JOURNAL D'AZALÉE, LA PHARMACIE

2 minutes de lecture


J'ai assisté au pillage d'une pharmacie, cette nuit, par un groupe bien éméché. Leurs regards étaient comme des puits, sombres, remplis de monstres affamées.

J'écris ça comme dans un livre... un thriller, j'en ai lu plein !

Mais la réalité est bien pire. Maintenant, j'en suis sûre.

J'étais entrée dans cette petite ville discrètement pour avoir une idée de la situation. J'avais trouvé une pharmacie de quartier. Je pensais y prendre des serviettes hygiéniques et j'attendais la tombée du jour, cachée dans un petit parc de jeux pour enfants.

Une troupe déchaînée est arrivée dans un mélange de chansons, de cris et coups de feu. Cachée dans les buissons du parc, incrédule, je les ai vus déchirer les boîtes de médicaments, sans même les regarder et gober les comprimés de toutes les couleurs. Un type s'est fait une ligne, avec une poudre qui, au mieux, aurait été de l'aspirine. Il y avait aussi une fille qui hurlait qu'il y avait des bêtes, en s'arrachant les vêtements et les cheveux pour s'en débarrasser. Quelqu'un avait commencé à lui asséner des claques, pour tuer les insectes, bien vite aidé par d'autres mains, puis c'est parti en boucherie et j'ai détourné la tête vers le feuillage.

Horrifiée, j'ai vu trois doigts tomber tout près. Leur propriétaire tournait comme une toupie et projetait son sang, en larges cercles. C'était macabre. Je l'ai regardé faire jusqu'à ce qu'il s'effondre. Je tremblais, recroquevillée dans mon buisson, les mains plaquées sur la bouche, pour ne pas crier.

Un petit groupe chantait une chanson de supporter de football dont je me souvenais vaguement, en faisant circuler des bouteilles de whisky qu'ils buvaient au goulot. Un corps s'effondra tout près du buisson, secoué de violents spasmes. Sa bouche tordue de douleur vomissait une mousse verdâtre et sanguinolente. Nos regards se sont croisés. Terrifiée, j'ai serré mon arme plus fort. Il a fait un gargouillis affreux avec une grosse bulle et il est mort, sans avoir eu le temps d'alerter la meute qui s'éloignait en vociférant une pub pour un saucisson pur cochon.

J'ai craqué dans mon buisson. J'ai ri et pleuré au milieu du feuillage jusqu'à ce que, deux heures plus tard, tout étant redevenu calme, pour que je sorte de ma cachette. J'étais trempée d'une sueur poisseuse qui me faisait grelotter. J'ai récupéré mon sac et me suis acharnée sur les fermetures pour extraire ma polaire. J'ai pris le temps de manger une tablette énergétique et je suis repartie en m'appliquant à rester dans les espaces à l'ombre, me faufilant par les parcs, jardins et ruelles, jusqu'à ce que je sorte enfin de cette ville, à travers une zone commerciale dévastée. Tant pis pour les serviettes.

Papa, j'ai peur de ne pas arriver chez nous.



Annotations

Vous aimez lire MAZARIA ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0