SAPHIRA ENRAGE, ARKAN CHEZ SAPHIRA, SECOND ACTE

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Satisfaite de son reflet, elle gagna la salle d'interrogatoire. Partout où elle passait, les esprits s'échauffaient. Elle aimait sentir ces regards admiratifs glisser sur son corps. L'entendant rire, Arkan releva la tête. Elle approchait d'un pas conquérant, s'arrêta et le toisa. Il grimaça un sourire, articulant péniblement :

—Tu es superbe, Saphira.

Elle le dévisagea, étonnée de lui voir assez d'énergie pour un compliment malgré son état. Il reprit d'une voix rauque :

— Le rouge te va à ravir.

Barral et Thorian, surpris, avaient interrompu leur conversation. il prit une longue inspiration avant de finir, un éclat noir dans les yeux :

— Sais-tu qu'autrefois, c'était... la couleur des prostituées ?

Saphira blêmit, les dents serrées. Elle sortit sa dague, le regard trouble et sans un mot lui infligea une série d'entailles à l'abdomen, le faisant se tordre de douleur, le souffle court, baigné de sueur. Il pleurait des sanglots râpeux, comme s'il avait avalé du verre. Pleurs de rage contre son corps refusant de mourir, contre son esprit refusant de quitter ce corps, le contraignant à endurer encore et encore. Sa tête partit en arrière, gorge offerte, invitation au meurtre, dédaignée.
Tellement soif...

Sans-Part s'était levé d'un bond en entendant ces longues plaintes portées par les courants d'air hargneux.. Il tournait dans sa cage comme un animal. Enguerrand, réveillé en sursaut de son rêve tendre se prit la tête dans les mains. Comment les choses avaient-elles pu tourner aussi mal ?

Ce fut Thorian qui arrêta sa femme en la saisissant au poignet. Il l'immobilisa, serrée contre son torse au sombre pelage dru, la contraignant à lâcher son arme et l'embrassant passionnément. Quand leur ardeur fut un peu calmée, il ordonna que le prisonnier soit ramené en cellule. Saphira ajouta, perfide :

— Au passage, jetez-le dans le lavoir ! Il pue la sueur et il vient de se pisser dans les pantalons !

Son regard était plus mordant qu'une insulte. Arkan buvait à la coupe de l'humiliation, à longs traits. Dans un brouillard rougeâtre, il vit Razel et Kerryn détacher son corps, le traîner jusqu'au lavoir et le plonger dans l'eau.

Le choc thermique lui fit réintégrer son organisme. Le froid intense avait fait taire une partie de la douleur. Il s'endormit à demi, épuisé.

Réveil.
Il grelottait. L'eau était très froide, l'air, les dalles du sol où il gisait, incapable de bouger, aussi. Son frère, les mains accrochées aux barreaux, le contemplait, horrifié. Arkan tourna lentement la tête vers lui et murmura :

— Enguerrand, c'est bientôt ton tour... et après, ce sera toi, Sans-Part.

Celui-ci était recroquevillé dans un angle.

— Je suis désolé... j'avais pressenti le danger... devant l'auberge... j'ai pas su écouter... pardonnez-moi...

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