PISTOLETA, DE LA SOUPE...
Pistoleta avait senti une odeur de soupe dans l'air frais. De la soupe... Il avait l'impression de n'avoir pas goûté de fumet aussi ensorcelant depuis des années. Malgré les protestations énergiques de sa Raison, il avait suivi cette odeur qui le mena, des vestiges du village, jusqu'à un hameau au pied du Pog de Montségur.
Il ne voulait pas s'approcher plus mais ce parfum lui tordait le ventre, l'obligeait à avancer. Et ce qui devait advenir advint.
Il y eut un craquement de brindille, des cris, une agitation soudaine et il se retrouva solidement encadré, dans une maison au style gaulois décalé.
Plus tard il raconterait avoir eu la sensation que le temps s'était mélangé, ou qu'on l'avait projeté dans une autre existence, ou un autre univers.
Dans sa confusion il perçut une voix qui le secoua comme l'on secoue un prunier. C'était la voix d'un homme qui disait s'appeler Guilhem, lui demandant avec une rage contenue où il avait trouvé ce cahier.
Le cahier ?
Le cahier d'Azalée, celui qu'il avait récupéré dans son sac après l'accident, ça lui revenait, et que l'homme brandissait en criant. Il y avait dans tout cet être une fureur et un désespoir si intenses que Pistoleta se tut jusqu'à ce qu'il cesse de le cribler de questions hurlantes.
Alors seulement il murmura :
— Mais pourquoi cherchez-vous Azalée ?
— Je suis son père...
— Le silence qui suivit était gorgé de larmes, raconta La Rumeur.
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