LE CONFINÉ 5, SURRÉALITÉ
J'ai pris l'habitude de noter mes pensées depuis un bon moment. Ça m'aide à passer le temps, à ne pas trop parler tout seul et à éloigner les autres « Moi ».
Je me suis rendu compte qu'ils prenaient de plus en plus de place. Et ils deviennent de plus en plus autoritaires. L'autorité, c'est un truc que je n'ai jamais bien supporté. C'est même un peu pour ça que je suis ici.
Quand l'épidémie a commencé, je vivais à Toulouse où j'avais un petit commerce d'articles de sport qui marchait plus ou moins bien, suivant les années. Juste avant le confinement, j'ai eu comme une intuition, j'ai fermé la boutique et je suis parti discrètement. À pied, seul. À cette époque, les Autres ne m'emmerdaient pas, ils la bouclaient encore, pas comme maintenant ! Il m'a fallu quinze jours, si je me souviens bien, pour arriver à Castelnaudary. Ça a été un voyage éprouvant, génial, épuisant.
Même si je fais du sport régulièrement, je ne suis pas un champion olympique. J'ai subi la pluie, la grêle. J'ai eu froid à en grelotter et chaud sous un bon soleil de printemps. Je me suis battu contre le vent aussi.
C'était très étrange, ces routes quasi sans circulation, ces villages où je n'ai vu que quelques rares humains, certains m'évitant avec application, d'autres me saluant d'un signe, de loin.
Par chance, j'avais un peu d'argent d'avance et j'ai pu m'approvisionner dans les magasins encore ouverts.
C'était quand même surréaliste cette ambiance !
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