LA TRIBU, LE DESTIN EST MAÎTRE...
( Note de D. : Il manque une certaine quantité de pages avant ce texte. Nos ancêtres du XXI ième siècle semblent n'avoir pas conservé les traditions religieuses de leur époque, mais à l'évidence, ils ont ressenti un manque face à la mort. )
Je dois noter ce passage de l'existence de La Tribu car cet événement a mis en mouvement un futur qui changera bien des choses.
Il advint que Luis fut malade, sans que Séréna, qui prenait soin de lui avec attention, ne puisse y faire quoi que ce soit. Mais elle poursuivit ses veilles affectueuses, rafraichissant son front brûlant ou le couvrant quand il grelottait. Appelant l'énergie régénératrice à son secours, car chaque membre de la Tribu était important dans ce monde déserté...
Ce fut pour La Sorcière un rappel lui signifiant qu'elle ne pourrait jamais aller à l'encontre du Destin quoiqu'il arrive et qu'elle avait ses propres limites. Pour eux tous, cela voulait aussi dire que le monde d'Avant était définitivement passé et qu'ils devaient apprendre, tout réapprendre, le bon et le moins bon, et savoir accepter...
Roudoudou, le chat ainsi nommé par le garçon, avait déserté la grange et dormait avec lui, ronronnant bien souvent, roulé en boule contre son ventre, ou étendu comme un ruisseau le long de son dos. Il y avait une lueur qui émanait d'eux parfois au cœur de la nuit, une fleur de dentelle lumineuse que nous avons tous pu constater et dont la beauté nous laissa tous émerveillés.
On attendait patiemment, que l'enfant reprenne le cours de son existence, écoutant ses murmures étranges, ses plaintes, son souffle hésitant... ou qu'il s'éteigne.
L'angoisse faisait taire les regards et la joie...
Mais un soir il sourit et rouvrit les yeux, après une semaine « d'absence ». Il s'assit sur son lit et Roudoudou s'étira le long de son torse amaigri. Il était délicat, ce chat, toutes griffes rentrées, se frottant contre son humain enfin réveillé. Il y avait un amour intense entre eux, quelque chose d'inaltérable...
Il y eut une brise de soulagement dans nos cœurs. Aucun d'entre nous n'était prêt à voir la mort. Pas ici, pas encore.
Ce fut une leçon importante et Séréna décida de parler de l'éphémérité de tout ce qui vit aux enfants. Elle ne voulait pas les laisser sans défense face à l'inéluctable... Elle aurait pu leur parler des religions, de Dieu, qui soit-il, des anges et des démons, si ça avait eu un sens pour elle.
Mais elle cueillit d'autres mots et d'autres images...
De : Pistoletta.
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