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                Dans une maison en bordure de plage de la Côte d’Azur, une famille prépare un barbecue dans une ambiance chaleureuse. Le père, au physique imposant malgré ses cheveux et sa barbe poivre et sel, attisait les flammes tant bien que mal tandis que sa femme finissait de préparer les brochettes. Les deux aînés, une jeune femme et un jeune homme de respectivement vingt-quatre et vingt ans, mettaient la table en taquinant leurs frères et sœurs de sept et six ans qui essayaient comme ils pouvaient de placer les condiments au centre de la table qu’ils peinaient à atteindre, quand les montres de l’homme et de la femme sonnèrent à l’unisson. Ils regardèrent leurs écrans avant de se lancer un regard lourd de sous-entendus.

                — Les enfants, on rentre !

                Les aînés dévisagèrent leur père, le visage fermé.

— C’est aujourd’hui ?

— Il semblerait.

                Ils entrèrent tous dans la maison en laissant la porte-fenêtre ouverte alors que de lourds panneaux blindés venaient recouvrir les autres points d’accès tandis que les aînés se plaçaient dans la cuisine et que les enfants les plus jeunes partaient se cacher derrière le bar. Le père s’assit à la table du salon en gardant les mains sur les cuisses et la mère s’accouda au buffet dans l’attente de l’arrivée de leurs visiteurs. L’homme vit quelques ombres bouger sur la terrasse et s’exclama.

— Vous pouvez entrer, il n’y a aucun danger. Si vous ne me croyez pas, utilisez le miroir.

                Un petit disque réfléchissant apparu au bout d’une tige métallique avant qu’une voix s’élève.

— Suspects repérés et non-armées pénétrez et restez vigilants.

                Un groupe d’hommes vêtus d’uniformes noirs et en armes pénétrèrent dans la maison en braquant ses occupants avant qu’arrive un homme énorme et suant vêtu d’un costume trois pièces italien s’avançant d’un pas lourd et traînant.

— Ciao amico.

                Le père hocha la tête.

— Bonjour, Don Giovanni, comment allez-vous ? Venez vous asseoir en face de moi, je vous en prie.

                L’italien acquiesça et s’installa avant de regarder autour de lui tandis que le commando baissait ses armes.

— Tu es bien installé, dis-moi.

                Le père de famille haussa les épaules.

— Je n’ai pas à me plaindre, j’avais de belles économies.

— Oui, il faut dire que tu as été très actif à une époque.

                Le père acquiesça.

— Mais vous savez comme moi que je me suis rangé depuis bien longtemps, dix ans pour être précis. Alors je me dis que vous n’êtes là que pour une seule raison, me faire reprendre du service.

                Giovanni le contredit.

— Je suis peut-être aussi venu réclamer vengeance, qui sait ?

                Le père de famille sourit.

— Sauf que je serais obligé de défendre ma famille, et donc d’abattre vos cinq bonshommes en carton, ce qui signifie que j’aurais repris du service quand même. Alors, dites-moi, qu’attendez-vous de moi ? Que je tue pour vous, ou que je vous tue, vous ?

                Le Don sourit.

— Voyons, Chris… Je sais que tu étais le meilleur dans ton domaine, mais regarde-toi, regarde-nous. Nous avons vieilli… Et tu as une femme et des enfants à protéger, en plus. Alors, dis-moi, le plus simple ne serait pas de nous accompagner ?

                Chris posa le menton sur son poing gauche, le droit restant toujours sous la table.

— Je vous propose autre chose, en souvenir du bon vieux temps. Nous négocions le fait que tout le monde nous foute la paix. L’Europe de l’Est a accepté après avoir perdu vingt hommes, l’Afrique a accepté après avoir perdu son usine de blanchiment d’argent, la Triade a accepté après que je lui ai renvoyé les têtes de son commando d’assassins. Il ne restait que vous, et j’espérais que ce serait plus calme, parce que vous êtes le plus réfléchis de tous, et que nous avions une relation privilégiée.

                Giovanni acquiesça.

— Oui, c’est vrai. Alors voilà ce que je te propose. Exécute ces cinq hommes, et nous pourrons parler.

                Chris fronça les sourcils.

— Je vous demande pardon ?

                L’italien sourit.

— Tu as bien entendu.

— Très bien.

                Le commando commençait à relever ses armes quand une violente déflagration déchira le silence et qu’un des hommes décollait pour atterrir sur la terrasse, l’entrejambe déchiré par une déflagration de fusil à pompe caché sous la table. Dans la foulée Nancy se décolla du buffet en dégainant un UZI* et lancer une rafale qui faucha un second homme alors que les aînés sortaient de la cuisine, la jeune femme égorgeant un des commandos tandis que le jeune homme en projetait un autre dans la cuisine. La jeune femme se jeta alors sur Giovanni pour l’entraîner au sol alors que Chris et Nancy se mettaient à couvert quand les deux plus jeunes enfants se levaient de derrière le bar pour faire feu à l’aide de pistolets automatiques en criblant le dernier assaillant de balles. Dans la cuisine, le commando se débattit comme il le put tandis que son adversaire maintenant sa trachée entre le pouce et le majeur avant de sourire.

