11. Lapis - Lazuli
Le lapis-lazuli serait le symbole d’une personnalité forte qui diffuse autour d’elle beaucoup de tendresse et de bienveillance. Cette pierre fine favoriserait l’introspection.
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— Vous m'enverrez un plan de votre Travail Personnel Encadré avant la fin de vos congés ! Aucune excuse ne sera tolérée ! s'exclame la professeur en agitant un doigt menaçant. Nous vous communiquerons la liste des groupes par mail. Et sur ce, je vous souhaite de bonnes vacances ! On se retrouve en novembre !
La voix de l'adulte réveille Léana de sa rêverie quotidienne. Plus les jours passent, plus sa fatigue s’intensifie. Pas d’inquiétude. Même après sept mois sans entrainement, elle peut encore tenir. Elle a encore du temps. Un mois ou deux si son corps continue de se battre. Cela suffira largement pour qu’elle prenne une décision à propos de son avenir. Du moins, je l’espère.
Elle range ses affaires pendant que la majeure partie de ses camarades se précipite vers la sortie. Notamment Kaïs qui a déjà filé. Elle soupire, ne pouvant s’empêcher d’espérer qu’il l’attende devant la classe comme il le faisait auparavant. Tu parles. Il a mieux à faire que de patienter pour l’escargot démotivé que tu es. Ses yeux gris se plissent et elle ronchonne à voix basse qu’elle aurait préféré se décrire comme un bel étalon plutôt qu’un mollusque baveux.
Quelques jours ont passé depuis le soir où Iris a soigné Micah. Est-ce qu’il s'est rétabli ? Léana n’en a aucune idée. Elle n'a pas eu l’occasion de revoir le jeune homme aux yeux cobalt. D’ailleurs, Kaïs ne lui a pas adressé la parole depuis cette nuit-là. Se dire que rien de tout cela ne la dérange serait mentir. Pourquoi ? Léana secoue la tête. Comme toutes les autres interrogations auxquelles son inconscient la confronte, elle ignore cette question. Elle veut rester concentrée sur les choses qui la rendent heureuse. Ses Maîtrises, ses familiers. Le reste est accessoire. Le reste, elle pourra le régler lorsqu’elle… en aura la force.
Une fois sortie de la classe, elle se fraye un chemin parmi ses camarades jusqu’à déboucher dans la cour où elle peut enfin reprendre son souffle. Léana un, Anxiété zéro. Son faucon d’Air, bien tranquille à planer au-dessus d’elle, la toise en caquetant moqueusement. Elle plisse les yeux d’un air mauvais. Je suis bien contente que ma mauvaise foi te fasse ricaner, espèce de piaf à la noix !
Ses pas l’emportent jusqu’au portail où elle pose son sac pour détacher sa planche à roulettes. Un rire mélodieux attire involontairement son attention. Elle tourne machinalement la tête. Micah marche en s'esclaffant aux côtés de Kaïs qui affiche son habituel air bougon. Pourtant, cette fois-ci, un léger sourire tend les lèvres du blond. Léana baisse les yeux sur sa planche ; un éclair de douleur lui transperce la poitrine. Elle les entend la dépasser et, pendant un instant, elle se surprend à vouloir qu’ils lui adressent la parole. Stoooop. On avait dit : se concentrer sur les choses qui te rendent heureuse. Tu n’as besoin de personne et personne n’a besoin de toi.
Elle prend quelques secondes de plus pour défaire sa longboard de son sac avant de s’élancer dans la rue. Histoire de leur laisser un peu d’avance. Ses yeux dérivent vers le chemin de la maison d'Iris mais elle se reprend immédiatement. Elle n’a pas besoin de savoir que Micah est toujours là ou que son ami d’enfance a décidé de tourner la page sur elle.
Direction le lac.
Je crois que c’est ça dont j’ai besoin.
Lorsque Léana reprend le chemin de la maison de ses parents, elle est exténuée. Ces quelques heures au lac en compagnie de ses familiers lui ont permis de retrouver un peu de sérénité. Elle ouvre la porte de la bâtisse en soupirant. Comme d’habitude, aucune présence rassurante ne l’accueille. Les murs dénués de photos, la tapisserie vieillotte, l’absence de décoration…rien n’est personnel ou exceptionnel. C'est à se demander si ses parents ont véritablement habité ici. À quoi aurait ressemblé son enfance si elle n’avait pas été confiée à Iris ? À pas grand-chose.
