The Queen Lézard #2
Montagne des Alpes martimes, 1889.
Flecher alluma son bâton de feu en faisant signe à ses hommes de ne pas parler. Il avança prudement dans la grotte creusée par leur sueur et, lentement, il regarda autour de lui. La roche était abîmée, et de l'eau s'échappait de certains endroits, sans doute de trous invisibles à cause de la pénombre du lieu.
Il fit signe à ses camarades de se rapprocher de lui, et au moment ou sa main venait d'executer le geste et revenait le long de son corps, un hurlement retenti, encore et encore dans la grotte. Lorsqu'il s'éteint enfin, Flecher était prétrifié sur place.
Ils n'étaient pas seuls.
Un nouveau bruit d'étranglement résonna, puis s'en suivit cette fois des dizaines d'autres. Flecher avança d'un pas, puis de deux, et les alarmes sonnèrent encore plus fort, produisant bientôt des vibrations semblables à celles que produirait cent tronçoneuses en marche.
Les hommes avançèrent à leur tour, tous tremblants de peur. Ce n'était pas les cris qui les affrayaient. Non, c'était le présage de mort qu'ils présentaient.
Chacun voulait revoir sa famille vivant, certes, songea Flecher, mais surtout de l'argent. Et c'était bien ça qui les rentenait à ses côtés ! Le besoin d'or ! Ils n'avaient aucune éducation, et c'était cela qui lui premettaient de gagner sa vie. L'ignorance des paysans.
Un bien triste sort. Mais Flecher en voulait, lui aussi. Il n'avait pas de famille, alors qu'il approchait de la trentaine, ses recherches étaient devenues sa fraterie, sa raison d'être.
To be or not to be, était-ce cela ? Lui était tout ce qu'il n'était pas.
Soudain, un bruissement se fit entendre, juste assez fort pour venir se loger dans les tympans pendant une fraction de seconde, puis plus rien. Plus aucun tremblement. Plus aucun présage. Plus aucun hurlement strident à leur arracher les oreilles.
- Prenez garde, prévint-il ses confrères d'une voix grave. Ce n'est que le début.
Mais à peine eut-il prononcé ces mots qu'un de ses hommes hurla la mort. Il se retourna aussi vite que son équipement le lui permis et se mit à courir en bousculant les autres. Lorsqu'il arriva sur la scène du cri, ce n'était plus un seul homme qui criait. C'était tous les derniers de la file. Leurs cadavres jonchaient au sol, couverts de plaies béantes leur donnant un air de mort vivant.
Il hurla aux derniers vivants de fuir, au moment où une étrange bestiole fondait sur lui en lui arrachant la langue. Une douleur sourde le traversa, comme si un liquide paralysait ses membres. La bête enfonça ses crocs dans le cou du jeune aventuriers, achevant ainsi les battements du coeur de ce dernier.
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