Avec la complicité, l'aide de ses arbres et de bien d'autres esprits, la mère des sorcières prit soin d'Iléa, heure par heure, jour après jour.

Quand la jeune femme rouvrit les yeux dans la douceur de l'herbe, réveillée par la vie qui fourmillait en elle, celle de la forêt, des plantes, des bêtes reliées à elle par la magie, elle sentit ses racines provisoires se rétracter, son corps se détacher du tertre et inspira profondément le parfum de la forêt qui serait aussi le sien certains jours.
L'ayant entendue sourire, Serena s'approcha. Elle amenait une robe de lin et un châle de laine.

— Couvre-toi un peu, le vent est frais et il forcira dans les prochaines heures. Lève-toi lentement, tu es restée alitée longtemps, tu dois retrouver l'équilibre et l'énergie. Il te faudra quelques jours de convalescence encore avant de rentrer chez toi.

— Merci, Serena, pour tes soins et ces vêtements. Sincèrement, je préférerais rester ici tout le temps.

— Tu peux venir ici quand tu veux depuis que tu m'as été confiée par Adesha. Tu le sais. Mais ta place est là-bas.

C'était sans appel.

Cependant, dans son Cœur, Serena était en colère. Elle refusait que leur monde soit ainsi foulé aux pieds, leurs vies brisées.