Promenade sur les remparts

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Domenico Scribus a été convié dans cette ville de Beaune par le Seigneur afin d’aider sa fille accusée de sorcellerie. Il a réussi à lui parler et a commencé à mener son enquête. Cependant, il n’a pour l’instant aucune idée de ce qu’il va bien pouvoir faire pour la sauver du bûcher… Non seulement, elle est rousse, mais en plus, elle s’exprime en vers ! Rien de tel pour se faire accuser de sorcellerie ! Surtout quand on rajoute à cela qu’elle a fait s’écrouler un pont…

Ne sachant comment faire pour la sauver, et n’ayant rien de prévu avant le procès qui se déroule le lendemain, Domenico part se promener en ville. Souvent, ses idées les plus brillantes lui viennent quand il erre sans but, se laissant guider sur les chemins et les routes au hasard de ses envies.

Il s’éloigne donc du pont qui se trouve à l’entrée de la ville et débute sa flânerie par un tour sur les remparts. Il montre au garde à l’entrée de la tour le document préparé par le Seigneur pour lui laisser accès à tout son domaine. Celui-ci utilise une grosse clé en fer forgé pour ouvrir la lourde porte donnant sur des escaliers en pierre que Domenico emprunte d’un pas léger. Il arrive ainsi au sommet d’une des tours défensives de la ville d’où il peut apercevoir l’ensemble de la cité.

Il s’arrête un instant afin d’admirer la vue. Le soleil n’est plus au zénith mais il reste encore quelques heures de lumière avant la tombée de la nuit. L’astre se reflète sur les toits de chaume des masures de la ville. Il aperçoit les toits en tuiles de la chapelle du couvent St Martin un peu plus loin. De là où il est, il perçoit l’animation qui règne en cette fin de journée. Il entend un bruit confus sans pouvoir distinguer qui dit quoi. La normalité de ce quotidien le remplit de sérénité.

Il prend le chemin de ronde qui est étrangement très large. On dirait une petite rue qui chemine tout autour de la ville. Il éprouve une véritable admiration pour les personnes qui ont réfléchi à la construction de cet édifice défensif qui semble pouvoir résister à n’importe quel assaut.

Il se dirige vers le côté de la ville où il pourra avoir une vue sur le pont effondré. S’il n’a pas réussi à comprendre la raison de son effondrement par-dessous, peut-être que prendre de la hauteur l’aidera dans sa réflexion ?

Tout en marchant, il laisse ses pensées vagabonder. Il pense bien entendu à la femme accusée de sorcellerie qu’il va devoir défendre. Quelle idée elle a de parler en vers ! Cela ne lui facilite pas vraiment la tâche. Le bruit de ses bottes sur les pavés rythme ses pensées qu’il essaie d’ordonner afin de trouver le moyen de convaincre le tribunal ecclésiastique de l’innocence de la rousse. Ses yeux glissent sur les murs en torchis de la ville pendant sa promenade. C’est fou comme cela lui fait du bien de marcher. Il réfléchit mieux en avançant, comme si le fait de mettre un pied devant l’autre l’aidait à mettre une idée derrière l’autre.

Un cri retentit au loin, sortant Domenico de ses pensées. Il regarde ce qu’il se passe et ce qui a créé la commotion sur « la Halle de Monsieur le Duc », nom donné à la place principale de la ville. Il aperçoit au loin une grosse charrette remplie de tonneaux qu’un gros costaud un peu rougeaud décharge afin de les transporter dans une taverne. Un des tonneaux s’est renversé et c’est le charretier qui a juré en craignant pour sa marchandise. Domenico se demande comment les deux bœufs qui tirent la charrette ont réussi à ramener une telle charge en ville. Même à la distance où il est, il voit la difficulté avec laquelle les tonneaux sont déplacés.

L’enquêteur romain reprend sa petite promenade sur les remparts, ses idées tournant autour des tonneaux de vin qui font la prospérité de la ville. Il espère d’ailleurs pouvoir en profiter un peu ce soir, pendant le souper, même s’il se doute que son hôte n’aura pas forcément l’envie de faire la fête, sachant sa fille enfermée en prison.

Arrivé à l’angle sud des remparts, Domenico s’approche du parapet et observe le pont et l’ampleur de la destruction. Il est à moitié effondré. Toute la partie de l’autre côté de la rivière est dans l’eau. Des gros rochers tombés de l’édifice se retrouvent au milieu du torrent, créant des remous dans le courant. Des branches et des morceaux de bois jonchent le lit de la rivière. Il va en falloir du temps pour tout reconstruire ! Mais même à cette hauteur, l’Italien ne voit pas ce qu’il pourrait trouver pour sauver la jeune rousse…

Alors qu’il va reprendre sa petite balade pour retourner au château où le seigneur doit l’attendre, il voit une autre charrette arriver, remplie elle aussi de lourds tonneaux. Elle s’arrête devant le pont avant de faire demi-tour pour se diriger vers une autre entrée de la ville.

Le soleil qui se couche au loin dégage une lumière orangée sur la scène sous ses yeux. Les bœufs tirent la charrette de tonneaux de vin vers un autre pont. Lui reste là encore quelques minutes, le regard perdu à l’infini, ravi d’avoir pu profiter de sa petite flânerie pour réfléchir au procès du lendemain.

Domenico regarde la scène, pensif et profite de la sérénité du moment pour laisser germer dans sa tête l’idée qu’il vient d’avoir pour la défense de la jeune femme. Il le sait, il le sent, la solution est là sous ses yeux. Il espère que la fin de sa promenade l’aidera à mettre le doigt sur ce qu’il a entrevu du haut des remparts.

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