Vie en commun

4 minutes de lecture

La vie en commun reprit son cours. Il fallut ainsi choisir le lieu où Elerinna souhaitait voir sa maison bâtie. Elle ne souhaitait pas vivre au village, mais plutôt rester prêt de son ami, ce qui immédiatement ravi Edwin, lui pourtant si solitaire, heureux de garder sa belle inconnue comme voisine.

Elerinna allait chaque matin se promener sur la plage, pendant qu'Edwin travaillait dans son atelier. Elle se rendait inlassablement au même endroit, un éperon rocheux s'avançant dans la mer. Elle s'asseyait là, et regardait les vagues, sentant les embruns sur son visage, le vent dans ses cheveux. Oui, cet endroit est idéal, ce lieu si apaisant. Pourtant, notre tailleur saurait il faire un miracle, en aménageant ce lieu si sauvage ?

En voyant la lueur dans les yeux de la belle, lorsqu'elle lui raconta avoir trouvé, il ne put refuser cette tâche immense. Il savait quel défi il relevait, mais il n'eut pas la force de lui refuser. Heureusement, il avait le matériau idéal pour réaliser cette tâche titanesque, les pierres de la falaise tombées lors de la dernière tempête, celle où il trouva Elerinna.

Il commença alors ses plans, et débuta les préparatifs, affuta ses outils, et fit ce qu'il faisait de mieux au monde, ce pour quoi il était le meilleur, en y mettant tout son cœur. Il tailla ses pierres, les ajusta, et commença à les transporter jusqu'à la plage avec l'aide de Sture. Lorsque la marée était basse, il pouvait atteindre l'éperon et disposait ses pierres, qui s'ajustaient si parfaitement qu'aucun grain de sable ne parvenait à pénétrer les interstices.

Edwin travailla ainsi jour et nuit, pendant que Elerinna s'occupait de tout le reste, la nourriture physique en préparant les repas, mais aussi spirituelle, en racontant des histoires d'épopées, en chantant les chansons d'amour des troubadours. Le tailleur en trouvait encore plus d'énergie pour parfaire ses assemblages, sous les encouragements tacites de sa belle compagne.

Sture également donnait beaucoup de sa personne, choyé par celle qui était devenue sa maîtresse, qu'il avait senti le jour du Grand Orage. Et elle le lui rendait bien, le bouchonnant quand il revenait trempé de sueur, lui donnant du grain frais.

Un jour, l'âne revint en courant à la maison, hennissant tant et plus pour attirer l'attention d'Elerinna. Celle-ci comprit immédiatement qu'un malheur était arrivé, et se précipita sur la plage, manquant de tomber sur le chemin descendant de la falaise, suivie de près par la bête inquiète. Elle trouva Edwin allongé au sol, sous un bloc de pierre, qui avait dû tomber et l'écraser. Avec l'aide de Sture, elle le porta jusqu'à la maison et l'allongea dans le lit.

La blessure était grave, plusieurs côtes cassées, et surtout le jeune homme restait inconscient. Elerinna commença à utiliser tous ses talents. Elle déshabilla entièrement le blessé, puis le palpa, posa ses mains sur toutes les parties de son corps, même les plus intimes, à la recherche d'un point particulier, d'un indice, pour le rappeler à elle. A force de murmure dans ses oreilles, d'inquiétude, de doutes, de larmes versées devant le manque de réaction, elle finit par trouver. Posant les mains pour encadrer le visage du malheureux, elle approcha ses lèvres de son front, murmura un enchantement, puis déposa un doux baiser avant de l'embrasser.

Le corps tressailli, le jeune homme frémit, gémit, cria de douleur. Alors la soigneuse utilisa un autre charme pour l'endormir, afin qu'il puisse se reposer et se remettre sur pied sans souffrir. Elle réalisa alors les mêmes gestes tendres que ceux qu'Edwin lui avait administré, lui faisant avaler du bouillon pour le nourrir.

Chaque jour, elle le palpait, dans les moindres recoins, afin de trouver comment extraire le mal, l'embrassait encore et encore pour aspirer toute douleur. Chaque nuit, elle s'allongeait contre lui, afin de le surveiller, d'être prête, de guetter la moindre de ses réactions.

Un jour, lors de ces palpations, le corps du tailleur réagit beaucoup plus naturellement. En serrant ses attributs dans ses mains, elle sentit la chair grossir et s'allonger. Se pourrait-il qu'elle ait touché du doigt la solution ? Il fallut alors aller jusqu'au bout pour s'assurer que c'était bien le cas.
Elle se donna alors corps et âme dans se massage, allant et venant sur toute sa longueur, l'embrassant à qui mieux mieux, aspirant tout ce qu'elle pouvait aspirer pour en extraire la sève qui, elle l'espérait, évacuerait toute la blessure.
Une chaleur intense envahit son bas-ventre. Une vibration, une sorte de frottement dans son intimité, qui lui donnait envie de continuer jusqu'au bout,de s'abandonner à cette mission, pour le bien de son ami mais aussi pour son propre bien.
Lorsque le corps du malade se tendit, dans un râle intense, elle sut qu'elle avait raison, elle avait trouvé. Elle garda alors l'extrémité en bouche afin d'y garder tout ce qui en sortirait, d'avaler tout ce qui faisait souffrir son ami, jusqu'à ce que le corps épuisé se love dans le lit sous ses caresses apaisantes.

Le lendemain matin, en se réveillant, elle se rendit compte qu'il l'avait pris dans ses bras. Il dormait paisiblement. Elle patienta ainsi, rassurée. Elle put enfin dormir profondément, jusqu'à ce qu'Edwin émerge de son sommeil.

Après quelques jours de convalescence, la vit reprit de nouveau son cours. Edwin relança la construction, sous l'œil inquiet d'Elerinna, qui ne voulait pas perdre son ami à cause d'un rêve insensé d'avoir sa maison sur l'éperon de la plage.

Les deux continuaient à dormir ensemble, dans le même lit. Non pas par plaisir de dormir ensemble, dit Elerinna, mais pour s'assurer qu'Edwin était parfaitement rétabli, dans la plus pure hypothèse où il ferait une rechute. Fallait-il continuer le remède salvateur ? Non, pas besoin, du moins pas chaque nuit. Uniquement au cas par cas, après une auscultation détaillée.

Tout visiteur y aurait vu un couple vivant en harmonie.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Lancelot_WK ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0