Léana ne considère pas avoir connu ses parents. Plétore de nounous se sont occupées d'elle jusqu’à ce qu’Iris prenne sa retraite dans les environs. Ses parents ont dû y voir une opportunité car, après avoir vu que leur petite se plaisait dans la maison de l’ex-professeure, leurs retours du Continent s’étaient faits encore plus rares. Puis, la veille de ses sept ans, ils l’avaient comme à leur habitude déposée chez Iris. Un an plus tard, Léana avait compris qu’ils l’avaient abandonnée.
Elle jette son sac de cours au pied de l’escalier avant de se diriger vers la cuisine. Elle aurait pu leur en vouloir. Elle aurait pu se mettre à leur recherche afin de leur faire comprendre qu’ils étaient probablement la source de nombre de ses angoisses. Mais quelle perte d’énergie pour des personnes qui n’étaient visiblement pas prêtes pour elle ! Elle a trouvé une mère en Iris et c'est tout ce qui compte.
Elle cherche dans les placards de quoi se rassasier mais les plats à réchauffer au micro-onde ne lui font pas envie. Mouais. Elle ferme son frigo en grimaçant. Un coup d’œil à sa montre lui indique qu’il est trop tard pour aller au supermarché. Super, c’est vraiment mon jour. Elle expire avec frustration avant de sortir en trombe de la maison. Alors qu’elle râle dans sa barbe, ses pas la conduisent devant la pizzeria de son enfance.
Elle inspire difficilement quand elle reconnaît l’enseigne. Kaïs et elle y sont venus tellement souvent. Le gérant, pris d’affection pour eux, avait fini par leur offrir quelques repas et voir son visage rayonnant à la fin de l’entraînement hebdomadaire n’avait été qu’une motivation de plus pour les deux enfants. Parcourant le menu, Léana sourit tristement en voyant que la pizza extra piquante créée spécialement pour Kaïs se trouve toujours sur le dépliant.
— Quelque chose te fait envie, jeune fille ?
Un des employés se penche vers elle pour prendre sa commande. Sans réfléchir, Léana bégaye le nom de sa pizza favorite. L’adulte lui sourit et lui demande si elle prendra autre chose. Elle pince les lèvres, l’odeur nostalgique la prenant à la gorge. Puis elle acquiesce timidement.
Une fois qu’elle a déposé la pizza sur le pas de la porte, Léana sonne et s’empresse de détaler derrière les buissons de la maison d’à côté. Elle a à peine le temps de reprendre son souffle - fichu manque d’entrainement - que le battant s’ouvre brutalement.
— QUOI ?
La voix agressive de Kaïs résonne dans l’obscurité, faisant tressaillir la jeune femme. Pour la politesse, on repassera. Cachée derrière la haie du jardin, elle se penche et espionne discrètement l’entrée de la maison d’Iris. Les sourcils froncés, le blond s’accroupit et ouvre le carton. Le ventre de Léana se serre lorsqu’elle le regarde déplier sa lettre. Le papier est un peu tâché par le gras de la pizza. Des excuses mélangées à de la sauce piquante. Génial.
Elle se mord la lèvre. Elle vient de lui donner de l’or pour qu’il se moque à vie d’elle. On s’en fiche ! Ce qui compte, c’est qu’il lise que tu n’aurais jamais dû sacrifier votre amitié pour un pauvre type comme l’Autre.
Après un moment, un petit rictus se forme sur les lèvres de Kaïs. Il se relève et Léana s’enfonce un peu plus dans la haie pour éviter de se faire repérer. Il scanne la nuit de son regard pourpre, se saisit de la pizza puis murmure « Idiote » avant de claquer la porte derrière lui.
Léana sourit alors qu’une douce chaleur se répand dans son corps. Kaïs… Merci d’être aussi expressif. Ses doigts se serrent sur sa propre pizza et elle file chez elle, espérant que son repas soit encore chaud quand elle arrivera.
