LE CONFINÉ 7, ÉTAT DE GRÂCE
J'ai passé la nuit dehors, après tout ce temps enfermé, c'est juste du bonheur. J'étais allongé dans le jardin, au chaud dans mon sac de couchage, un peu chenille dans mon cocon, à regarder les étoiles passer. L'air avait un parfum délicieux que je ne lui connaissais pas. Peut-être celui de la liberté, simplement.
J'ai dormi paisiblement et c'est le soleil qui m'a réveillé.
J'ai fait mon premier footing de l'année 1, premier jour de dé-confinement. Douche et puis rasage, à la vraie lumière. Les Autres se sont bien moqués de moi, disant que j'étais blanc comme un cul, que j'avais un teint de cadavre et d'autres trucs du même style. Je les ai envoyé caguer*. Ils n'allaient pas me gâcher ma première journée de liberté.
C'est tellement bon de revoir la lumière, de retrouver l'air sur ma peau. Et la profondeur de ce silence quasi surnaturel... Cette maison est isolée, dans une clairière au milieu d'une forêt de hêtres. Il y a même un potager. Bon en même temps je n'y connais pas grand chose.
Dans le garage, j'ai découvert un vélo tout terrain. Du coup, je suis allé jusqu'au village le plus proche. Je n'ai vu personne. J'ai appelé à tue-tête, pas de réponse. C'est tout juste un village : une rue principale, trois ruelles transversales.
* Caguer, verbe intransitif régional du Sud de la France, familier, signifiant chier, déféquer.
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