La genèse
Le jeune dieu entendit le son des fers qui se croisèrent lui parvenir de nouveau. Voyant son manque de concentration, elle lui crocheta brusquement sa jambe dominante et sentit son corps tomber à la renverse sur l’herbe, son épée glissant de la paume de sa main.
-Tu es en très mauvaise posture si tu rencontre des ennemis, dit-elle.
Il lui lança un regard courroucé tandis qu’Alfirin tendit sa main, lui adressa un sourire dévoilant ses crocs. Elle aida Argos qui se releva en prenant appui sur le sol, mit la lame dans son étui. Il ramassa son arme puis observa l’horizon, la chaleur de la journée ensoleillée les réchauffèrent. Ils se trouvaient à l’arrière de l’Olympe dans lequel se situait en son centre une sculpture qui représentait une mortelle vêtue d’une stola. Ce fut Niobé, celle qui engendra Argos, le nourrisson amené dans un village en Grèce avant de perdre la vie.
Soudain, l'Amazonide discerna une ombre provenant du hall. Elle se retourna, aperçut un inconnu d’un physique semblable à Zéus. En la voyant se détourner, il fit de même. Il reconnut la personne comme étant le parent qui devait leur rendre visite. Il s’avança à l’intérieur de l’Olympe en remettant l’épée dans son fourreau et s’arrêta face au nouvel arrivant.
- Je me nomme Poséidon, le dieu des océans, dit-il. Je suppose que vous êtes le fils de Zéus et d'après la rumeur, vous êtes celui qui aurait combattu le Kraken avec l'aide d'une Amazonide.
Il porta son attention vers l'extérieur du hall, Alfirin s'était éclipsée. Légèrement décontenancé, il tourna le regard en direction de son interlocuteur qui fut quelque peu embarrassé par sa disparition.
- Les circonstances étaient propices afin de récupérer la boîte de Pandore. dit Argos d'un ton nerveux.
Poséidon le considéra un instant, communiquant son besoin de se reposer. Ils montèrent les escaliers menant à l’étage et lorsqu'ils furent sur le palier, Argos ouvrit l'entrée de l’un des appartements, le laissant franchir le seuil. Il décida de marcher en direction de sa chambrée afin de se préparer pour le banquet organisé pour cette nuit. Lorsqu'il fut dans la pièce, il referma la porte derrière lui. Il se lava dans une source thermale, se nettoya puis enfila un khiton de laine et des sandales. Il mit un bandeau fin aux motifs de feuilles d’or qui contourna son front et ses cheveux bouclés ainsi qu’un bracelet de bras d’un métal semblable à celui de son accessoire.
Argos se remémora d'une discussion en présence de Naranwe au sujet du départ de leur voyage. Il se rappela de son mécontentement quand il eut annoncé, se souvint du soupir avant de capituler face à sa décision. Il essaya de se concentrer sur le présent et décida de sortir de la pièce. Il descendit les escaliers, aperçut l’àlfar qui conversait avec Miryan. Ils étaient proches de la Salle d’Apparat, le lieu où se déroulaient les banquets. En le voyant arriver, elle l’interpella. Elle était vêtue d’une belle robe de soie verte, une ceinture en argent attachée à sa taille. Quand à l’àlfar, il portait l’habit des divinités grecques de couleur grenat et des bottes de cuir naturel d’une teinte marron, les mèches de sa longue chevelure étaient tressées avec de minuscules anneaux. Le jeune dieu s’arrêta face aux allocutaires.
- Tu as bien mûri depuis le banquet de ton entrée à l’Olympe, dit alors Miryan. Ton élégance est de mise pour le banquet.
- Je vous retourne le compliment, votre présence en ces lieux nous est très précieuse. dit Argos. Si vous le permettez, voulez vous que je vous accompagne dans la Salle d’Apparat ?
- J'accepte ta proposition, dit Miryan. Ton attitude est digne de ton rang, fils de Zéus, dit Miryan.
Argos eut un sourire modeste et l’emmena à l’intérieur, suivi de l’àlfar. Il aperçut Alfirin qui discutait avec sa demi-sœur. Elle avait délaissé le fendard dont elle était habituellement accoutrée contre une robe-tunique en chanvre rose, ses cheveux était attachés en un chignon. Son regard se tourna vers son paternel qui l’attendait à la table centrale. Il s'excusa auprès de Miryan, la laissa en compagnie de Naranwe. Il traversa la salle, rejoignit Zéus puis s’assit à sa gauche.
- J’ai eu une discussion avec Poséidon à l'entrée de l'Olympe, dit alors Zéus. Je pense qu'il t'as ensuite rencontré dans le hall.
- En effet, dit Argos.
- Il m'a demandé de t'offrir son présent, dit Zéus. Un nectar qui a été accentué par du gui, d'après ses dires.
Le dieu posa sur la table chargée de mets une Dame-Jeanne remplie du fameux mélange composé de miel et de vin. Il versa le contenu dans leur coupe mise à leur disposition, le prit à ses lèvres en savourant le liquide doux et exquis. Argos sentit le breuvage le revigorer intérieurement, dégustant le goût sur son palais, l’arôme de la plante embauma l’air de son parfum. Ce fut la première fois qu’il rencontra cette sensation de bien-être après s’être abreuvé d’un nectar. Son paternel se leva, les rumeurs des conversations cessèrent.
- Nous allons à présent célébrer un événement important cette nuit, dit Zéus en élevant la voix. La naissance de mon fils Argos. Il devient au fil du temps un dieu d’exception, n’hésite à porter secours auprès de sa famille et brave les dangereux périples en compagnie de corrélations que nous avons côtoyé lors des siècles passés. C'est aussi ma progéniture que l’on préserva corps et âme.
- À Argos, dirent les divinités
Lorsque Zéus eut proclamé son discours, il se rassit sur son siège. Les convives prirent leur repas composés de perdrix rôtis ou de poissons accompagnés d’huîtres avec des légumes. Il y avait des potages de choux, des galettes de miel et du vin pour les àlfars. Argos, scruta la salle, ne voyant Poséidon. Il décida de faire part de son observation à l’adresse de son paternel.
- Il est une divinité qui n'a l’habitude de festoyer, explique Zéus. Il possède un Royaume sous-terrain dans les profondeurs des océans et n’entretient de correspondance avec l’extérieur. Il est occupé à élever ses chers cyclopes, ceux qui ont façonné mon sceptre qui m'a procuré la capacité de la foudre, tel est notre pouvoir.
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