Recroquevillé dans un coin de la cellule, Enguerrand frigorifié, finit par s'assoupir en se disant qu'il devait reprendre des forces, au cas où la moindre possibilité d'échapper à cet enfer se présenterait. Il dériva longtemps entre sommeil et veille puis un parfum léger lui amena le souvenir de la douce Juliette qui l'attendait près de Bugarach, dans sa petite maison si calme. Il lui avait promis de passer la voir...

Il se souvenait de ses cheveux couleur de feu. C'était grâce à leur teinte qu'ils avaient fait connaissance. Elle dormait entre les buissons, un après midi et, s'étant isolé pour faire une sieste, lui aussi, il avait aperçu leur rivière sur l'herbe verte et avait découvert une Dame en sommeil. Il avait reculé, ne voulant pas la déranger et elle l'avait interpellé d'un sourire rieur en disant :

— Ne fuyez pas, Homme inconnu. Si vous cherchez un espace douillet, je partagerais volontiers celui-ci.

Il se souvenait avoir rougi puis accepté l'invitation. Il s'était allongé près d'elle et ils avaient parlé, parlé pendant plusieurs heures, oubliant le temps et le reste du monde. En quelques secondes, ils était tombés en Amour. Il s'étaient revus trois fois avant son arrestation, trois moment de bonheur intense qu'il gardait en son cœur comme une flamme d'espoir. Il respirait son parfum et entendait son cœur battre, mais sa main ne se referma que sur le vide, le ramenant au présent.

Des larmes inondaient ses joues et il étouffa des vagues de sanglots. Il ne savait que faire alors il pria. Il pria pour revoir La Belle Dame de Flamme, il pria pour pouvoir de nouveau enfouir ses doigts dans les boucles de sa chevelure. Il pria pour pouvoir la retrouver avant de quitter ce monde. Il voulait vivre encore, sortir de ce piège mortel peuplé de cris et de douleur. Il pria, dans le froid et la peur, pour revoir sa Fleur.

Il pria les dieux de l'Amour.

Il pria Dame Nature.

Et il rêva... de sa Belle d'Âme...