Chapitre 8 - Vindikaëll

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Je fronce les sourcils.

J’ai écouté le récit de Lylhou avec intérêt, sans l’interrompre, et la situation est effectivement, comme me l’indiquaient déjà les derniers rapports, critique.

Après un long silence, je m’enfonce dans mon fauteuil en soupirant.

– Tout ceci ne me dit rien qui vaille, commencè-je en faisant rouler mon cure-dent sur mes lèvres. Ce kirk doit être éliminé au plus vite et je vais devoir en informer le flambellan…

Tout en me flattant la barbe d’un geste pensif, je continue :

– Bon, c’est dommage, je suis allé le voir hier. Il faudra que je songe à prendre un abonnement.

Ma fille sourit.

– Tu as eu rendez-vous avec le flambellan ? Pourquoi ? Il t’a tiré les oreilles ?

– Non ! Non, il y a quelques semaines, ses intendants m’ont confié une mission de chasse vers Lass’Lorienne. Apparemment, les marchands qui transitent là-bas sont souvent victimes d’attaques de sombres bêtes, ce qui leur déplait fortement au vu des tensions qui existent encore entre Mas’Souna et nous. Inutile de te dire que les Suniens ne voient pas d’un bon œil la disparition de leurs caravanes… J’ai donc dépêché les Trois Chasseurs, mais ils ne sont toujours pas rentrés alors que le flambellan attend leur retour avec impatience.

Elle hoche la tête.

– Ils ne devraient plus tarder alors. Peu de choses sont capables de leur faire face.

Arakis, accrochée au plafond, face vers le bas, plisse sa kyrielle d’yeux brillants de mépris et fait la moue.

– À moi non plus, peu de saloperies ne m’arrivent à la cheville, qu’elles soient sombres ou non.

Un sourire fleurit sur les lèvres de Lylhou alors qu’elle lève la tête vers elle.

– Tu es jalouse, poussinette ?

– Pfff, moi ? Jalouse de ces baltringues de rôdeurs ? N’y pense même pô.

– Ce n’est pas dans ton habitude de sous-estimer tes compagnons.

Sentant la conversation déraper entre les deux compères, je me racle la gorge bruyamment. Ma fille tire aussitôt la langue :

– Pardon, papa. Où en étions-nous ? me dit-elle innocemment.

– Nous en étions que je dois aller voir le flambellan pour lancer une mission d’élimination contre ce fichu kirk.

Elle arque un sourcil.

– Un kirk reste un kirk, quelle que soit la longueur de sa queue… Pas besoin de l’aval du flambellan pour le tuer…

– Un kirk qui rassemble une armée de plus d’un demi-millier d’individus doit en avoir une belle… Alors, oui, le flambellan doit être au courant et ce monstre ne doit surtout pas être pris à la légère…

Arakis hausse les épaules nonchalamment alors que je me lève et me campe, mains dans le dos, devant la fenêtre de mon bureau. Pendant un instant, je contemple le Haut-Quartier qui s’étend à mes pieds.

La Mère Soleille commence à disparaitre à l’horizon et, dans sa pâle lueur déclinante, ses derniers rayons de lumière lèchent les toits d’ardoises de la cité et plongent ses rues toujours animées dans l’ombre.

Je me retourne, la mine grave. Je venais de me dépouiller du visage de père pour revêtir celui du maitre des Aurores Éternelles :

– Je vais y aller tout de suite. Il doit être encore à l’hôtel de ville à cette heure-ci.

Je regarde ma fille et laisse un sourire se dessiner malgré moi, empli de tendresse pour elle.

– Je ne peux pas partager de repas avec toi ce soir, mais je peux au moins t’accompagner jusqu’à la sortie, lui dis-je alors d’une voix douce.

Je me dirige vers une paterne d’où j’y décroche une lourde cape avec un col de fourrure que je mets sur mes épaules. Puis, j’invite Lylhou à me suivre en lui tendant le bras.

Elle le prend et nous descendons les escaliers pour rejoindre la grande porte d’entrée en silence, Arakis sur nos talons.

