L'APPEL, DE NOUVEAU
Iléa, dans la clairière, sous la lune déchirée par des nuages aux couleurs étranges entendit de nouveau l'appel désespéré de l'homme de son rêve. Elle le prit par la main, et le maintint contre elle, près de la Lumière. Le vent était comme une bouche pleine de crocs qui chassait les Forces Mauvaises. Séréna, devant sa maison, regardait Iléa danser une valse intemporelle. Elle serrait solidement la taille d'un homme qui n'était plus qu'un fantôme dont les bras ballants lui faisaient comme des ailes tandis qu'ils tournoyaient.
De seconde en seconde, ils perdirent de la réalité, se firent lumière. Séréna soupira. Elle pouvait être satisfaite. L'élève avait dépassé le maître. La jeune femme avait conduit le mourant à la Source de Vie, sans aucune hésitation.
Ils tournoyèrent dans un jaillissement d'énergie incandescente jusqu'à ce qu'Iléa desserre son étreinte et le lâche. Le fantôme s'éloigna à regrets, s'effaça, s'éteignit.
La jeune femme s'allongea dans l'herbe. Ses larmes s'infiltrèrent jusqu'aux racines. Pourquoi tant de cruauté ? Apprendrait-on un jour ? Est-ce qu'un jour l'humain serait libéré de la folie ?
Elle avait pleuré longtemps. Peut-être qu'elle pleurait depuis la naissance du monde.
Elle était... La Sorcière.
Peut-être qu'elle pleurerait jusqu'à la fin des temps. Jusqu'au dernier vivant de cette prison.
Elle s'était relevée et se blottit dans les bras de Séréna. La Mère des Sorcières la berça en chantant dans le fracas des étoiles échouées.
Temps foudroyé, éparpillé.
Juste : ici et maintenant.
Elles étaient l'Univers.
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