REMERCIEMENTS
— Mes amis, je sais que vous allez partir bientôt et j'ai besoin de vous parler, vous avez un moment à m'accorder ?
Ils s'installèrent sur des roches, au soleil et elle reprit :
— Il y a bien des choses qui nous échappent, à vous, à moi et à tout le monde. Alors, je vais commencer par la réalité. Votre séjour chez Saphira est dû à plusieurs facteurs. Il y a notamment une organisation qui s'est créée pour l'éliminer, elle et ses troupes. Vous avez été contactés pour porter un message et vous avez été arrêtés, comme nous nous y attendions.
Elle fit une brève pause, plongeant son regard dans leurs yeux, l'un après l'autre et reprit :
— Ce que vous ne savez pas, c'est que vous étiez porteurs d'un faux message.
Il y eut un silence qui dura une éternité puis Arkan dit d'une voix blanche :
— Tout ça pour rien...
— Non, pas pour rien. Nous savions que Saphira mettrait toute son énergie à vous trouver, à cause de ton poème qui te refusait à sa convoitise et ça a laissé le temps et un peu d'espace au porteur du vrai message, qui a réussi sa mission. Je voulais que vous le sachiez, c'est justice. Et je dois vous remercier au nom de Tous.
De nouveau le silence s'installa. Les deux frères échangèrent un regard entre consternation, rire, colère, soulagement...
— Je n'ai pas fini. Votre mission n'est pas terminée. Arkan, tu es le seul à pouvoir vaincre Saphira.
— Pourquoi ?
— Ta voix tremble, Musicien, intervint La Rumeur.
— Je ne sais pas exactement pourquoi, mais c'est comme ça.
— Ça ne m'aide pas trop.
— Pour faire simple, je dirais que Saphira est habitée par un genre de démon que tu as déjà combattu, en d'autres temps.
— Et je suis censé l'éliminer...
— Oui, et il n'y a que toi qui puisse le faire. Mais tu ne pourras y parvenir seul. Enguerrand est ton coéquipier depuis bien des vies. Et c'est grâce à lui que tu vaincras.
Samira avait pris congé, les laissant à leurs réflexions. « Depuis bien des vies... » Ces mots tournaient en boucle dans leur esprit.
— Qui peut savoir, murmura La Rumeur.
Mais quelque chose faisait pencher Arkan pour cette hypothèse. Ces images qu'il voyait parfois, ces souvenirs étranges, les lieux pré-connus, ces nouveaux visages pourtant familiers. Sensations de déjà-vu. Certaines âmes dont il se sentait si proche... et la Sorcière dont le regard perçait ses défenses, mettant son âme à nu... Enguerrand avait sensiblement les mêmes croyances, avec cette assurance paisible des gens de la terre qui savent que les graines donnent des fruits et que la vie est un long pèlerinage...
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