JOURNAL D'ALBA: DÉPART DE LLORDAT
Aujourd'hui, j'ai ramassé du bois mort pendant des heures. J'avais besoin de bouger. Llordat est parti hier soir. On a pris le repas et il m'a annoncé son départ. D'un coup, je me suis sentie perdue. Il m'a longuement regardée, m'a prise dans ses bras et serrée contre lui.
— Je vais revenir dès que possible.
J'ai fondu en larmes, moi, la célibataire endurcie.
Je lui avais proposé de le conduire là-bas, mais il préfèrait me savoir en sécurité ici plutôt que sur les routes. Il avait accepté le sac de provisions que j'avais préparé et ma dague, et il s'était mis en chemin, mais après quelques pas, il avait fait demi-tour et m'avait enlacée. Nous avions échangé un baiser passionné avant qu'il ne s'éloigne rapidement à travers les arbres.
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Et voilà comment va la vie ! Je crois que je viens de découvrir l'Amour et il s'envole déjà ! De désespoir, j'ai travaillé comme une acharnée. J'ai fait un énorme tas de branches dans la clairière un peu plus loin. Je vais la remplir s'il faut ! Si la société meurt, je vais devoir m'adapter pour survivre et fabriquer ce dont j'aurai besoin...
Demain, je ferai un autre voyage de récupération... outils etc...
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Je suis retournée à la ferme et j'ai entassé toutes les conserves, le vin, les outils, les vêtements... J'ai trouvé cinq poules. Elles ne sont pas farouches. Au moins, j'aurai des œufs ! Le coq, je l'ai attrapé avec un drap. Il est enroulé dedans.
Il m'a fallu fouiller toute la maison pour trouver les armes du propriétaire : un fusil de chasse et un révolver avec leurs munitions respectives, deux cents de chaque, plus une machette et deux couteaux de chasse. J'ai aussi embarqué le nécessaire à couture. Fini le gaspillage, on va réparer les choses maintenant !
Dans le hameau voisin, désert, j'ai réquisitionné des livres : médecine naturelle, culture, élevage... Dans une petite maison, j'ai trouvé toute une collection de bouquins sur le Moyen-Âge et les Troubadours en Languedoc.
Voilà de quoi m'occuper l'esprit...
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