Tu es là

2 minutes de lecture

J’ai toujours aimé les bibliothèques, mais pas celle-là. Elle a des relents de supermarché, ce qui est généralement mauvais signe, peu importe ce dont il est question.

Une femme pousse un landau dans un rayon parallèle au mien. Elle est à la recherche d’évasion, comme nous tous ici. Les étagères sont ridiculement basses, je ne peux donc échapper au regard suppliant qu’elle me lance. Sa détresse discrète me glace.

Mais quoi? Un instant. Toutes les conversations semblent s’éteindre. La jeune mère disparaît. Je ne la vois plus et je ne regarde plus les livres, je ne suis plus là pour ça.

Je te cherche, car il me semble avoir reconnu le son de tes pas s’enfonçant dans cette odieuse moquette rouge qui nappe le sol de la bibliothèque. Tu es là, tout près, j’en suis sûr. Quelque part, au milieu de ces choses sans âme, tu es là. Je traverse les allées à grandes enjambées, ma tête s’agite, se tourne et se retourne, j’ai des yeux de fous et toi où es-tu? Je sens ton odeur. J’étudie toutes les silhouettes que je croise sans avoir besoin d’en voir les visages. Certaines te ressemblent, certes, mais ce n’est pas toi.

J’avance, je m’élance, dans toutes les directions à la fois. Je m’appuie sur des gens, des choses, je les pousse, les renverse. Et soudain, tu es là.

Tu es assis dans un vieux fauteuil brun, d’un goût étonnant pour l’endroit. Tu t’enfonces dans ton siège et croise les jambes. Tu m’as vu venir, n’est-ce pas? Ça a l’air de t’amuser de me voir dans cet état. Tu souris.

Je halète encore. Mon ventre déborde de feu et ma gorge est remplie d’épines. Je ne te vois déjà plus, mes yeux sont emplis de larmes.

Je tombe à genoux et je pleure comme un enfant, le visage caché entre mes mains tremblantes. Mais mes membres se meuvent et sans que je puisse résister je rampe lentement, comme un animal, sur le sol écarlate pour te rejoindre. Je m’agrippe à tes jambes indolentes pour me hisser vers toi. Je plonge dans tes bras, tu les refermes sur moi.

Je sens ton cœur battre contre le mien. Alors, je cesse de pleurer.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Hemera Lex ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0