ARKAN CHEZ SAPHIRA, UN CURIEUX NOM

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Sans-Part et Enguerrand firent plus ample connaissance. Au moins, dans la cellule, il leur était possible de parler.

— Mais, dis-moi, pourquoi t'appelle-t-on ainsi ? Sans-Part, c'est un curieux nom...

— C'est une vieille histoire. Quand mes parents sont morts, enfin, ce n'étaient pas mes parents, mais mon oncle et sa femme, bref, après leur décès, leurs enfants légitimes se sont partagé l'héritage. Et pour moi, rien. Oh, ce n'est pas qu'ils aient été très riches, mais ils avaient amassé quelques biens. Ce sont les enfants de mon demi-frère qui m'ont appelé ainsi, au début. Finalement, je me suis bien débrouillé sans leur aide.

— J'espère que tu sortiras d'ici, et que tu retrouveras ta boutique.

— Le patron de l'auberge me connaît. Il doit avoir prévenu mes amis.

— Et ?

— J'espère qu'ils vont envoyer quelqu'un négocier avec Saphira pour me sortir d'ici.

— Ils paieraient ta libération ?

— Jeune homme, je connais beaucoup de monde. Je ne paie peut-être pas de mine, mais l'on m'apprécie.

— Pourquoi n'as-tu pas parlé directement à Saphira ?

— Quand elle a ce regard bizarre, elle n'est pas accessible. Je la connais suffisamment pour savoir qu'elle ne m'aurait pas écouté. Elle a beaucoup mieux à faire, il me semble...

— T'en veux encore ? s'enquit Razel, visiblement furieux, auprès du captif. À cause de toi, ma jolie femelle a vraiment passé la nuit avec un autre. Et elle m'a déjà oublié. Alors, imagine l'envie que j'ai de te massacrer...

— Assez bavardé, ressers notre invité, s'exclama Kerryn.

— (Forces Bonnes, aidez-moi... ).

— Oui, pour un gaillard comme celui là, on peut forcer la ration, ajouta Barral.

Il œuvrait avec un savoir faire qui montrait une longue expérience, évaluant la progression de son travail et la lente sape du corps et de l'âme de sa proie, avec une précision effrayante.

— (Forces Bonnes).

Nouvelle pause. Arkan avala quelques gorgées d'eau que lui imposait Razel. Barral échangea le fouet contre une lame effilée en admettant :

— Tu es courageux, mais je vais te mener à tes limites, pas à pas, comme les autres. Ce sera juste un peu plus long. On a déjà bien avancé, tu t'en rends compte ?

Il ponctua la fin de sa phrase en entaillant profondément le bras de son prisonnier, de l'épaule au poignet, avec une lenteur calculée. Ivre de douleur, Arkan regardait son sang ruisseler, se demandant s'il pourrait un jour rejouer du luth et caresser les douces courbes d'une femme, en admettant que par miracle il sorte d'ici.

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