À cette heure tardive, le hall est vide et la plupart des Aurores sont rentrés chez eux ou mangent à l’ordinaire à l’étage. La vaste pièce, à l’architecture sobre et éclairée par d’énormes chandeliers pendus au plafond, occupe tout le rez-de-chaussée. Au centre, des tables et des tabourets sont installés en arc de cercle autour d’un panneau de bois où sont affichées les diverses missions que propose la guilde.

Dehors, une fois sur le seuil, une petite brise, venue du crépuscule naissant, caresse mes joues. Je m’arrête un instant pour plonger mon regard dans celui de ma fille, puis je lui frôle le front d’un baiser, un geste aussi léger que ce vent frais.

– Fais attention à toi, ma puce. Je t’aime.

Puis, je me retourne et prends la direction de l’hôtel de ville en remontant la rue.

Ce faisant, je contourne la cour intérieure et les remparts de notre donjon. Anciennement citadelle de la garde, les Aurores Éternelles y avaient élu domicile à la suite de la Bataille de Mas’Kiria. Après de longs travaux de réhabilitation, le fort était parfait pour une guilde de raideurs comme nous. Dans la tour principale se trouvent le grand hall que nous venons de quitter, l’ordinaire et la bibliothèque, ainsi que mon bureau et ceux de mes officiers. Les bâtiments alentour abritent des loggias et des baraquements pour nos membres, un patio, une petite salle de classe, des terrains d’entrainement et un parc avec un plan d’eau arboré. De l’autre côté de la rue se situe l’Académie, là où tous les jeunes de six ans entrent pour y faire leur scolarité. De ces murs sortent les futurs guérisseurs, maçons et acrobates de la ville. Chaque corps de métiers y est représenté et les enfants sont rassemblés en promotion en fonction de leurs compétences, capacités et motivation.

À la base, Lylhou, qui avait quelques facilités, a entamé des études de savoir. Mais rapidement, sa sœur la traina dehors et la soif d’aventure commença à naitre en son cœur. Maintenant, pour rien au monde elle ne voudrait s’enfermer dans une bibliothèque pour y apprendre les mystères de notre monde. Bien au contraire. Aujourd’hui, ma fille alimente elle-même ces mystères en allant les dénicher au fin fond des pays les plus éloignés qui soient.

J’aborde l’allée de la Tour.

Les rues sont encore bien animées et il faut slalomer entre les passants, mais j’arrive enfin à la place des Rois, devant l’hôtel de ville. Je m’arrête sur le parvis en marbre gris, les ombres de ses colonnes immenses projetées sur le sol.

Je n’ai jamais eu d’affinités pour les politiques. Ils semblent déconnectés de la réalité, flottant dans une bulle qui ignore les enjeux du terrain. Mais je dois cependant me résoudre à la vérité : sans l’approbation du flambellan, aucune mission officielle au-delà de nos frontières ne peut être initiée.

En fin de compte, je n’ai guère d’autre choix que de me soumettre à ce processus contraignant.

Tandis que je monte les marches deux par deux, et après avoir salué l’un des gardes que je connaissais, Ryad de son nom, j’aperçois la silhouette d’une de mes rivales qui patiente dans le hall.

Je fronce les sourcils en la voyant. Pourquoi Anaria, ici, à cet instant précis ? Une vague de méfiance m’envahit alors que je cherche à comprendre ce qu’elle pourrait mijoter.

D’un mouvement fluide et presque surnaturel, elle se tourne vers moi, coupant court à mes interrogations.

Son visage, fin et nacré, est encadré de longs cheveux roux flamboyants qui scintillent comme un soleil couchant. Ses yeux, semblables à deux opales étincelantes, captent la lumière avec une intensité presque hypnotique. Sa silhouette élancée est moulée dans une robe carmin qui semble flotter autour d’elle avec une élégance hors du commun. La mage qui se tient devant moi est Anaria, la maitresse des Poussières d’Étoiles, une guilde d’aventuriers rivale de la mienne.

– Messire Vindikaëll, commence-t-elle d’une voix doucereuse en s’inclinant. C’est un plaisir que de vous croiser en ce sombre soir.

Son sourire éclaire la pièce tel un rayon de soleil dans une journée grise. Chaque geste semble calculé pour captiver, et malgré la froideur de la grande salle, sa présence est comme un souffle de chaleur.

