DE GUILHEM, LETTRE À AZALÉE

2 minutes de lecture

Mon enfant chérie, le temps a passé. J'ai maintenant soixante et dix-huit ans. Je suis fatigué et je sens que je vais bientôt partir.
Ça n'a pas été facile, mais nous avons eu la chance de survivre aux événements. Azalée, j'aurais aimé que tout soit plus simple entre nous. Je comprends ta souffrance et tes peurs. Je n'ai, hélas, pas su te rassurer, te consoler. Peut-être que ta mère y serait parvenue, elle... Je me dis souvent qu'elle t'aurait mieux comprise que moi qui ne suis qu'un homme...

J'ai fait mon possible pour que notre groupe continue sur sa lancée. Je souhaite juste que nous vous ne refassiez pas les erreurs de nos aïeux, ni les nôtres.
Nature semble bien décidée à continuer de nous punir, elle a ses raisons, on ne peut pas lui en vouloir.
Il est probable que les éléments se déchaînent de plus en plus, dans les années qui vont suivre. Je ne peux pas te dire comment je l'ai su, c'est plus une intuition qu'autre chose.
Dans la cave, il y a un coffre où j'ai rangé tous les documents que nous avons trouvés au sujet de notre récente Histoire. Ce sont les mémoires de gens ayant vécu les épidémies et jusque maintenant. Il y a aussi des livres importants pour vous aider ensuite. Vous ne repartirez pas de zéro.
Soyez attentifs aux sentiments, intuitions, signes, aux souvenirs, ceux des autres vies qui ont beaucoup à nous apprendre.
Nous faisons partie de cette Terre, comme les mouches, les fleurs... Nous sommes une part d'elle et elle a tout ce dont nous avons besoin, toutes ces créations modernes étaient un leurre pour nous éloigner de l'Essentiel.

C'est l'Amour qui sauvera notre civilisation, j'en suis persuadé. Soyez forts, droits, justes et bons.

Pense à rire ou sourire au moins une fois par jour. Émerveille-toi, c'est bon pour l'esprit. Je vais mourir en paix et sans crainte et j'irai poursuivre mon existence d'une autre façon, ailleurs. On se retrouvera, ma fleurette.
Je t'embrasse tendrement, Azalée.
Ton père qui t'aime.

Guilhem


Ajouté par Azalée :

J'ai trouvé cette lettre trois jours après la mort de mon père. Il est parti juste avant l'hiver. Les tempêtes, la pluie et la neige se succèdent sans nous laisser penser à la possibilité d'un futur quel qu'il soit... Pourtant, il avait confiance dans le destin.

J'aimerais en avoir fini, moi aussi. Ça viendra...

Zohra , je sais que tu trouveras cette lettre, et je veux te dire que je t'ai aimée comme j'ai aimé Amanda. Mais je suis épuisée, vraiment.

Tendresse.

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