Chapitre 16

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 Fabienne était une ravissante Guadeloupéenne de vingt-cinq ans (j’avais dix-huit ans à l’époque), qui faisait des études à l’I U T. Ste Marguerite, et posait pour Maïa afin d’arrondir sa bourse. Elle avait des seins pareils à des noix de coco, et tous aussi savoureux. La première fois que je l’ai rencontrée, elle sortait de l’atelier de ma tante qui se trouvait à une centaine de mètres de l’avenue Fragonard, au fond d’une cour, où l’on accédait par un passage voûté.

« Vous venez poser, vous aussi ?

— Non, je suis son neveu.

— Ah oui, elle me parle beaucoup de vous. Je m’appelle Fabienne.

— Moi, c’est Anicet. »

Elle m’a tendu ses joues que j’ai embrassées, non sans ressentir une forte chaleur entre les jambes car en se penchant j’ai eu la vision de ses seins qu’aucun soutien-gorge ne recouvrait. Comme elle s’en est rendu compte, elle m’a dit le plus naturellement du monde, avec un petit clin d’œil, tentateur :

« Ça te dirait d’assister à la prochaine séance de pose ? Je suis toute nue. »

J’ai beaucoup rougi. Elle a ajouté avec un petit rire :

« En tout cas, si tu ne peux pas assister, tu peux toujours faire un tour chez moi. J’habite un petit studio boulevard Napoléon III. »

Elle m’a tout appris de l’amour et surtout, à bien le faire. Sa méthode a été efficace : chaque fois qu’elle n’avait pas eu de plaisir, elle me mordait l’index gauche ; autrement, elle me le léchait. Elle me répétait comme un leitmotiv : « Tu te trompes, mon chéri, si tu penses que ton sperme part aussi vite que le lait bouillant qui déborde de la casserole. De même que tu peux régler l’intensité du feu pour qu’il chauffe plus lentement, tu peux freiner ton ardeur, et retarder le moment de sa libération. Tu es son maître, et toi seul dois décider quand tu veux le faire jaillir. N’oublie jamais ceci : l’éjaculation est au baiseur, ce que la rime est au poète : une esclave qui ne doit qu’obéir. »

Au bout de trois mois, l’élève avait égalé la maîtresse et, avant de rentrer chez elle, à Pointe à Pitre, elle m’a dit d’un ton sincère et ému : « Je regrette de devoir partir, Anicet. Tu m’as donné plus de plaisir que je ne t’en ai donné et, désormais aucune femme ne te résistera. »

C’est en passant devant la table où elle était assise en face d’une dame au look Françoise Hardy qui aurait dégotté ses fringues dans un surplus militaire, que ses mots me sont revenus à l’esprit et, au même instant où j’ai tourné ma tête vers elle a tourné la sienne vers moi. La surprise mêlée d’incrédulité que je lisais sur son visage, devait sans conteste, s’afficher sur le mien : et, les quelques fractions de secondes qui se sont écoulées avant qu’elle ne se lève, et que nous nous serrions dans les bras l’un de l’autre, nous ont parus une éternité.

L’âge l’avait embellie, épanouie et la sensualité de son corps que j’étreignais contre le mien (manifestation de nos retrouvailles), était toujours aussi onctueuse et vibrante. Son odeur, piquante et musquée, pénétrait mes narines et s’infiltrait le long de mes veines et de mes artères et irriguait de désir mon organe le plus érectile qu’heu-reusement j’avais appris (grâce à elle) à maîtriser.

Après les mots, toujours remplis de nostalgie, des retrouvailles, elle m’a présenté Georgina, une de ses prof de l’IUT, ancienne Soixante-Huitarde et anti tout ce qui pouvait représenter l’autorité, la répression, l’oppression, la subversion etc. Elles buvaient une bière et m’ont proposé de me joindre à elles si le cœur m’en disait. Comme il n’était pas contre, je me suis assis.

« D’autant que dans quelques instants, vous aurez l’occasion d’entendre, une voix aussi belle et pure que celle de Joan Baez. C’est ma petite protégée que vous voyez là, en train d’accorder sa guitare. »

Sa voix masculine, grave et profonde (Sans doute fumeuse de plus d’un paquet par jour, doublée d’une vapoteuse), et la façon dont elle couvait des yeux la jeune fille qui s’apprêtait à commencer son tour, m’ont fait comprendre, sans l’aide d’un dessin, la signification qu’elle avait donnée au substantif : « protégée ».

« Elle s’appelle… »

Et avant même qu’elle ne prononce son prénom, il m’était échappé des lèvres et c’est conjointement que nous avons dit :

« Roxane. »

Elle m’a regardé étonnée :

« Vous la connaissez ? »

Sur Facebook, Roxane Littré (Aucune parenté avec le grand Emile, précisait-elle en intro de son profil) se définissait comme étudiante, habitant à Sclos de Contes, et sa situation amoureuse était compliquée. Fière de ses attributs naturels, elle les mettait très souvent en valeur sur les photos qu’elle avait postée sur son mur, et je ne m’étais pas gêné de regarder et regarder encore sa superbe poitrine qui aurait pu correspondre au millième de millimètre près au moulage de ma mystérieuse cousine. Et si elle possédait de jolies quenottes dont les incisives étaient séparées d’un diastème, elle n’avait ni les cheveux noirs, ni les yeux verts ; quant à l’âge que lui avait estimé la fille de madame Prunier (la trentaine) elle ne l’aurait atteint que dans un lustre. Donc, je l’avais écartée de la liste de mes probables donatrices. Elle aimait mes livres, cela ne faisait pas de doutes, mais aussi la plupart des photos sur lesquelles j’apparaissais, qu’elle likait très souvent d’un émoji ‘’heureux’’ quelques fois d’un pouce en l’air, et je me suis même demandé si ce n’était pas une certaine pudeur qui la retenait de cliquer sur l’émoticône cœur.

