à ce qu’il pourrait se passer ce soir si nous allons sous la couette. Les papillons dans mon bas ventre ne veulent pas disparaître et le temps me semble si long ! J’ai pris un long bain pour me détendre en musique, je me suis habillée convenablement d’une jupe haute noire et d’un chemisier blanc très chic. Mes cheveux sont attachés dans une queue de cheval et mon maquillage reste simpliste : un trait de liner et un rouge à lèvres carmin. J’ai opté pour une paire de boots noire à fourrure et maintenant, je me surprends à faire les cent pas dans l’entrée de mon appartement, attendant qu’il soit au minimum dix-huit heures quarante-cinq pour prendre la route.

Le lycée ne se trouve qu’à quelques pas de chez moi et je décide de m’y rendre à pied. Une boule d’angoisse se forme dans ma gorge tandis que j’arrive dans la rue Balzar. Contre toute attente, à mesure que j’avance pour gagner le parking de l’établissement scolaire, je redeviens la lycéenne de l’époque. La jeune fille timide et pas sûre d’elle. Le pire est à craindre lorsque je le vois qui m’attend au loin, les fesses posées sur l’avant de sa voiture. Mon coeur bat à tout rompre et comme avant, je fonds de le revoir. Tandis que je marche dans sa direction, je prends le temps de le détailler des pieds à la tête. Je succombe, il est beau à crever.

Il porte un jean noir, usé aux genoux et une sorte de veste en cuir, genre bombers du même coloris. Un bonnet, foncé également, cache le haut de sa tête, mais laisse apparaître les traits d’un tatouage sur le côté droit de son cou. Je ne sais pas si c’est son style habituel ou s’il n’a pas eu le temps de se raser, mais la barbe naissante sur ses joues le rend plus viril que jamais. Son visage s’illumine lorsqu’il pose ses prunelles sur moi. Ses yeux pétillent et je me liquéfie sur place, n’osant même plus franchir les quelques pas qui nous séparent l’un de l’autre.

Par réflexe pour contenir le désir qui s’empare de mon être, je me mords la lèvre inférieure et resserre les pans de ma veste longue sur ma poitrine, là où mon organe ne cesse de se mouvoir avec avidité.

— Bonsoir, poupée, lance-t-il alors qu’il vient à ma rencontre.

Heureusement qu’en plein mois de novembre, à cette heure précise de la soirée, il fasse noir dehors, car je sens mes joues s’empourprer et mes oreilles bouillir malgré le froid brutal qui s’abat sur la ville. Ce gars me déstabilise et je comprends soudain que mes sentiments pour lui n’ont vraiment pas faibli !

— Comment vas-tu ? je demande timidement pour ne pas qu’il comprenne qu’à ce moment précis, je meurs d’envie de me jeter à son cou et de ne plus jamais le laisser partir.

— Beaucoup mieux depuis que tu es arrivée… réplique-t-il en laissant parcourir ses doigts sur sa mâchoire saillante, ses yeux rivés sur mon corps que je m’efforce de cacher.

Où est donc partie mon assurance ?! Putain, j’ai vraiment l’impression d’avoir à nouveau 17 ans !

Alors que je glousse à sa réponse déstabilisante, Daegan se penche vers moi. Sur le coup, je me statufie, pensant qu’il s’approche de mon visage pour m’embrasser à pleine bouche, mais il n’en est rien, il me gratifie juste de deux baisers sur chaque joue, comme on peut le faire avec n’importe qui, n’importe quelle connaissance.

— On y va ?

J’acquiesce de la tête bien que je ne sache pas où il compte m’emmener, saisi sa main qu’il me tend le suis jusqu’à son Audi flambant neuve. Daegan m’ouvre la portière avant droite et je me surprends à penser que je ne lui connaissais pas ce côté gentleman. Pour être tout à fait honnête, je suis étonnée et à la fois amusée par ce comportement. Cependant, lorsque nos mains se détachent l’une de l’autre au moment où je grimpe dans le véhicule, je me sens vide. Ce contact, même s’il était banal et minime, me donnait force et courage. Il me tarde de toucher encore sa peau avec plus d’intimités si possible…

Quelques instants plus tard, après un trajet assez court, silencieux et apaisant, mon gentleman tatoué gare son véhicule devant un immeuble d’au moins quatre étages. D’après notre conversation de cet après-midi, j’en conclue qu’il s’agit de chez lui et je me réjouis de savoir que nous n’allons pas dans un restaurant, mais plutôt dans son entre de mec sauvage. D’ailleurs, au moment de descendre de la voiture, je souris de toutes mes dents et Daegan le remarque immédiatement.

— Qu’est-ce qui te fait sourire autant ma belle ?

— Je suis surprise que tu me fasses découvrir ton lieu d’intimité, réponds-je sans hésitation.

Mon diable sourit à son tour et annonce :

— Que veux-tu, je préfère les soirées tranquilles, pépère, à la maison. Je n’aime pas les restaurants, ça grouille de monde et bonjour les discussions intimes, réplique-t-il, sourire en coin et yeux espiègles.

Pour le coup, je note dans un coin de ma tête notre premier point commun important ! Je suis de ce genre aussi, à préférer la tranquillité et le confort de ma demeure. Et puis, pour ce que j’ai en tête avec lui, il ne valait mieux pas se confondre avec du public, bien que ça ne m’aurait pas freiné plus que ça quand j’y pense…

Pour la seconde fois ce soir, Daegan s’empare de ma main et m’entraîne dans les méandres du bâtiment silencieux. Nous montons les étages à pied et je me félicite de ne pas avoir mis de talons pour une fois ! Lorsque nous arrivons au troisième étage, Daegan me lâche la main devant la porte de chez lui et insère la clé dans la serrure en disant :

— Ferme les yeux, Poupée…

J’obtempère et il pose ses mains de part et d’autre de mes hanches. Je me laisse guider.

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