JOURNAL DE GUILHEM, DANS LA TRISTESSE
Je remonte à la maison, chercher ma femme et mes enfants, avec les gars. Au passage, on récupérera la sœur de Mickaël, et la femme de Rafaël.
Ça, c'était ce que je croyais, ce que nous croyions tous les trois. Mais voilà, le destin décide... La sœur de Mickaël était morte et enterrée dans leur jardin, sans date sur la planche où était écrit son prénom. Nous avons fouillé toute la maison, cherché pendant plusieurs heures quelqu'un qui pourrait nous dire ce qui lui était arrivé. Le quartier était désert, ou semblait l'être. Finalement, Mickaël a dit que toutes ces recherches étaient inutiles, que ça ne la ferait pas revenir. Il s'est assis dans l'herbe près de la sépulture et il a pleuré. La nuit tombait et nous avons prié ensemble pour elle.
Nous sommes repartis en silence. À notre arrivée chez Rafaël, le corps de sa femme était encore dans leur lit. C'est l'odeur de la décomposition qui nous a annoncé la terrible nouvelle. Il est ressorti de la pièce, livide et nous a demandé de nous éloigner d'une voix atone. J'ai pensé, juste l'espace d'une seconde, qu'il avait décidé d'en finir et de la rejoindre. Et je l'aurais compris. Mais il a ajouté :
— Je vais brûler tout ça et nous partirons.
Il a sorti un bidon d'essence du garage, l'a vidé dans la maison, et après un moment de recueillement, il a craqué une allumette pour allumer l'incendie, en disant qu'il était seul au monde. Le feu s'est vite propagé. Nous avons reculé de quelques mètres et nous l'avons regardé procéder aux funérailles de sa femme. Étrange cérémonie au cours de laquelle ne fut prononcé aucun mot... Ce soir, mes deux coéquipiers pleurent leur douleur et moi je tremble en pensant à ma famille.
J'aurais voulu partir immédiatement et pouvoir courir jusque chez moi sans m'arrêter...
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