Je force une mine courtoise :

– Tout le plaisir est pour moi, dame Anaria. Vous attendiez quelqu’un ?

– En effet. Mais il vient d’arriver.

Un rictus amical se dessine sur son visage. Machinalement je me retourne et cherche du regard quelqu’un d’autre, mais nous sommes seuls dans le hall soutenu par de larges colonnes blanches.

– Vous m’attendiez, moi ? repris-je, non sans étonnement.

Elle hoche la tête gracieusement, avec tout le charme des femmes de son rang.

– En quel honneur ? continuè-je.

– Je sors à l’instant du bureau du flambellan. Nous étions en train de discuter de la situation à l’Ouest et des derniers rapports que mes rôdeurs m’ont fait parvenir. Puis, à la fenêtre, je vous ai vu approcher et je suis venue vous accueillir en personne.

Son ton mielleux va à l’encontre de nos relations habituelles et je reste sur la défensive.

– Je connais encore le chemin de la salle du conseil, ma dame, malgré tout le respect que je vous dois.

Elle rit.

– Je sais, messire. Mais je ne suis pas seulement descendue pour vous faire un brin de causette et de charme, bien que cela soit très agréable. Je suis surtout venue à votre rencontre pour vous demander, solennellement, d’enterrer nos différends, au nom des batailles à venir.

Je ne m’arrête pas sur son numéro de séduction, et poursuis d’un ton un peu rude.

– Quelle bataille à venir ?

– Le flambellan veut exterminer le grand kirk.

– Comme c’est étrange, c’est précisément la raison de ma visite tardive, ricanè-je.

– Et il va confier cette mission à nos deux guildes, me coupe-t-elle.

Je carre la mâchoire.

– Comment cela ?

La vraie question était surtout : comment pouvait-il savoir que je préparais une mission là-bas ? Lylhou est réservée, peu encline à dévoiler ses faits et gestes avant ses rapports. Cette situation cache quelque chose…

– Vous n’avez pas de clerc de disponible. Je n’ai pas de guerrier. Et le flambellan le sait.

– Peut-être. Mais ma fille n’a besoin ni de clerc ni de guerrier. Elle travaille seule.

– Cette fois-ci, cela ne sera pas possible. Vous ne pouvez pas faire peser le poids de notre pays tout entier sur les épaules de votre fille… Nous parlons d’un grand kirk comme nous n’en avons pas vu depuis les Guerres des Ogres.

Je me mords les lèvres et commence à monter les escaliers, les yeux plissés, escorté de près par la mage.

– Vindikaëll… Attendez !

Je m’arrête et me retourne. Les dents serrées, elle continue d’un timbre si abattu qu’il m’interdit toute échappatoire :

– Trois de mes rôdeurs sont morts durant leur périple… L’avenir de nos nations, voire peut-être du monde entier, est en train de se jouer ce soir, messire. Ne gâchez pas tout par égo et par rancune…

Sa voix périt au fond de sa gorge.

– Je suis navré pour vos pertes, ma dame, répliquè-je d’un ton compatissant.

– Ce sont les risques du métier. Même si je ne sors plus autant qu’avant, nous avons tous frôlé la tombe un jour ou l’autre, et vous plus que tous les autres, j’en suis certaine.

Elle s’arrête un instant. Dans son regard de braise, je perçois une profondeur troublante, une peine et une tristesse infinie qui semblent presque démesurées. Est-elle sincère ? Cette nuit, veut-elle vraiment mettre de côté notre passé tumultueux et construire une alliance ?

Pourquoi maintenant ? Pourquoi ce soir en particulier ? Anaria dispose de rôdeurs compétents ; même s’il lui manque un guerrier dans son effectif, elle pourrait aisément recruter des mercenaires ou faire appel à des paladins et des druides. Cela semble si… calculé, si parfaitement orchestré pour me convaincre.

Je scrute ses expressions, cherchant à démêler ses intentions, mais tout me parait flou, trop lisse, presque comme une mise en scène. L’odeur d’intrigue me colle à la peau et je reste sur mes gardes. La méfiance me ronge, et je me demande si je suis prêt à faire ce pas, à accorder ma confiance à quelqu’un dont les véritables motivations m’échappent encore.

