ILÉA TREMBLE, SILENCE POUR TOUT OUBLIER

2 minutes de lecture

Elle s'étira voluptueusement, longuement. Elle se sentait comme ce chat qui venait parfois s'installer au chaud chez elle. Noir-Chat, qui ronronnait dans la cendre, en rêvant. Elle s'allongea, fixant les flammes dansantes.

La tisane que lui avait conseillée son aïeule commençait à faire effet. Tout était à la fois comme avant et différent. La pièce, le jardin et les alentours étaient un décor subtil, réel et faux.

Depuis longtemps, elle l'avait découvert, mais grâce à ce breuvage, elle pouvait le regarder sans être terrifiée, et quand le décor commença à se dissoudre, au lieu de se secouer pour stopper le processus, elle s'abandonna à l'incroyable émerveillement de ce qu'elle voyait et ressentait dans son corps et dans son âme, la formidable mouvance des Forces de la Magie qui scintillaient, explosaient, avalaient , créaient et transformaient le " Ici et Maintenant ". Ces vagues aux couleurs indescriptibles qui finalement la repoussèrent loin des rives de l'Autre Réalité, le souffle coupé, éblouie.

Sa place n'était pas là-bas. Pas encore. Elle devait continuer à vivre, poursuivre cette existence et apprendre. Elle le savait bien, mais elle aurait aimé que dure encore ce bain d'énergie étonnamment vivifiant.

Elle soupira et se rassit, pensive, se demandant pourquoi Séréna avait voulu lui montrer ça.

Était-ce l'état de conscience qu'elle appelait « La Source de Vie », ce lieu magique dont elle lui avait tant de fois parlé ?

L'onde d'émotion qui l'atteignit à cet instant la fit éclater en pleurs. Pleurs pour sa solitude, si intense qu'elle en oubliait parfois les mots, pleurs pour sa Différence qui la maintenait dans cet isolement, pleurs pour ceux qui la craignaient, pour les regards piquants qui faisaient si mal.

Bien plus tard, exténuée, elle sombra dans un sommeil profond et bienfaisant, sur le sol, bercée par le grondement sourd de la terre. Le félin l'observait de ses yeux verts et luminescents, à son aise, dans les cendres, près des braises.

C'était une nuit calme et silencieuse, de celles qui vous font croire que toute vie s'est arrêtée, au moins pour un moment. Trêve étrange. Pas de cris de nocturnes en chasse, pas de chiens qui se jappent les nouvelles, pas le moindre souffle de vent pour faire murmurer les arbres. Même le feu s'était fait discret. Silence épais comme un brouillard, absorbant jusqu'au chant paisible de leurs respirations.

Silence pour tout oublier, le temps de quelques heures...

Annotations

Vous aimez lire MAZARIA ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0