Assise sur une chaise surélevée, vêtue d’un chemisier à carreau rouges et blanc plus que cintré, elle finissait d’accorder sa guitare, tandis que mes yeux impudiques pouvaient enfin admirer sa sublime florescence, en 3D !

« Vous la connaissez ? »

Je ne voulais pas lui répondre qu’elle faisait partie des 164 Roxane abonnées à ma page, alors j’ai osé :

« Ce n’est pas la première fois qu’elle chante ici, n’est-ce pas ?

— Non.

— Alors j’ai dû l’entendre. Je fréquente très souvent cette bièrerie.

— Sa voix a dû vous plaire ?

— Oui.

— Elle sera ravie que vous le lui disiez. Vous savez… » Elle s’est interrompue, m’a bien regardé : « Vous êtes bien Alex Cantié ? » J’ai acquiescé : « Elle vous admire beaucoup. »

Je ne le savais que trop, et j’ai opiné de nouveau du chef.

« Je lui ferai signe de venir boire un verre après son tour. »

Puis, les premières notes ont jailli de sa guitare, bientôt suivies par les premiers sons de sa voix et une ravissante Irlandaise aux cheveux roux, aux multiples taches de rousseur et aux magnifiques yeux vert émeraude (Même nuance que ceux de Maïa), est venue prendre ma commande

Fabienne s’était subrepticement rapprochée de moi. Sa main, sous la table avait saisi la mienne et la promenait le long de ses cuisses, tout en jetant sur moi des regards qui ne laissaient pas de place au doute, quant à son envie de savoir si son élève avait fait des progrès en dix-sept ans.

Même à travers la toile de son pantalon, ma main qu’elle avait posée sur son sexe lui provoquait d’imperceptibles soubresauts érotiques qui, à la longue auraient fini par être un peu trop démonstratifs ; ainsi, après quelques instants, elle l’a retirée, et la tenue serrée dans la sienne, puis, elle a posé sa tête sur mon épaule et je pouvais sentir son souffle tiède sur mon cou.

Un serveur (tiens, où était passée ma jolie rousse ??) a posé mon verre de Guinness et m’a présenté la note à régler d’avance. J’ai libéré ma main gauche de la douce étreinte de celle de Fabienne dont la tête reposait toujours sur mon épaule. J’ai sorti mon portemonnaie qui ne contenait que deux billets de cinquante euros. Je lui en ai tendu un qu’il a pris, et s’est mis à farfouiller dans sa sacoche afin d’y piocher mon reste, qu’il m’a remis avec un grand merci à l’accent Britannique.

Après avoir rangé mes billets et ma monnaie, nos deux mains ont repris leur étreinte discrète sous la table.

Roxane en était à sa troisième chanson, et Georgina la buvant littéralement des yeux, devait ressentir dans son bas ventre exactement les mêmes sensations que moi dont les narines commençaient à s’imprégner des phéromones que le corps de ma superbe Guadeloupéenne et le mien dégageaient. Mon sexe commençait à prendre la dimension proche de celle de non-retour, celle où il aurait annihilé tout raisonnement en moi, et m’aurait fait agir comme un cerf en rut, se ruant sur la biche en chaleur, qui correspondait tout à fait à l’état dans lequel se trouvait ma sublime maîtresse qui, s’en étant rendu compte, m’a mordu discrètement le lobe de l’oreille.

Je ne pouvais que rendre grâce au hasard de cette rencontre, qui venait éveiller mes sens engourdis depuis vendredi soir, lorsque celle qui n’était encore que ma future ex avec laquelle je devais passer un weekend de rupture érotique sur le bord du Lac Majeur, s’était pliée en deux en pénétrant chez moi, en me suppliant de lui indiquer au plus vite où se trouvaient les toilettes.

Je retrouvais enfin ma vigueur et je sentais dans mes veines affluer la sève du désir.

« Elle chante bien, n’est-ce-pas ? »

J’avais mis quelques fractions de secondes pour réaliser que cette question avait été posée par Georgina.

« Oh oui, merveilleusement bien. »

Pieux mensonge, car en réalité mes oreilles, trop occupées à réentendre les bribes de conversation qui, dix-sept ans auparavant, emplissaient nos moments de pause entre un coït et l’autre. Conversations où se mêlaient littérature, voyages, paysages de sa Guadeloupe, et projets d’avenir.

Lorsque le dernier accord a retenti, nous l’avons applaudie. Elle a rangé sa guitare à côté d’elle et, sous un signe de Georgina, elle s’est approchée de notre table. Elles se sont embrassées puis, m’ayant aperçu, ses yeux ont failli sortir de leurs orbites et sa mâchoire inférieure se détacher de la supérieure. Fabienne, lui a fait un petit signe de la tête. Elle est venue lui faire la bise, avant de se planter devant moi et s’immobiliser comme une statue de sel.

« Je… peux vous faire la bise ? M’a-t-elle demandé au bout de quelques instants.

— Bien volontiers. »

Je me suis levé, j’ai appuyé mes deux mains sur ses épaules et, tandis que nos joues se rapprochaient, une image érotique m’est apparue : je me trouvais dans un grand lit entre Fabienne et Roxane.

Elle s’est assise à notre table (à côté, tout à côté de sa protectrice…) et pendant cinq bonnes minutes, je suis devenu le centre d’intérêt.

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