Chapitre 34 : Prendre son temps
Mes yeux s’obstruent de larmes de joie lorsque je découvre, tracé à l’encre noire et d’une sublime calligraphie, les lettres de mon prénom ainsi que le signe de l’infini sur son pectoral gauche. Une perle salée s’échappe lorsque je réalise que les deux reposent à tout jamais sur son coeur.
D’un bond, je me lève et tends le bras afin d’en toucher les reliefs. Mes mains tremblent et transpirent à mesure que je m’approche de lui. D’un signe de la tête, Daegan m’autorise à poser ma peau contre la sienne, mais je n’y arrive pas. Alors, d’un geste tendre, il saisit ma main et délicatement, la pose contre la preuve de son amour caché pour moi.
— Quand l’as-tu fait ? je demande en ne pouvant détacher mon regard de ce cadeau qu’il m’offre.
— Je ne sais plus la date exacte, Poupée, mais ce tatouage a été fait lorsque nos chemins se sont quittés, à la fin du lycée.
— Je ne comprends pas, dis-je en plantant mes prunelles dans les siennes.
— C’est pourtant simple Poupée. Je t’aimais comme un fou à l’époque et jamais je n’aurais cru possible qu’il en soit de même pour toi. Alors, lorsque tu es partie faire ta vie de ton côté et moi du mien, j’ai fait ce tatouage pour que tu sois toujours là, près de moi. Pour que jamais tu ne me quittes, car je savais au plus profond de mon être que mes sentiments pour toi ne s’en iraient jamais, que je t’aimerais toute ma vie…
À ces mots si intenses et profonds, je me jette dans ces bras et sans réfléchir, je l’embrasse à pleine bouche, comme j’en avais toujours rêvé. Daegan répond à mon baiser d’une façon si douce et avec une évidente retenue, comme s’il doutait que ce moment soit réel. Ses mains se posent sur mon visage, il caresse mes joues et j’ai vraiment du mal à reconnaître le garçon que j’aimais. Ce bad boy de l’époque qui collectionnait les filles, s’est transformé en Don Juan respectueux et incertain aujourd’hui. Et je crois que je l’aime plus encore.
— Poupée, je ne veux pas que tu te sentes obligée de quoi que ce soit. Je veux être certain que tu saches bien que si je te dis tout ça à l’heure qu’il est, ce n’est pas pour que tu couches avec moi…
— Pourquoi dis-tu ça ? je le questionne en décollant mon torse du sien afin de plonger dans son regard de braise pour sonder ses dires.
— Je veux juste que les choses soient claires entre nous. Je t’aime depuis toujours et maintenant que tu le sais, j’ai peur de refaire le connard et que tu fuis. Je ne veux plus que tu t’éloignes, je ne veux pas te perdre à nouveau.
— Je n’irais nulle part… réponds-je, le coeur gros de toutes ces révélations.
— Si tu le souhaites, évidemment, j’aimerai qu’on prenne notre temps. Qu’on se découvre comme nous n’en avons jamais eu l’occasion au lycée. Je n’ai pas envie de tout faire foirer en allant trop vite…
— Pour être tout à fait honnête avec toi Daegan, ça fait tellement d’années que je rêve de ce moment que je ne sais pas si je réussirai à rester chaste avec toi. Mais je suis d’accord en principe. Il faut qu’on y aille doucement, pour ne pas tout gâcher.
Daegan sourit et me serre dans ces bras avant de dire :
— J’attendais ce moment depuis si longtemps moi aussi. Je veux que tout soit parfait. Aucun secret. Je te dirais tout ce qu’il me passe par la tête afin qu’on soit toujours sur la même longueur d’onde.
— Il en est de même pour moi, Daegan. Je suis si heureuse que ce moment arrive enfin !
— Bon, après, je ne vais pas te cacher que j’ai très envie de toi, là, tout de suite…
— Ah oui ? dis-je en plaisantant. Cette bosse que je sens sur mon pubis n’a pas l’air d’avoir envie de prendre son temps…
— Tu sais qu’il y a des exceptions à chaque règle ?
— Je crois que oui, je minaude en mordant ma lèvre inférieure. Tu penses que c’est raisonnable Don Juan ? je le questionne en chuchotant près de son oreille, le corps ondulant légèrement contre son sexe gonflé.
— Non, je ne crois pas que ce soit raisonnable, mais… Comment résister ?
À cet instant, même si la tension sexuelle est palpable et nos envies surpuissantes, je me dis qu’il a raison et que nous ne devons pas nous laisser aller aussi rapidement. Ces sentiments sont réels, les miens le sont tout autant et nous devons faire cet effort pour que tout se passe bien, sans aller vite, pour que cette relation naissante se développe sous le signe de l’amour et non de l’envie. Au fond, je trouve que c’est une excellente idée, même s’il est difficile pour nous deux de contenir nos désirs profonds. Alors que je tente tant bien que mal de ne pas me jeter sur lui pour lui faire subir mille et un orgasmes atomiques, une idée me traverse l’esprit et je lance :
— Nous pouvons résister comme ceci, dis-je en courant dans la cuisine.
Daegan hurle de rire et me rejoint après avoir renfilé son t-shirt. Lorsqu’il apparaît à mes côtés, je dépose la tarte aux pommes sur l’îlot central et il s’affaire à sortir des assiettes à dessert ainsi que des couverts. La tension est toujours présente entre nous. Il suffit d’un pas pour tomber dans les bras l’un de l’autre et cela me gêne tout de même un peu, car je n’ai pas l’impression d’être moi-même. Mais je suis certaine que nos efforts paieront tôt ou tard.
— Il est temps de déguster cette merveille, dis-je en ayant l’eau à la bouche.
C’est seulement après avoir prononcé cette phrase que je me rends compte du sou entendu salace qu’elle referme. C’est incroyable ! Je ne sais pas durant combien de temps je serais en mesure de me contenir, car depuis qu’il m’a déclaré « sa flemme » ces moindres faits et gestes me font ressentir une décharge de désir. Tout mon corps et tout mon être souhaitent qu’il pose ses mains sur moi. Une chose est certaine, les heures, les jours où peut-être même les semaines à venir vont être extrêmement longues et difficiles.
— Pourquoi tu rougis Poupée ? Tu as chaud ? me questionne-t-il d’une voix beaucoup trop charmeuse.
Pour le coup, je me demande s’il le fait exprès. Il veut prendre son temps et par la même occasion, il tente de me faire chavirer ? Il souhaite vraiment jouer à ce jeu de qui succombera le premier ?
Si c’est ce qu’il désire, alors jouons, mais il faut qu’il sache qu’il sera le perdant…
— Oh oui, fais-je, séductrice à souhait. Il fait très, très chaud chez toi… Tu permets que je me mette à l’aise ? je demande en soulevant mon débardeur.
— Fais comme chez toi, Poupée. J’allais en faire de même, réplique-t-il en déboutonnant le bouton de son jean.
Mon coeur rate un battement, mais je ne me dégonfle pas. Je retire mon débardeur et gonfle fièrement ma poitrine, comprimée dans un soutien-gorge Aubade rouge en soie balconnet. Daegan déglutit difficilement, mais ne compte pas en rester là lui non plus. Lentement et en scrutant l’effet qu’il me fait, il laisse glisser son pantalon sur ses jambes, me dévoilant son corps musclé, rempli de tatouage que je ne saurais déchiffrer.
— Alors Poupée, on dirait qu’il fait encore plus chaud désormais, tu ne trouves pas ?
Et puis zut ! Au diable l’attente. Je n’ai pas le temps de prendre mon temps !
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