– Je n’ignore pas que cela ne s’est jamais fait, poursuit-elle d’un souffle terriblement faible, comme si elle lisait ma réticence. Vous et nous, ensemble. Mais nous savons également tous les deux que les histoires qui nous séparaient dans la peur et la haine n’ont plus lieu d’être. Je ne suis pas Tyran. Je ne dirige pas les Poussières comme lui, et je n’ai aucune raison d’avoir une quelconque animosité envers vous, pas après ce que vous avez fait pour la ville.

– Je n’ai fait que mon devoir, tranchè-je. Mais pourquoi maintenant ? Qu’avez-vous appris pour placer ce kirk si haut sur l’échelle des dangers qui rôdent à nos portes ?

La mage se rapproche de moi et lève la tête, plongeant ses grands yeux jaunes soleille dans les miens. Je sens son souffle chaud, parfumé d’une odeur de menthe agréable, me faire frissonner. Mon cœur s’emballe.

– Je vous l’ai dit, Vindikaëll. Nous allons devoir faire équipe ensemble, marcher main dans la main, et je ne veux pas que l’une d’elles y dissimule un surin.

La phénix attrape alors mon poignet délicatement et me le serre, presque avec tendresse, à la manière d’une mère soucieuse pour son fils.

– Acceptez la main que je vous tends, maitre Vindikaëll. L’ère du doute entre nous est révolue. Il est l’heure de combattre côte à côte. Je sais que vous êtes doué pour discerner les intentions des autres. Voyez comme les miennes sont honnêtes, je vous en conjure.

Mes prunelles se noient dans ses yeux enflammés. Hypnotisé, je suis prisonnier de ce regard, incapable de le détacher. Alors que je scrute chaque nuance de ses iris, je perds la notion du temps, suspendu à ce lien silencieux. Ce que je découvre en elle est une sérénité désarmante, une sincérité pure qui me touche profondément. Aucune trace de duplicité, aucune ombre de ressentiment, juste une transparence déconcertante. C’est une franchise rare, presque sacrée, qui s’offre à moi comme une promesse d’authenticité.

Dans le tumulte de mes pensées, une voix intérieure murmure, presque avec timidité :

« Fais-lui confiance »

Je hoche la tête. Un fin sourire se dessine sur sa petite bouche et…

– J’accepte vos excuses, conclus-je. Mais acceptez aussi les miennes, aux noms de tous les membres de ma guilde.

Elle se lève délicatement sur la pointe des pieds et frôle de ses lèvres, qui me paraissent si douces, mon oreille.

– Merci, me souffle-t-elle. Merci, de tout cœur.

Le mien rate un battement en hurlant dans mes tempes.

Encyclopédie des Savoirs Anciens :

Les classes de raideurs

Il existe autant de métiers et de types de combattants qu’il existe d’aventuriers. Cependant, les guildes les ont très rapidement rangés dans des classes bien précises pour gérer leurs rosters, un terme militaire désignant leurs effectifs.

On dénombre principalement quatre classes d’aventuriers, souvent qualifiés par eux-mêmes de « raideurs ».

Les guerriers

Le terme « guerrier », ou « war », englobe une vaste gamme de combattants aux styles et spécialisations variés. Qu’il s’agisse d’un soldat en armure maniant épée et bouclier avec habileté, d’un archer précis et silencieux, d’un bagarreur de rue aguerri, d’un stratège militaire élaborant des plans de bataille, d’un gladiateur affrontant ses ennemis dans l’arène ou encore d’un duelliste raffiné, le guerrier incarne la force brute du combat. Ce terme regroupe tous ceux qui choisissent de se concentrer exclusivement sur les arts martiaux, délaissant l’usage des capacités élémentaires pour se vouer à la maitrise absolue de leurs techniques de combat.

Bien qu’ils manipulent tous l’énergie propre à leur peuple, les wars ne peuvent rivaliser avec les mages dans ce domaine. Leur puissance réside ailleurs : dans leur expertise des armes, leur compréhension profonde de l’art de la guerre, leur détermination inébranlable et leur rigueur face à l’adversité. Ils consacrent leur vie à affuter leurs compétences, à développer une résilience physique et mentale qui les rend redoutables sur le champ de bataille.

