Chapitre 4: Diamant (3/3)

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Ensuite tout est allée très vite, car je ne m'étais pas aperçue que cette grosse femme aux paupières rougies, qui ne m'avait guère donné plus d'affection qu'à ses lapins de clapier, se tenait juste derrière moi, et je n'avais même pas eu le temps de comprendre ce qui était en train de m'arriver, lorsqu'elle s'était jetée à ma gorge. Quant aux événements qui ont suivi, je n'avais aucune raison de mettre en doute le récit de Jason, mais pourtant j'avais l'impression que les pièces du puzzle ne s'imbriquaient pas correctement les unes dans les autres, ou plus exactement, j'étais persuadée qu'il manquait une pièce à ce puzzle. Et cette pièce manquante était peut être le troisième Jason de mes rêves, le chanteur d'opéra dont j'étais follement amoureuse. Car si je pouvais admettre que les deux autres Jason n'étaient que le fruit de mon imagination, et représentaient un aspect de la personnalité du véritable Jason, j'étais convaincu que le troisième existait bel et bien, d'autant plus que mon corps avait gardé le souvenir de nos dernières étreintes. Je sentais encore les effluves de son délicieux parfum boisé sur ma peau, alors que je venais d'apprendre que j'étais à l'hôpital depuis trois jours. Or, je savais que la note de coeur d'une fragrance, aussi subtile soit-elle, n'aurait pu continuer à se dévoiler avec autant d'intensité, au delà de vingt quatre heures.

Certes, ce troisième Jason aimait la magie, tout comme celui qui se tenait auprès de mon lit d'hôpital, et qui ne semblait pas disposé à me laisser seule, ne serait que pour que je puisse faire un brin de toilette en toute intimité, mais il était présent au moment où ma mère adoptive avait fait irruption dans la bijouterie abandonnée. Cette femme ne m'avait pas du tout donné l'impression de faire partie d'un rêve, et je doutais fortement, que l'homme de ma vie, n'ait été que le reflet de celui qui venait justement de me sauver la vie. Malgré l'étrangeté de la situation, je me croyais apte à faire la part des choses, et je pensais distinguer la frontière entre le monde réel et le monde imaginaire, mais curieusement, je me souvenais fort bien d'avoir rangé trois passeports sous le comptoir de la bijouterie, peu avant l'heure de la fermeture. En outre, j'étais obsédée par le regard de ma mère adoptive, tant il m'avait semblé exprimer la terreur, que ce soit dans la scène avec le troisième Jason, ou dans l'autre scène, lorsqu'elle m'avait surprise en train de fouiiller dans ses papiers. J'étais persuadée qu'une partie de mes souvenirs étaient faux, et que la réalité était complètement différente, parce que mes jambes me faisaient terriblement mal, alors que le véritable Jason m'avait certifié que je n'avais pas été blessée aux jambes, bien que j'étais incapable de me lever du lit. D'ailleurs, ce Jason-ci veillait soigneusement à ce que je reste allongée, mais je me sentais un peu agacée d'autant de prévenance à mon égard.

Je me demandais si je n'étais pas simplement en train de devenir folle, pour la simple raison que je commençais à me méfier de mon meilleur ami, celui qui avait toujours été à mes côtés, lorsque tout allait de guingois, et je me disais que le meilleur moyen d'avoir le coeur net à propos de cette histoire de passeports, serait de prendre de nouveau un risque, et d'interroger ma mère adoptive, mais elle était introuvable. Quant à son mari, il était décédé depuis plusieurs années, et mon frère présumé ne me serait pas non plus d'un grand secours, car il était mon cadet de trois ans, et était encore trop jeune au moment des faits, pour se souvenir de quoi que ce soit, au sujet de mon arrivée en France. Cependant, ma mère adoptive aurait très bien pu se réfugier chez lui, car ils étaient tous deux en excellents termes, à tel point qu'ils avaient toujours pris partie en faveur de l'un et de l'autre, lorsqu'il y avait eu des différents qui m'opposaient à eux. L'ancienne propriétaire de la bijouterie était peut être mon seul recours pour m'aider à y voir plus clair dans cette étrange affaire, et j'avais vraiment besoin de comprendre qui étaient mes vrais parents, et quelle était la responsabilité de mes parents adoptifs dans leur disparition. Mais j'étais au moins certaine d'être de nationalité tchèque, car la photo de mon passeport d'enfant en témoignait, bien que je n'avais gardé aucun souvenir de mes parents biologiques, ou de mon pays d'origine, si ce n'est des bribes de mémoire du visage et de la silhouette gracieuse de ma mère.

J'étais sur le point d'expliquer à Jason que j'avais besoin de rester seule un petit moment, mais une infirmière est arrivée à point nommé, et lui a demandé de sortir. Elle a simplement vérifié ma tension, m'a affirmé que tout allait bien, que j'avais besoin de manger, parce que que je n'avais pas touché à mon plateau repas. En vérité, je n'avais même pas remarqué ce plateau jusqu'alors, et je n'éprouvais pas la sensation d'avoir l'estomac vide. L'infirmière a aussi rajouté que je pourrai certainement quitter l'hôpital le lendemain matin, que des policiers avaient souhaité m'interroger, et qu'un docteur me rendrait bientôt visite. Après son départ j'ai souhaité me rafraîchir un peu, et j'ai eu beaucoup de difficultés à marcher jusqu'à la salle de bain. J'ai bien failli perdre l'équilibre, et j'ai attrapé in ex-trémis le bord du lavabo. Et c'est à ce moment là que j'ai compris que Jason, le troisième Jason, le seul, le vrai Jason, courrait un grave danger, car mon annuaire était orné de la magnifique émeraude qu'il m'avait offerte avant notre départ en France, et cette bague n'était pas le fruit de mon imagination, ni les marques violacées autour de mon cou, beaucoup trop importantes pour être la seule oeuvre de ma mère adoptive, qui souffrait d'arthrose, et qui faisait toujours appel à moi pour dévisser les bocaux de petit pois-carottes. Il fallait absolument que je sorte de cet hôpital, et que je retourne à la bijouterie, mais la porte était fermée à clef.

Fin de la troisième partie du chapitre "Diamant". Un long épilogue et une deuxième saison à venir.

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