Exam de Physique Chimie...
J'abandonne je pige que dalle... Pff, il me reste combien de temps là ? 35 minutes ? Mais qu'est ce que je vais bien pouvoir faire ?
Je relis une dernière fois les questions ainsi que mes vagues réponses griffonées. Je soupire en relevant la tête. Les yeux rivés au plafond, je me balance sur ma chaise. Carole va encore m'engueuler pour cette mauvaise note. Je compte onze boulettes de papier maché et six cartouches d'encre. Le plafond n'est pas très intéressant et les dos voutés de mes camarades non plus. La surveillante me fusille du regard, les quatres pieds de ma chaise gagnent aussitôt le sol. Madame Hay m'observe encore, les yeux presques clos. Pour la énième fois, je fixe la feuille à grands carreaux et le sujet du devoir.
Quelqu'un éternue dans les premiers rangs et l'attention n'est plus sur moi alors je saisis un crayon, prête à écrire sur la table brune. Je sais que ce n'est pas bien et que c'est un interdit mais au vu des nombreux "si tu te fais chier fait une croix" et autres "si... fais une croix" ainsi que des numéros de téléphone parfois accompagnés de dessins obscènes, je ne serais pas la première. Dicrètement, j'esquisse un oeil droit, le gauche est toujours mal fait. Je crayonne le reste du côté droit du visage, vérifiant que l'on ne me voit pas. Ayant fini, j'agite mon stylo entre mes doigts et m'avachis sur ma chaise grinçante. Je baille, qu'est ce que je m'ennuie ! Je croise les bras sur ma table et tourne la tête vers le sol, pour observer les rangées. Les allées sont remplies d'épluchures de crayon de couleur, des morceaux de gommes et de papier, ainsi que boulettes et traces d'encre.
Je souffle, c'est dommage de ne pas être à côté d'une fenêtre. A ma gauche je vois Quentin. Lui aussi est concentré, en train d'écrire vite. Je regarde sa nuque et ses cheveux noir, coupés ras, me donnent envie de passer ma main dedans. C'est la nuque la plus captivante que j'aie vue de ma vie. Peut être parce que je l'aime... Je fronce les sourcils, ravalant mes larmes, en repensant au râteau qu'il m'a mis, et me dit qu'il faut que je passe à autre chose. C'est bête, je nous voyais déjà dans un appartement classe avec peut être, un ou deux enfants. Il était dans mes rêves aussi, mais je ne m'étallerais pas dessus. A la cantine, quand je l'observais, j'avais l'impression d'être à côté de lui, à rire avec lui. Louise me charriait beaucoup lorsque je faisais ça. Elle me donnait un coup de coude et me disait en riant : "Hé fais gaffe, tu baves !". C'est un mec génial pourtant, et j'ai vérifié, il est hétéro. Quoique... il est peut être gay mais il n'ose pas le dire ? Une injustice de plus dans ma vie. A chaque fois que je suis proche d'un garçon et que je l'aime, j'apprend qu'il n'aime pas les filles. A croire que je suis maudite, enfin ça n'a été le cas que pour deux personnes et ça ne m'étonnerait pas que ce soit pareil avec Quentin. Ou alors il est déjà en couple avec une fille en secret. Humm, théorie intéressante.
Je cherche dans ma mémoire les instants où il a pu en parler, mais rien. Pas non plus pour d'éventuelles allusions aux garçons. Je passe en revue ses amis, mais rien ne me vient à l'esprit. Ou, il est peut être assexuel ? C'est possible aussi...
Un bruit strident m'interromps dans mes réflèxions. La sonnerie. Quoi ? C'est déjà fini ? Je jette un regard vers Quentin, et lui aussi me regarde. J'aimerais que son regard soit tendre pour moi. J'espère ne pas avoir parlé à voix haute. Non, c'est bon, une fausse frayeur. Imagine t-il qu'il vient de me faire passer plus de vingt minutes à penser à lui ? Non, évidemment. Je vais aller le remercier, même s'il ne comprend pas. Les plus courtes vingts minutes de ma vie, bravo, je ne pensais pas que c'était possible lors d'un devoir surveillé.
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