La chambre 122
La nuit était tombée sur l’établissement silencieux. Deux ombres se glissèrent par la fenêtre laissée ouverte par le mari. Arrivés dans le couloir, ils montèrent au premier étage et entrèrent dans la chambre 122. Tout était sombre, pas un bruit ne venait troubler le silence. La dame était allongée dans son lit, endormie. Du moins le semblait-il car quand ils approchèrent, elle ouvrit les yeux et se leva. Elle alluma la lumière et commença à s’habiller. La dame était petite et menue, elle avait été belle. Quand elle les remarqua enfin, elle sourit, comme s’il n’y avait rien d’étrange à ce que deux inconnus se trouvent dans sa chambre en pleine nuit. Clarisse lui rendit son sourire.
- Bonjour Madame, nous sommes les infirmiers, nous venons vous administrer vos médicaments.
- Ah oui ! Je vous attendais. Vous êtes en retard, mon mari est déjà parti travailler. Ahlala ! Enfin ce n’est pas grave, vous resterez bien pour dîner ?
- Non, hélas nous sommes pressés. Je vais vous demander de vous allonger sur votre lit et de remonter votre manche.
La vieille dame obéit docilement. Franck d’un geste professionnel sortit la seringue.
- Avant que vous partiez, je voulais vous remercier. Vous ne savez pas à quel point votre travail est important pour une vieille femme comme moi.
Elle leur sourit et ferma les yeux. Elle n’eut pas un sursaut.
Ils sortirent de la chambre sans se rendre compte que l’heure de la ronde de nuit était arrivée. Ils se retrouvèrent nez à nez avec l’infirmière de garde.
- Mais qu’est ce que vous faites là ? Qui êtes vous ? S’écria t-elle
Ils s’enfuirent sans se retourner, repassèrent par la fenêtre et foncèrent à leur voiture. Heureusement pour eux, l’infirmière avait dû s’arrêter car un des résidents était sorti pile à ce moment-là, lui bloquant le passage. Attendant le départ du duo pour aller dire adieu à sa femme, le mari avait entendu le cri de l’infirmière. Il avait regardé par l’entrebâillement de la porte, attendu qu’ils passent et avait intercepté l’infirmière.
Franck démarra la voiture et ils partirent les feux éteints. Aucun d’eux ne dit un mot jusqu’à ce que Franck finisse par se garer sur le bas-côté quelques kilomètres plus loin.
- Merde c’est pas passé loin…
- C’est pour cela que je ne voulais pas qu’on le fasse ! Et si elle nous a reconnu, on fait comment ?! Bordel ! Explosa Clarisse, le visage tout rouge, les yeux brillants prête à fondre en larme.
- C’est l’heure du plan B.
Clarisse le regarda sans comprendre. Franck redémarra la voiture et ils disparurent dans la nuit.
La police fut prévenue. Il y eut une enquête à la résidence. L’infirmière qui les avaient poursuivis, trop perturbée par la situation n’avait pas réussi à donner une description très précise des deux individus. Le mari ne dénonça ni Franck ni Clarisse ni leur boss. Ils n’avaient rien volé et personne ne pouvait affirmer avec certitude qu’ils étaient responsables de la mort de la vieille dame. L’enquête fut vite classée. La boss ne les revit jamais. Elle expliqua à qui voulait l’entendre qu’ils avaient dû déménager pour le travail.
La mer des caraïbes se reflétait dans les lunettes de soleil de la jeune femme. Se levant paresseusement de sa chaise longue, elle s’adressa à l’homme à ses côtés:
- Ça fait un bail que je n’ai pas mangé un vrai ragoût de mouton.
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