Chapitre 41 : Aucune excuse

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Daegan retourne dans la salle d’eau tandis que je prends une grande inspiration avant de décrocher l’appareil.

— Alicia ! Mais bordel, où es-tu ?!

— Heu… un ami est venu me récupérer, j’étais dans une sale position et je ne pouvais plus attendre… La situation devenait dangereuse.

— Et tu ne pouvais pas me prévenir ? Je tourne dans la rue que tu m’as donnée depuis plus de dix minutes et il y a un mec qui hurle, les bras en l’air en cherchant « la pute »… Il a voulu défoncer ma voiture, je me suis vite cassée et j’ai appelé les flics, ils arrivent, mais je ne veux pas être mêlée à cette histoire. Il faut que je m’en aille tout de suite ! Tu es où là ?

— Je suis chez la personne qui est venue me chercher. Je te donne son adresse, rejoins-moi là-bas, je vais tout t’expliquer…

— D’accord, fait vite s’il te plaît !

À peine ai-je raccroché que Daegan me prend le téléphone et compose un message en écrivant son adresse. La dextérité de ses doigts sur le clavier me rappelle sa peau contre la mienne. Je me sens rougir et je suis certaine que mes yeux se mettent à briller. Le moment est tellement incongru ! La peur me tenaille encore et pourtant, je rêve à ses mains sur mon corps. Je dois me ressaisir de toute urgence !

Lorsqu’il me rend le portable, je transmets directement le texto à ma sœur et remercie le bellâtre qui m’a sans aucun doute sauvé la vie ce soir. Puis, quelque peu gêné par la situation, je m’en retourne au salon et me rassoie, cuisses serrées en attendant qu’il revienne avec de quoi me soigner. Le bad boy se transforme en infirmier pour mon plus grand bonheur et j’avoue, j’aimerais pousser le vice. Je voudrais qu’il prenne ma température et s’assure que mon coeur bat bien… Mais ce n’est qu’un souhait, un fantasme non réalisable pour l’instant et en plus, ce n’est pas le moment d’avoir des idées cochonnes en tête !

Alors que je chasse les idées perverses de ma tête, Daegan réapparaît à mes côtés avec une boîte de compresse, une bouteille de désinfectant et de la… vaseline ?

— De la vaseline ? Vraiment, dis-je d’un air coquin.

— Ce n’est pas ce que tu crois, m’informe-t-il avec un sourire en coin.

Je ne peux m’empêcher de glousser comme une ado, mais mes rires se taisent lorsque Daegan verse le l’antiseptique sur mes plaies.

— Aie ! je me plains en sursautant sur le canapé.

— Désolée beauté, mais je t’avais dit que ça n’allait pas être marrant…

Daegan se saisit de compresses et s’applique à tamponner et frotter doucement mes blessures. Je serre les dents durant un instant et très vite, le supplice prend fin.

— Voilà, il ne me reste plus qu’à te mettre ça, m’informe-t-il en dégainant le tube de crème. La vaseline va apaiser les picotements et aide à stopper les saignements, ça va te faire du bien, tu verras…

— Tu es certain ? je demande sérieusement. Parce que, dans mes souvenirs, la vaseline c’est pour… enfin, tu vois, je ne vais pas te faire un dessin… j’ajoute avec malice.

— Fais-moi confiance, c’est une vieille astuce de boxeur. On l’utilise souvent lorsqu’on se fait dégommer l’arcade sourcilière, c’est efficace, me rassure-t-il en accompagnant ses paroles d’un clin d’oeil.

Daegan applique une couche de son remède miracle sur les griffures d’une façon très délicate et m’informe ensuite :

— Par contre, tu dois laisser ça à l’air libre… Mon t-shirt te couvre assez ou tu veux que j’aille voir si j’en ai des plus grands ?

