La Petite Mort
J'écris sur ton minois
Sur tes courbes mutines
À l'encre de mes doigts
En prose volubile
Tout ton corps devient muse
Et ma langue s'exprime
Je peux lire sur tes lèvres
Glossées à la cyprine
Les promesses d'un monde
Qui soudain se dessine
Dans le creux de la nuit
À ta lune qui brille
Et j'en bois le silence
Jusqu'en devenir ivre
Je suis bateau d'Arthur
Glissant à la dérive
J'oublie sous tes longs cils
Les fleuves impassibles
Les lucioles dorées
Les illusions dociles
Je repense à dehors
J'n'en peux plus de languir
Je veux rentrer chez toi
Pour y voir les saphirs
De ton âme coquette
Scintiller en ton être
Je serai ton chasseur
Tu seras ma levrette
J'arroserai les fleurs
De ta flore secrète
Enivré des odeurs
Que ton bouquet sécrète
Doucement tu écartes
Les portes de l'Alhambra
Tu es château de cartes
Et moi cheval de Troie
En guise de préambule
Comme une ardeur exquise
Ta cavité qui brûle
Canicule sur Pise
Étreins dans le terrain
Du détroit de tes reins
Quelques va mal habiles
Et quelques viens soudain
Ton bassin qui crépite
Et tes seins vers les saints
Tu sens bien que m'habite
L'antre de ton essaim
Je darde à l'aveuglette
Dans ta taille de guêpe
Doucement se résignent
Tes plates bandelettes
Je prends ça comme un signe
Un avis de tempête
Quand ta pierre opaline
Fait trembler ta silhouette
Tu gémis et je germe
Émergent les émules
D'une inconscience brève
Terrassant les pendules
Il est là le vrai sens
De la vie c'est certain
Quand mon moi même en transe
Se meut blanc dans le tien
Je ne réponds de rien
Je répands du plaisir
Tu me le rends si bien
Que le bien se déchire
Et j'abats la violence
Que je gardais en moi
Tu n'es plus que pitence
Et tu sembles aimer ça
Te prend par les cheveux
Te surprend par derrière
Tu me cries que t'en veux
Jusqu'au fond des artères
J'ai perdu la notion
Éperdu d'émotions
Plie sous l'excitation
De ton aura lunaire
Je suis si dur ma belle
Que claque ton squelette
Je voudrais que ça dure
Ce jusqu'à bel urètre
Et sans arrêt je trompe
Que Claquent tes fallope
Englouti par le rhombe
Calice philanthrope
C'est tout l'air qui nous manque
Toute l'eau sur nos corps
Épris dans la tourmente
Qui déchire le décor
Et je me vois partir
Tu vas pas rester là
Moi je veux pouvoir jouir
Des mêmes affres que toi
Car je daigne à mourir
Si tu es religieuse
Car tes beaux yeux ne mentent
Car ton appétit creuse
Et mon dos tu lacère
Et ma douve le sens
Pour que coule la sève
Pour que coule le sang
C'en est trop, je résiste
Mais le barrage craque
Je sens venir le temps
Des blanches cataractes
Te supplie de venir
Pour que tremble la terre
Me supplie de tenir
Quelques secondes en l'air
Je peins sur les cloisons
Du fond de ton vagin
Des instinctives fresques
De primitifs dessins
Mon cœur me roue de coups
Je me sens trépasser
M'égosille sur ton cou
Des relents d'AVC
Tu inspires et aspires
Ce qu'il reste de Moi
Je me fige et expire
Sur tes cheveux de soie
Les lueurs dans tes yeux
Font flamber les reflets
Du monotone monde
Où nous sommes enfermés
Tu m'embarques au-delà
Sur ton radeau déchu
Serais ce là le stix
D'agonie dépourvu
Plus de crainte à avoir
Dans les abysses nus
Glissons sans se mouvoir
Entre champs de ciguë
Soufflons des traces hurlantes
De nos ipséités
Avalons les secondes
Remplies d'éternité
Ne revenons jamais
Que pour recommencer
Faire de tes bas nylons
Portes de la perception
J'entrevois nos reliques
Flottant dans le décor
Faire pâlir le tragique
Dans un silence d'or
C'est la poudre magique
Sans dealer ni dolor
C'est le seul vrai trésor
C'est la petite mort.
Annotations