Mélancholies et détresses de Décembre
J'ai le cerveau qui déborde. À chaque rencontre, on me donne des conseils, des pistes de solutions, mais peu de réponses. Je ne peux plus accepter qu'on me dise que je sais les réponses. Mon cerveau déborde de questions depuis ma tendre enfance. J'ai toujours tenté de répondre seule, de comprendre seule, de me débrouiller seule. Comme je me retrouve encore une fois nulle part, prise dans le vide, alors que j'approche de la trentaine, je me demande quand est-ce que je les aurais, ces réponses ?
Qui sait ce que cela signifie, de vivre pour soi et non pous les autres ? Qui sait ce que nous sommes, lorsqu'il n'y a personne autour ? Quelle est cette tristesse que j'ai, lorsque je te regarde dormir, alors que se mélangent en moi l'amour et la détresse de vivre ? La vie coule et s'effrite à la fois entre mes doigts, sans que je puisse en comprendre la substance, la texture et le sens. Qui pourrait me dire, si je vivais ma vie à l'envers, avec l'étiquette en avant, juste pour montrer à quel point je suis mélangée ? Qui peut m'aider à me replacer, à me redresser, à couper toutes les étiquettes, à m'enfuir de l'ombre que je suis devenue ?
Qui peut me dire la différence entre Paraître et Être ? Par quel chemin est-ce que l'on trouve sa voie ? Si l'arbre qui tombe ne fait aucun bruit sans témoin, suis-je déjà morte sans m'en être rendue compte ? Suis-je le souvenir de celle que j'aurais pu être, si je n'étais pas qu'une parure ? Suis-je les remparts d'une cité fantôme, où les rues s'empoussièrent, avec le souvenir d'un peuple défunt ? À vouloir tout protéger, est-ce que j'ai asphixié l'humaine en moi ? Dans mon chemin vers le papillon, peut-être que je me suis durcie au lieu de ramollir, dans mon cocon, ne laissant qu'une pierre à la forme étrange, mais sans valeur ?
Comment faire pour reprendre espoir, alors qu'on l'a gaspillé ? Qu'est-ce qui peut servir d'essence, lorsque l'âme est à sec ? Comment croire au Bonheur, alors que ce dernier nous a tant trahi ? Qui pour réparer un coeur courbaturé, qui a passé entre tellements de mains, qu'il en est noirci d'empreintes ? En qui avoir confiance, quand tous promettent sans tenir et aiment sans rester ? Pourquoi vivre quand ceux qui ont les réponses ne répondent plus à l'appel ?
Mon cerveau déborde. Par cette accumulation, je me retrouve enterrée sous deux décennies de questions sans réponse, en quête d'un sens qui ne semble pas exister. Si tout ceci n'est qu'une simulation, je trouve la personne derrière avec une cruelle sadisme. Je pense que j'ai assez donné. Je ne sais plus comment avancer, quoi faire. Mais je ne veux pas abandonner. Malgré tout, le chemin parcouru a été fait. J'ai survécu. J'ai rampé. J'ai accusé les coups sans rechigner, sans en rendre. Je ne veux plus être cette bonne chrétienne repentante, en attente de son titre de martyre.
J'aimerais juste Être.
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