14h33. Je suis seul. Seul avec ce silence omniprésent. L'éclat des étoiles éclaire la cabine. Si belles, mais si éphémères. À force de les regarder, de les admirer, je ne les vois presque plus. Et puis, qu'importe si leur beauté me fascine, elles sont sans doute déjà mortes à l'heure qu'il est. 14h34. Les secondes filent, disparaissent dans le vide. À peine elles apparaissent que déjà il est temps de repartir. J'aimerais tant pouvoir en faire de même. 14H35. Je souffle, agacé par ce décompte. Mieux vaut ne pas y faire attention et se concentrer sur la route.

Mon œil dérive sur la portion de ciel qui m'entoure. Mais quelle route ? Un sourire amer s'étire sur mes lèvres. Il n'y en a pas. C'est juste moi et ma folie qui imaginons cette traînée blanche entre les étoiles. Et si je la suivais ? Peut-être est-ce la direction à emprunter, les morceaux de pain que je dois suivre pour rentrer à la maison ? Peut-être… Mais est-ce ma destination ? Tout est si confus. Je dérive depuis si longtemps. Je suis… si seul. Malgré tout, de vague souvenirs de fêtes, de sourires, de ma famille émergent de ma mémoire. Ma maison, mon chez moi… Des images de champignons me reviennent en tête. Je soupire, me calant plus profondément dans mon siège. Non, décidément, ce n'est pas ma destination. Elle ne la sera plus jamais.

Les galaxies défilent derrière le hublot. Toutes pareilles, toutes magnifiques. Toutes ce que je n'aurais plus jamais. Oh, une météorite. C'est la première que je vois depuis une éternité. Le voile d'étincelles bleutées dans son sillage… Elle est aussi belle que celles qui ont défiguré ma planète. Mon regard la suit jusqu'à qu'elle fuit loin de mon vaisseau. Quelle dommage. Bref, à quoi je réfléchissais déjà ? À de la nourriture ? Aux étoiles ? Ou à ma solitude ? Je ne m'en souviens plus. Tant pis, je finirais bien par m'en souvenir. Dans ce vide intergalactique avec pour compagnie ma solitude, j'ai tout le temps du monde.