JOURNAL DE GUILHEM : ON AURAIT DÛ Y PENSER !
On aurait dû y penser... Bien sûr... On avait quand même un peu vite oublié cette histoire de visiteurs. Heureusement, les entraînements avaient été maintenus.
Mais il y a quelque chose qui fait que nous ne voulons plus des anciens schémas, une aspiration à autre chose, un autre mode de pensée et de vie. Pourtant, il est évident que nous n'en avons pas fini avec la bêtise, la violence et le reste.
J'ai la rage. Si Amanda avait été encore parmi nous, je pense que ce ne serait pas arrivé. Son obsession de la sécurité et son côté intraitable nous auraient sans doute évité ce désastre. Elle doit se retourner dans sa tombe.
L'assaut s'est produit en début de nuit. Ils ont d'abord incendié plusieurs maisons. C'était bien vu, ça a rapidement semé la panique. On s'est battu comme des enragés à la lumière des flammes, au son des cris, des râles et du ronflement du brasier. Impossible de décrire l'événement en détail. Que dire de plus que la peur, la douleur et la mort ? Sous l'effet de surprise et débordés par le nombre, on s'est rapidement éparpillés dans l'obscurité, pendant qu'ils pillaient le village. C'est d'ailleurs ce qui a limité le nombre de victimes.
Résultat : Cinq morts chez nous et des blessés en nombre, dont je fais partie, mais vu les conditions, c'est pas un beau score pour eux. Ils ont laissé quatre hommes sur le carreau, plus un blessé qui est passé de vie à trépas pendant qu'on l'interrogeait. On n'a pas obtenu la moindre information, arrêt cardiaque. Il était trop mal en point, les tripes dehors...
Camille, un de nos jeunes, dans sa fuite, a couru jusqu'à Bugarach pour avertir du danger. Ils ont passé le reste de la nuit en alerte. Heureusement nos assaillants devaient avoir déguerpi.
Séréna-Alboreta et Alba sont venues le matin même, pour prodiguer les soins aux blessés.
Il y a aussi le problème des sentinelles à régler. Elles étaient trop peu nombreuses. On s'est laissé bercer par le calme. Deux sont mortes. La troisième s'était endormie. Là nous allons devoir mettre les choses au point. On ne peut pas laisser passer une erreur aussi grave.
Voilà où on en est arrivés.
À partir de maintenant, je suis chargé de faire le compte rendu des événements pour notre clan, pour Bugarach, pour nos descendants, si on en a un jour... je ne suis pas certain que ce soit une bonne chose. Si tout doit continuer comme avant... ou pire...
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