Une fois son appétit rassasié, Léana s’écroule sur son lit avec un soupir de contentement. Elle tend sa main pour attraper son livre sur sa table de chevet quand une vibration secoue son sweat-shirt. Elle fronce les sourcils et sort son portable.
Prédateur explosif : a envoyé une photo
Elle sourit devant l’image du carton de pizza vide. Elle n’a pas l’intention d’ajouter quoi que ce soit quand soudain, un autre message s’affiche.
Prédateur explosif : Crème givrée veut savoir comment tu vas. Dis-lui toi-même.
Prédateur explosif a partagé le contact de Micah Théso
Léana ouvre de grands yeux surpris quand le numéro de Micah apparaît sur l’écran. Elle hésite, son pouce surplombant la vitre de son portable. Qu’est-ce que je pourrais bien lui dire ? Elle secoue la tête et laisse tomber l’appareil sur sa couette. Elle reprend la lecture de son livre, zyeutant distraitement son téléphone. Puis, agacée par son manque de concentration, elle finit par attraper l'appareil appuyer sur le numéro et une page s’ouvre sur une nouvelle conversation.
OoO
Micah referme le placard à pharmacie en grimaçant. Son père n’y est pas allé de main morte ; ces vacances vont permettre de cacher son fils aux yeux du monde. Il regarde en soupirant les traces de brûlure sur son corps et y applique de la glace qu’il n’a plus la force de créer.
L’héritage de son père pèse lourd sur ses épaules, tout comme le poids des espérances de ce dernier. Il refoule un gémissement de douleur quand il commet l’erreur de toucher sa peau brulée. Il lève la tête vers le plafond de sa salle de bain et une larme roule sur sa joue.
Soudain son portable vibre sur sa table de nuit. Sûrement un message de Kaïs. Micah titube jusqu’à son lit avant de s’y effondrer. Il prend son téléphone et consulte ses notifications. L’une d’elles attire son attention, son cœur s’accélérant soudain.
Numéro inconnu : Hey… C’est Léana. Je vais bien. J’espère que toi aussi.
OoO
Kaïs Bayram a changé Micah Théso en Banquise fumeuse.
Banquise fumeuse : J’ai un prénom
Kaïs Bayram : M’en fous.
Banquise fumeuse a changé Kaïs Bayram en Malpoli éruptif
Banquise fumeuse : Tiens. Ça te correspond parfaitement
Malpoli éruptif : Va chier
Banquise fumeuse : :)
Banquise fumeuse : Tu as l’air d’excellente humeur
Banquise fumeuse : …
Banquise fumeuse : C’était une blague
Banquise fumeuse : …
Banquise fumeuse : Qu’est ce qui ne va pas ?
Banquise fumeuse : ?
Banquise fumeuse : ?
Banquise fumeuse : ?
Malpoli éruptif : T’as fini putain ?
Banquise fumeuse : T’es encore plus ronchon que d’habitude. C’est suspect. Est-ce que c’est par rapport à Léana ?
Banquise fumeuse : Tu aurais dû lui dire quelque chose en sortant du lycée.
Malpoli éruptif : Non
Banquise fumeuse : Si
Malpoli éruptif : Non
Banquise fumeuse : Si. Tu t’inquiètes pour elle, avoue-le.
Banquise fumeuse : Et elle s’inquiète sûrement pour toi.
Malpoli éruptif : T’en sais que dalle, tronche de givre. Pourquoi t’as rien dit alors ?
Banquise fumeuse : Parce que moi c’est différent.
Malpoli éruptif : Bullshit.
Banquise fumeuse : Gné.
Banquise fumeuse : Elle t’a dit quelque chose depuis la dernière fois ?
Banquise fumeuse : Tu sais comment elle va ?
Banquise fumeuse : Elle n’avait pas l’air bien quand on l’a vue.
Banquise fumeuse : …
Banquise fumeuse : Mon père est rentré. Je dois te laisser.
Banquise fumeuse : À demain.
Malpoli éruptif : À demain, crème glacée.
Malpoli éruptif a partagé le contact de Banquise fumeuse à Brocoli roux.
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