Ces combattants incarnent une force d’action directe, sans artifices, où chaque mouvement, chaque décision est le fruit d’un entrainement implacable et d’une discipline sévère. Que ce soit pour mener des armées, défendre un bastion ou se battre en duel, les guerriers s’appuient sur leur fougue, leur stratégie et leur capacité à maintenir une détermination inébranlable face à tout adversaire.

Les rôdeurs

Aussi appelés chasseurs, coureurs, trappeurs ou pisteurs, les rôdeurs sont des aventuriers profondément connectés à la nature, souvent accompagnés d’ainés, créatures mystiques qui les guident et veillent sur eux. Ils jouent fréquemment le rôle d’éclaireurs au sein des groupes, se distinguant par leur équipement léger, qui leur permet une grande agilité et une rapidité de mouvement. Capables de se fondre dans leur environnement, les rôdeurs excellent dans l’art de la survie, pouvant vivre seuls dans les régions sauvages et inhospitalières de Turème pendant des mois, sans aucun contact avec la civilisation.

Leurs compétences en matière de pistage, de chasse et de connaissances approfondies des écosystèmes font d’eux des alliés indispensables pour toute mission en dehors des cités. Leur expertise dans les terres sauvages, qu’il s’agisse de forêts denses, de montagnes escarpées ou de déserts arides, en fait des partenaires précieux et recherchés. D’ailleurs, il est souvent dit qu’une expédition qui ose s’aventurer dans les territoires indomptés sans la présence d’un rôdeur court inévitablement à sa perte.

Les roublards

Les roublards excellent dans l’art de l’espionnage, du sabotage, de l’assassinat et du vol sous toutes ses formes. Ces maitres de la discrétion et de la manipulation sont principalement actifs dans les cités, où leurs talents trouvent un terrain propice à leur plein déploiement. Habitués aux ruelles sombres et aux jeux de pouvoir cachés, ils préfèrent éviter les vastes étendues sauvages, car leurs compétences sont essentiellement taillées pour les environnements urbains.

Capables de se fondre dans la foule ou de disparaitre d’un simple regard, les roublards agissent dans l’ombre des grandes puissances, que ce soit pour des affaires personnelles, au service d’une guilde ou pour des missions clandestines. Leur expertise en fait des agents redoutables dans le cadre de complots, d’intrigues politiques ou d’actes de vengeance sournoise, où chaque mouvement doit être calculé avec précision.

Les mages

Les mages, aussi connus sous la dénomination militaire de « caster », regroupent tous les aventuriers qui usent principalement des courants élémentaires pour combattre ou mener à bien leur mission. Ils poussent leurs connaissances et leur maitrise de ce domaine à leur limite, et très souvent au détriment de leurs autres compétences. Comme il existe quatre flux élémentaires, les casters sont donc rangés en quatre types :

Les mages de l’Eau, les clercs, excellent dans l’art du soin et du soutien. Leur affinité avec cet alizé fluide et apaisant leur confère des pouvoirs curatifs exceptionnels, faisant d’eux des guérisseurs de renom. Sereins, généreux et profondément empathiques, ils incarnent la bienveillance dans sa forme la plus pure. Leurs talents vont bien au-delà de simples gestes de soins : ils sont aptes à restaurer les forces vitales, à calmer les esprits tourmentés et à régénérer des blessures que peu d’autres pourraient traiter.

En temps de guerre comme en temps de paix, leur présence est précieuse et recherchée, car là où passe un clerc, la vie trouve souvent une seconde chance. Leur attache avec l’Eau reflète leur tempérament doux, mais aussi leur flexibilité, capable de s’adapter aux besoins de leurs compagnons tout en apportant réconfort et espoir.

Les mages de la Terre, appelés druides, sont les gardiens de l’équilibre et les défenseurs de la matière vivante. Experts dans l’art de la protection et de la transmutation, ils savent modeler les substances naturelles et tirer leur puissance des fondements mêmes du monde. Leur lien intime avec la nature est inébranlable, semblable à celui des rôdeurs, et comme eux, ils sont souvent accompagnés par des ainés, guides spirituels ou compagnons d’aventure. Cependant, les druides vont plus loin : ils ne se contentent pas de survivre dans la nature, ils en sont une extension, une manifestation consciente de ses lois immuables. Leur existence est consacrée à la préservation de la vie sous toutes ses formes, à la défense de la flore et de la faune, ainsi qu’au maintien de l’équilibre des forces naturelles.

