Ton absence

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Il pleuvait ce jour-là. La pluie n’était pas forte, mais elle tombait en fines gouttes glaciales, un peu comme les larmes silencieuses qu’elle retenait depuis trop longtemps. Anna se tenait là, immobile, sur le seuil de la maison qu’ils avaient partagée. Sa main tremblait légèrement alors qu’elle serrait contre elle un vieux pull qu’il avait laissé, comme un vestige oublié. Elle pouvait encore sentir son parfum, léger mais indéniablement présent, comme un fantôme qui refusait de la laisser partir.


Chaque recoin de la maison semblait murmurer son nom. La tasse qu’il utilisait chaque matin pour son café, le livre posé à moitié ouvert sur la table basse, son manteau encore accroché derrière la porte. Tout semblait figé dans le temps, comme si rien n’avait changé… et pourtant, tout était différent. Il n’était plus là.


Elle s’avança dans le salon, le pull toujours contre sa poitrine, comme si cela pouvait combler le vide immense qui s’agrandissait en elle. Chaque pas résonnait dans le silence pesant de la pièce. L’absence était une présence en elle-même. Elle n’avait jamais compris que le vide pouvait être si bruyant, si oppressant, jusqu’à ce qu’il parte. Maintenant, elle l’entendait partout.


Elle se laissa tomber sur le canapé, le regard fixé sur le vide devant elle. Une semaine. Sept jours sans nouvelles. Sept jours sans entendre sa voix. Chaque heure qui passait semblait arracher un morceau de son âme. Elle avait oublié comment respirer sans lui, et pourtant, chaque inspiration lui brûlait la poitrine, une douleur sourde qui ne disparaissait jamais vraiment.


La dernière fois qu’ils s’étaient vus, leurs paroles avaient été comme des lames. Ils s’étaient blessés sans vraiment le vouloir, mais la colère avait éclaté, brisant quelque chose entre eux. Elle n’avait pas pensé qu’il partirait vraiment. Pas lui. Pas comme ça.


Anna attrapa son téléphone, ses doigts glissant sur l’écran. Elle avait déjà essayé d’envoyer des messages, des appels sans réponse. Chaque silence était une nouvelle cicatrice. Mais elle ne pouvait pas s’empêcher de relire leurs derniers échanges, comme une plaie qu’on gratte sans cesse, incapable de laisser guérir.


"Je ne sais pas si on peut continuer comme ça."


Ce dernier message flottait devant ses yeux. Elle sentit alors les larmes monter une fois de plus. Il n’avait pas dit "je te quitte", mais ces mots étaient pires. L’incertitude, ce doute qui la rongeait de l’intérieur, la laissait pendue à un fil invisible. Elle aurait préféré une rupture claire, nette, même si cela lui aurait brisé le cœur. Mais là, c’était pire. Elle était condamnée à attendre, à espérer, à mourir un peu plus chaque jour sans savoir si l’attente aurait une fin heureuse… ou si elle attendait pour rien.


Elle laissa échapper un sanglot. Le premier depuis qu’il était parti. Un seul, mais il en appela d’autres, et bientôt, elle pleurait comme si tout l’amour qu’elle avait pour lui s’évaporait dans ses larmes. Elle l’aimait encore, malgré tout. Il lui manquait avec une violence qu’elle ne pouvait plus contenir.


Elle tendit la main vers le pull qu’elle tenait toujours, enfouissant son visage dedans. Son odeur était là, et elle ferma les yeux, se laissant emporter par les souvenirs. Sa voix, son rire, la chaleur de ses bras autour d’elle. Tout ce qu’elle avait perdu. Tout ce qu’elle ne savait pas comment récupérer.


Le temps semblait s’étirer, la laissant seule avec sa peine. Chaque minute passée sans lui était une éternité. Anna sentait que la douleur ne la quitterait jamais vraiment, même si un jour il revenait. Parce que quelque chose en elle s’était brisé ce jour-là, quelque chose qu’aucun retour ne pourrait réparer.


Et alors qu’elle continuait de pleurer, elle réalisa enfin qu’il n’y avait peut-être pas de retour. Peut-être que certaines absences étaient faites pour durer.

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