ÇA BOUGE...
Après leur séjour de quasi deux mois à Montségur, Salomon et Martin, sans être devenus des pros du combat, étaient enfin rentrés à Bugarach et se sentaient quand même nettement moins démunis. Le bonus : ils pouvaient commencer à transmettre leurs connaissances aux autres.
***
Un événement précipita la suite : la découverte de traces de présence autour du village des Femmes, discrètes mais pas assez pour échapper aux regards et suffisamment nombreuses pour semer le trouble. Zohra envoya des messagères à Bugarach et à Montségur. Elle réinstaura aussi la règle des débuts : ne jamais circuler seule, toujours par deux.
Les quelques jeunes du clan entreprirent de remonter la piste des pas et découvrirent les restes d'un campement ayant servi à une dizaine de personnes. Quand les messagères arrivèrent à Montségur, les hommes venaient de faire la même découverte autour de leur hameau . On les avait observés sans se faire remarquer. S'ensuivit une réunion des habitants des deux villages.
* * *
— Amis, nous voilà dans une situation laissant penser que des survivants se sont regroupés, sont venus ici et n'ont pas souhaité entrer en contact. Ils sont restés assez longtemps, je dirais deux jours, trois maximum et ils ont donc recueilli des informations sur notre fonctionnement. Ils savent combien nous sommes, nous ont vu aux exercices et ils ont pu se rendre compte que nous ne sommes pas des proies trop faciles.
Guilhem marqua une pause et reprit :
— Donc nous sommes sept, notre village n'est pas défendable sur la durée ou contre un grand nombre. Alors, qu'est-ce qu'on fait ?
— Dans quelques semaines, on abordera l'hiver. Il a peu neigé l'an passé, poursuivit Zohra, mais la Nature montre tous les signes d'un hiver précoce et rude. Resterez-vous dans vos habitations semi fermées, messieurs ?
— L'idée des débuts était de se rabattre sur le village en cas de besoin. Et ces cabanes ne devaient servir que de façon temporaire, le temps de restaurer quelque maisons. Mais tout a été dévasté, brûlé avant notre arrivée et le reste s'est effondré au cours du dernier séisme...
Ce ne fut qu'après le vote positif des habitantes du village d'Amanda que les hommes vinrent s'y établir. Azalée n'y avait pas participé, restant à l'écart de tous, perdue dans sa douleur et sa solitude. Émeline et Zohra avaient pesé sur la décision par leur calme et leur positivité et les deux groupes fusionnèrent donc paisiblement, se mêlant, sans oublier l'idée d'Amanda, maintenant des espaces de vie non mixtes pour qui le désirait.
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