Pour toute réponse, je me lève et tourne sur moi-même pour qu’il puisse voir de ses propres yeux que le vêtement est parfait. Mes fesses sont recouvertes, sauf si je m’abaisse, évidemment. Ce que je risque de faire, mais pas pour l’instant.

— Très bien… fait-il en se mordant la lèvre. Couvre-toi avec ce plaid si tu as froid, je vais ranger tout ça, je reviens, fais comme chez toi ma belle…

Ce simple surnom me donne le sourire et remplit mon coeur de bonheur. Daegan au fond, est si doux, si gentil et si attentionné que je regrette profondément de m’être sauvée tout à l’heure.

L’interphone de l’appartement retentit et me fait sursauter. Je me précipite dans le hall d’entrée où Daegan me rejoint à grands pas. Sans attendre, il enfile ses chaussures et m’annonce qu’il descend chercher Alizée au bas de l’immeuble. Même si cela ne prend que quelques secondes, je ne peux m’empêcher de faire les cent pas en les attendant. La crainte et la honte s’emparent de moi à mesure que le temps passe. Que vais-je lui dire ? Comment pourrais-je lui expliquer ma fuite ? Autant de questions qui ne trouvent aucune réponse si ce n’est la triste vérité…

La porte s’ouvre enfin et je découvre ma sœur, le visage blanc, affolée.

— Alicia, tu m’as fait si peur putain !

Alizée s’élance dans mes bras et me serre avec force. Elle ne l’avait jamais fait. Des larmes se forment dans mes yeux tellement je suis surprise par son geste, à la fois tendre et inhabituel à mon coeur. Mais je m’interdis de pleurer, en revanche, je lui rends son étreinte avec bonheur.

Daegan entre sur ses talons et me fait un clin d’oeil qui se veut protecteur. Il demande à ma sœur de bien vouloir se déchausser, mais Alizée refuse. Elle nous informe rapidement qu’elle ne restera que quelques minutes et que le pas de la porte lui suffit très bien. A mon avis, elle était occupée avec son chéri et je m’en veux encore plus de l’avoir dérangée… pour rien qui plus est.

— Merci d’avoir repêché Alicia avant que je ne débarque, dit-elle en tendant une main joviale à Daegan.

Ce dernier s’en saisit et s’incline façon star de cinéma. Je ne peux m’empêcher de rire devant son air innocent. Ce gars me fait fondre…

— Mais il va falloir que tu m’expliques ce que tu foutais dehors à cette heure, toi ! ajoute-t-elle à mon égard.

Tout à coup, je perds tout sourire. Des excuses aussi improbables les unes que les autres se bousculent dans ma tête, mais aucune ne conviendrait à la situation actuelle.

— Je… enfin… heu… je commence en bégayant.

— Je suis désolé, c’est de ma faute… s’immisce Daegan.

— Ah oui ?! réplique Alizée en fronçant les sourcils, prenant son air d’avocate sans crainte et parfaite. Et qu’as-tu fait pour qu’elle se sauve ? Je connais très bien ma sœur et je pense que tu n’as pas été des plus tendres avec elle !

Tous deux parlent de moi comme si je n’étais pas là et il est hors de question que Daegan endosse le rôle du méchant. Il n’y est pour rien dans mes bêtises finalement, car comme toujours, j’ai abusé ! De plus, ce sont mes conneries qui m’ont mise en danger alors, là, tout de suite, je vais assumer !

— Non, c’est de ma faute Alizée. On passait tous les deux une bonne soirée et… je suis devenu parano en trouvant des capotes dans la salle de bain. Donc voilà, j’ai fait semblant d’être fatiguée et Daegan s’est proposé pour me raccompagner. J’ai profité d’une minute d’inattention pour m’enfuir. C’est gamin, je sais...

— Putain, mais tu imagines deux secondes ce qui aurait pu t’arriver ?!

Ma sœur est hors d’elle, véritablement furax contre moi. Quant à Daegan, ses iris me transpercent, mon coeur rate un battement, je chavire…

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