Droits et résolus, les druides incarnent une stabilité indéfectible, et leur neutralité émotionnelle leur permet de juger les évènements avec une froide objectivité, que ce soit face aux hommes ou devant la mort elle-même. Ils se tiennent à l’écart des conflits humains, préférant veiller sur l’harmonie universelle. Leur capacité à transformer les matériaux, à renforcer le sol sous leurs pieds ou à ériger des barrières de pierre en un instant, fait d’eux des défenseurs hors pair, inébranlables comme les montagnes qu’ils vénèrent. Ce sont des êtres d’une détermination calme, toujours à l’écoute des murmures de la terre, fidèles aux cycles éternels de la vie et de la mort.

Les mages du Feu, également appelés paladins, se distinguent par leur spécialisation unique dans le domaine du combat. Contrairement aux autres casters, qui préfèrent souvent se concentrer exclusivement à la maitrise de la magie élémentaire au détriment de leurs compétences physiques, les paladins embrassent une approche duale. Ils perfectionnent non seulement l’art de manipuler les alizés du Feu, mais aussi leurs aptitudes martiales, leur permettant ainsi de briller à la fois en tant que guerriers et en tant que mages. Cette polyvalence fait d’eux des soldats redoutés sur le champ de bataille, combinant une puissance destructrice presque inégalée avec une endurance remarquable. Leur maitrise des flammes leur confère une capacité offensive formidable, qu’ils utilisent avec une précision implacable pour dévaster leurs adversaires. Les paladins sont souvent perçus comme des combattants audacieux, animés par un courage brulant qui frôle parfois l’insouciance. Ce tempérament téméraire, nourri par la fougue même du Feu qu’ils commandent, les pousse à affronter des dangers que d’autres éviteraient avec prudence. Leurs camarades les admirent autant qu’ils les craignent, car un paladin en pleine bataille est une force inarrêtable, capable de renverser l’issue d’une rencontre par sa seule présence.

Enfin, les casters de l’Air, communément appelés shamans, possèdent une maitrise profonde des courants aériens et une affinité particulière pour la communication sensorielle. Ces mages peuvent dompter les vents les plus capricieux, de convoquer des tempêtes rugissantes ou de diriger des éclairs dévastateurs avec une précision étonnante. L’atmosphère et les forces célestes sont leur domaine d’expertise, et ils puisent leur énergie dans la puissance changeante des cieux.

À première vue, les shamans peuvent paraitre distraits, comme si leur esprit planait dans les hauteurs où règne leur élément. Pourtant, cette apparente nonchalance dissimule une profonde sérénité intérieure. Loin d’être éparpillés, ce sont des individus d’une concentration exceptionnelle, capables de ressentir les moindres variations de leur environnement avec une sensibilité hors du commun. Leur lien avec les courants aériens leur permet de capter des informations subtiles, d’anticiper les mouvements des vents ou même de percevoir des phénomènes invisibles aux autres.

Les shamans incarnent l’équilibre entre la tempête et le calme, la puissance et la finesse. Ils sont les gardiens des cieux, manipulateurs d’une force imprévisible qu’ils savent apprivoiser avec une grâce étonnante. Toujours en mouvement, tout comme les vents qu’ils servent, ils symbolisent à la perfection l’énergie fluide et insaisissable de l’Air.

Le titre d’un mage reflète principalement l’alizé qu’il maitrise, mais il n’est pas rare de rencontrer des mages capables de manipuler plus d’un élément. Par exemple, les paladins peuvent user de la magie de l’Air ou posséder quelques rudiments de celle de la Terre ; de même, les druides peuvent intégrer le Feu à leur répertoire. Cependant, leurs capacités demeurent contraintes par leurs origines élémentaires. Aucun individu, qu’il soit mage ou non, ne peut utiliser l’énergie opposée à celle de son peuple. Ainsi, un phénix, né sous l’élément du Feu, est incapable de maitriser l’Eau, tout comme un goliath, issu de la Terre, ne pourra jamais recourir à l’Air.

Par sieur Daraiden, maitre du savoir de Mas’Ilia

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