— Je te préviens, ça va faire mal.

                Il lui broya la trachée puis relâcha sa victime qui tomba au sol en suffoquant et se détourna de lui avant d’ouvrir un tiroir et revenir. L’homme à bout de souffle essaya de redresser son arme, mais le combattant la frappa du pied avant de se pencher vers sa victime en lui brandissant un petit couteau à bout arrondi sous les yeux tout en jouant avec ses sourcils.

— Tu sais ce qu’on peut faire avec un couteau à beurre ? Je vais te montrer.

                Il leva le bras et l’abattit d’un coup en plongeant l’arme dans l’œil de sa victime avant de se relever, laissant le corps parcouru de spasmes se vider de son sang sur le carrelage.

                Après avoir retiré le fusil à pompe de sa cachette sous la table et avoir mis une nouvelle cartouche en chambre, Chris s’approcha de l’homme au sol et l’aida à se relever avec l’assistance de Nancy tandis que les enfants s’approchaient tous d’eux.

                Don Giovanni respirait difficilement et semblait en proie à la panique alors que Chris posait négligemment son arme sur son épaule.

— Bien. Maintenant qu’ils sont morts, si tu nous disais pourquoi.

                Le gros homme retourna s’asseoir en soufflant.

— Les chefs de l’Italie ne veulent pas croire que tu es encore dangereux. Ils m’ont envoyé vérifier accompagné de leurs hommes. Maintenant, au moins, ils seront fixés.

                Il observa les enfants tour à tour et reprit.

— Ton neveu et ta nièce ont bien grandi, et je suis heureux de voir que tu as eu des enfants ensuite. Mais je dois admettre que je ne m’attendais pas que même eux, tu les ais entraînés à tuer…

                Nancy croisa les bras.

— D’abord, il ne les a pas entraînés tout seul. Ensuite, on s’est fait tellement d’ennemis qu’on n’avait pas trop le choix. Déjà, nous sommes restés vivre en France, ce qui n’est pas mal. Alors, vous allez leur dire quoi, à vos patrons ?

                Giovanni sortit un téléphone portable de la poche frontale de sa veste pour le diriger vers Chris avant de parler.

— Quindi, Convinto ?

                Une voix s’éleva du haut-parleur.

— Sì, digli chez sarà tranquillo finché non sarà più coinvoloto.

                Chris intervint en prenant le téléphone.

— Quindi abbiamo un accordo.

                    Il raccrocha et rendit le téléphone à son invité surprise et reprit.

— Vous resterez bien pour dîner ? Nous prendrons l’apéritif le temps que les enfants ouvrent la fosse à chaux vive pour y plonger les corps avant de laver le sol.

                    Le vieil homme acquiesça alors que les quatre enfants soupiraient à l’idée de s’occuper de la corvée qui venait de leur être assigné. Les trois adultes s’installèrent sur la terrasse, et enfin l’italien se détendit.

— Je suis sincèrement content pour toi, mon ami. J’ignore si tu as trouvé la paix, mais au moins tu as trouvé le calme, et une famille.

                    Chris embrassa son épouse avant de répondre.

— J’ai trouvé ce que je cherchais. Et si je n’attaque plus, c’est parce que j’ai plus important à défendre.

— Et avec ton coup d’éclat aujourd’hui, je pense que tu devrais être tranquille un long moment.

                    Nancy sourit.

— Et s’ils venaient nous chercher des noises, nous avons littéralement une petite armée. Nous sommes prêts à repartir en guerre, et cette fois-ci, il ne restera personne debout dans votre camp.

                    Giovanni acquiesça lentement, ne doutant pas une seule seconde de la détermination de toute la famille, avant de changer de sujet.

— Que proposez-vous pour le déjeuner ?

— Côte de bœuf, merguez et chipolatas.

                    Chris déposa enfin son arme et offrit à son invité le sourire le plus chaleureux que l’Italien l’ait jamais vu faire.

UZI : pistolet-mitrailleur semi-automatique de calibre 9mm développé en Israël par l’ingénieur en armement Uziel Gal (en) à partir de 1948 et fabriqué par l’entreprise de défense Israel Military Industries (IMI). Produit à plus de 10 millions d’exemplaires dans toutes ses versions, il est inspiré des pistolets-mitrailleurs tchèques SA 23 et SA 25. Arme compacte et fiable, ses multiples apparitions au cinéma ont marqué le grand public, au point où la dénomination « Uzi » est parfois employée comme un terme générique pour désigner un pistolet-mitrailleur. Il a une cadence de 600 coups/minute.

Quindi, Convinto ? : Alors, convaincus ?

Sì, digli chez sarà tranquillo finché non sarà più coinvoloto : Oui, dites-lui qu’il sera tranquille tant qu’il ne s’investit plus

Quindi abbiamo un accordo : Alors, on a un accord

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